

(Rédaction internationale)- Déjà un mois que le procès Concorde s'est ouvert devant le tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d'Oise). En juillet 2000, un avion Concorde de la compagnie Air France prend feu et s'écrase peu de temps après son décollage de Roissy, sur un hôtel de Gonesse (Val-d'Oise). Les 109 passagers et membres d'équipages ainsi que 4 occupants de l'hôtel décèdent dans la catastrophe. Les enjeux de ce procès sont de taille, les indemnisations pourraient se révéler très conséquentes. Alors que la thèse officielle condamne la compagnie aérienne Continental Airlines, cette dernière a présenté un film en 3D pour faire valoir sa défense.
Thèse officielle contre thèse officieuse
Selon l'avis des experts, ce serait une lamelle en titane de 43,5 cm tombée d'un avion de Continental Airlines qui avait décollé juste avant, qui aurait provoqué l'éclatement d'un pneu du supersonique dont des débris auraient endommagé l'aile et les réacteurs de l'avion. Une thèse que Continental Airlines nie en bloc. Sur la base de 28 témoins oculaires dont des pilotes et des pompiers, la compagnie affirme que le Concorde était en feu avant de toucher la lamelle.
(Crédit photo: AFP)
Huit minutes de film plus vraies que nature
Pour étayer ces dires, l'avocat des protagonistes de Continental Airlines, Me Olivier Metzner, a proposé un film en 3D où on peut voir une épaisse fumée noire sortir de l'appareil bien avant d'heurter la lamelle. L'animation a coûté 590.000 euros à la compagnie américaine "Il nous faut, pour nous défendre, pour prouver que Continental n'est pas coupable, procéder à cet exercice qui a coûté extrêmement cher" a expliqué Me Metzner. Afin de mener à bien cette reconstitution le plus fidèlement possible et sous différents angles, 19 témoignages de commandants de bord dans les avions et de pompiers ont été utilisés et la compagnie est allée jusqu'à reproduire des particules de fumée à l'arrière de l'appareil ou encore reconstituer des nuages. "Il ne s'agit pas d'accepter ou de rejeter un témoignage mais d'essayer de comprendre ce qu'ils ont pu voir. Ce ne sont pas des vues différentes, c'est juste qu'ils sont à des emplacements différents", a David Mercaldi, un ingénieur mécanicien américain, spécialiste de reconstitution d'accidents, qui a présenté le film lors du procès.
Air France se défend
Selon Me Metzner, les experts ont "uniquement pris des témoignages de commandants de bord d'Air France et tous datent du soir et du lendemain du crash". "L'avion était surchargé, trop lourd. On dépassait les normes légales. Il y avait trop de bagages, tout cela était connu mais on a laissé le Concorde partir". A ces accusations, les experts ont expliqué qu'ils n'avaient pas retenu ces témoignages en raison des flagrantes contradictions avec les éléments matériels trouvés sur place et notamment des traces de suie sur la piste montrant l'endroit où le carburant s'est enflammé, c'est-à-dire sur la lamelle, mais aussi en raison des divergences dans les différentes versions des faits avec la réalité, deux pompiers affirmant avoir vu des flammes du côté droit de l'avion alors que le feu s'est déclenché à gauche.
Les débats du procès Concorde doivent encore se poursuivre jusqu'au 28 mai prochain afin de déterminer les éventuelles responsabilités de la compagnie aérienne Continental Airlines, de deux de ses employés, de deux anciens responsables du programme Concorde et d'un ancien cadre de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
Damien BOUHOURS et Magali MASSA (www.lepetitjournal.com) vendredi 5 mars 2010
En savoir plus:
Notre article- PROCES CONCORDE- Une catastrophe supersonique
Article du NouvelObs- Procès Concorde: une reconstitution en 3D pour douter de l'accusation






































