Édition internationale

QIN FENG - Un artiste de la sinitude

Retour en page d'accueil - Découvrez nos autres articles

La Galerie du Monde présente jusqu'au 6 octobre les dernières toiles de Qin Feng. D'origine chinoise, ce peintre installé aux Etats-Unis se démarque sur la scène de l'art contemporain chinois en rompant d'un côté avec la tradition classique et de l'autre avec le Réal Socialisme et ses avatars figuratifs en vogue depuis les années 1980.

La calligraphie sur la voie de l'abstraction

Depuis près de quarante ans Qin Feng (né en 1961) se consacre à une réflexion sur les possibilités de l'encre. Il s'appuie sur son éducation académique, dont il retient la fluidité du trait et la vigueur physique du corps qui se projette dans le pinceau, pour mieux s'affranchir des conventions de la peinture chinoise.

Desire Scenery, Quin Feng, 2009

Déplaçant la tradition dans le contexte de la création contemporaine, Qin Feng tire la pratique de l'encre vers l'abstraction. Il transpose les traits fluides de la calligraphie sur des formats monumentaux, tout en conservant l'infinitude du fond typiquement chinoise. Plus que la ligne c'est l'espace entre les traits qui l'intéresse, l'équilibre entre les pleins et les vides, entre l'encre et le fond. Il se défait des sources littéraires traditionnelles, renonce aux genres classiques (le paysage, la botanique ou les bestiaires animaliers par exemple) pour ne conserver que le trait devenu abstrait. La calligraphie n'est plus qu'un élément d'une structure plus large.

Le trait au service d'une méditation sur le souffle de la vie

Dans l'écriture idéographique de Quin Feng, les caractères deviennent de simples motifs. L'artiste crée un langage puissant et personnel dans lequel le trait - qui renvoie à la vie - et le cercle - qui renvoie au néant qui prélude au changement - tiennent une place cruciale. Subvertissant les codes, il dilue l'encre dans du thé, du café, du propène ou de l'acrylique, remplace le noir par du rouge, entaille la surface de la toile.

Ses compositions expressives associent à la puissance du geste une écriture lyrique qui renforce leur vitalité visuelle. Les

traits qu'il fait danser sur la toile servent une investigation du mouvement de l'univers et une réflexion sur la nature humaine. L'artiste s'intéresse en effet  à l'harmonie entre l'homme et la nature, une harmonie souvent précaire, faite de conflits et de contradictions. Via l'encre qui fonctionne comme un vecteur du sens de l'existence humaine, il invite le spectateur à poursuivre ses interrogations.

Desire Scenery N°.0608, Quin Feng, 2010

Rupture et continuité: vers une nouvelle identité de la tradition picturale chinoise

Bien qu'il s'affranchisse des conventions de la peinture chinoise, Qui Feng conserve un sens de la continuité. C'est l'expressionnisme abstrait, allemand puis américain, qui l'entraine sur la voie de l'abstraction. Frappé par les affinités entre l'encre et la pratique moderniste occidentale - la spontanéité du geste, sa physicalité, l'intensité de la couleur - il tire de ces similitudes entre Est et Ouest une nouvelle pratique de l'encre, rompt avec la représentation pour se concentrer sur les sensations. Mais plutôt que d'en finir avec la tradition chinoise de la peinture à l'encre, Qin Feng choisit de l'ouvrir, de revisiter son héritage pour mieux se poser la question du développement contemporain de la Chine.

Laure Phelip (www.lepetitjournal.com/hongkong/) vendredi 26 septembre 2014

Infos pratiques :

Exposition QIN FENG
Du 12 septembre au 6 octobre 2014
Galerie du Monde
108 Ruttonjee Center, 11 Duddell Street, Central
Du lundi au samedi de 10H à 19H
Fermé le dimanche
http://www.galeriedumonde.com/artist/CurrentExhibition/page1/
Élections à Hong Kong : le choix draconien

 

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.