PUB – Les Français zappent

Répétitifs, ennuyeux, voire même stigmatisants, les messages publicitaires n'ont plus la cote. Les Français n'y prêtent d'ailleurs même plus attention. Seule solution pour séduire les consommateurs blasés : user de créativité

"Tu peux te brosser, Martine", ou encore "La marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu", ces répliques publicitaires ont marqué nos esprits de consommateurs publivores. Pourtant, il semblerait que les Français se détournent de plus en plus des messages publicitaires (photo AFP).

Dîtes 33 !
Les résultats de l'enquête annuelle TNS Sofres pour le compte de l'agence Australie* sont éloquents. 80% des personnes interrogées considèrent la publicité (tous supports) comme une source d'ennui. Ennuyeuses les pubs ? La mère Denis doit se retourner dans sa tombe. Sur une échelle de un à dix, les personnes interrogées estiment ainsi que les publicités actuelles ne valent que 4,2. 52% d'entre eux affirment du coup ne plus prêter attention aux espaces publicitaires. Une personne sur trois se revendique même publiphobe, ils n'étaient que 25% en 2005.  

Mais pourquoi sont-ils si méchants ?  Parce que ?
Pour Vincent Leclabart, le président de l'agence Australie, ce sondage démontre que les annonceurs "doivent prendre plus de risques" pour rendre la publicité "distrayante et divertissante". "Pour être efficace, il faut des messages surprenants, créatifs, agréables à regarder mais surtout, qui sont distrayants et permettent de passer un bon moment comme devant une série", précise-t-il. Les Français seraient donc blasés par des messages répétitifs. Si nous sommes, il est vrai, submergés par la publicité qu'elle soit à la radio, à la télévision ou encore dans les journaux, cela n'explique qu'en partie le désamour des Français pour les spots et autres incitations commerciales sur papier glacé. La crise a également mis son grain de sable dans les rouages bien huilés des publicitaires. Les Français luttent en effet avec un pouvoir d'achat en baisse et n'aiment pas qu'on le leur rappelle. "Les marques ont trop parlé de prix et les Français l'ont mal vécu, comme si l'on stigmatisait leur pauvreté. Quant aux arguments écologiques, le public arrive à saturation", explique le PDG de l'agence publicitaire.

C'est tout ce que j'aime
Une bonne partie de la population se réjouit peut-être qu'il n'y ait plus de publicités en soirée sur les chaînes du service public mais la publicité a encore de beaux jours devant elle. Les Français restent en effet 14% à adorer les messages publicitaires. Les publiphiles plébiscitent d'ailleurs ceux des grandes marques (60%), bonne nouvelle donc pour les gros annonceurs qui consacrent des sommes faramineuses pour que leurs spots soient dignes de petites productions cinématographiques. Les amateurs de pubs sont très sensibles aux messages promos et sont 78% à prendre du plaisir à acheter des marques (contre 57% pour le reste de la population). Ils se considèrent même à 64% "accros à la consommation" (contre 9%). Les publiphiles sont donc des consommateurs actifs et aguerris. Il ne reste maintenant plus qu'à convaincre les autres. Annonceurs, à vos marques, prêts, ?
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mercredi 27 octobre 2010

*Étude annuelle réalisée depuis 2004 à l'initiative d'Australie par TNS Sofres sur un échantillon national de 1.000 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus.

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Article de la Tribune, La pub plaît de moins en moins aux Français