Édition internationale

PRISONS SECRETES - Le "chemin de l’enfer" en Chine

L'association Human Rights Watch a révélé l'existence en Chine de prisons secrètes où seraient incarcérés des citoyens à l'origine de pétitions pour dénoncer des injustices. La Chine, quant à elle, nie leur existence

(Edition internationale)- A l'occasion de la visite d'Obama à Pékin, l'association  Human Rights Watch (HRW) a dénoncé dans un rapport de 53 pages, intitulé "An Alleyway in Hell" ("Le chemin de l'enfer") les prisons secrètes qui se trouvent en Chine. "Depuis 2003, de nombreux citoyens chinois ont été secrètement incarcérés par des agents de l'État pendant des jours ou des mois sans contact avec l'extérieur dans des centres de détention illégale surnommés prisons noires" explique le rapport.

(Crédit photo- AFP)

Les pétitions, vieille tradition à l'origine des prisons secrètes
En Chine, une vieille tradition permet aux citoyens de dénoncer aux autorités des injustices dont ils sont témoins ou victimes par le biais de pétitions. Cela va de la saisie illégale de terres à des actes de torture de la part de la police ou encore des torts liés à la corruption des fonctionnaires locaux. A l'époque impériale, la tradition des pétitions avait été mise en place pour dénoncer les abus des seigneurs des provinces. Les pétitionnaires sont la plupart du temps des habitants des provinces rurales. Leur pétition en main, ils se rendent à Pékin ou dans les capitales provinciales afin de réclamer réparation.

Les pétitionnaires enlevés sur la route
L'administration chinoise fait mine d'être bienveillante à l'égard de ce système, pourtant les dessous de l'histoire sont bien plus sombres. L'association a mis en lumière l'existence de prisons informelles installées dans des hôtels gérés par l'Etat, des hôpitaux et des centres psychiatriques. "L'existence de ces prisons secrètes au coeur de Pékin tourne en ridicule les déclarations du gouvernement chinois sur l'amélioration des droits de l'Homme et le respect des lois", a déclaré Sophie Richardson, l'une des responsables en Asie de l'ONG. HRW a révélé que la plupart des personnes détenues dans ces prisons était des pétitionnaires interceptés sur la route de Pékin avant qu'ils ne remettent leur réclamation. Les détenus de ces prisons sont alors victimes de violences physiques et morales, d'agressions sexuelles, de privation de sommeil et de nourriture. Certains cas de détention peuvent aller jusqu'à 14 mois. "C'est aussi un commerce et les gouvernements locaux versent beaucoup d'argent pour que leurs plaignants soient incarcérés puis rapatriés"dénonce l'association.
L'association a également mis en lumière les mesures de rétorsion prises à l'égard des fonctionnaires locaux qui font remonter trop souvent les pétitions vers le pouvoir central. Ces derniers cherchent désormais à éviter les sanctions administratives prises contre eux (notamment une réduction des chances de promotion).

Le gouvernement nie l'existence des prisons secrètes
L'organisation a réclamé au gouvernement la suppression de tels lieux de détention. Mais en face, ce dernier nie l'existence de ces prisons. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Qin Gang a déclaré: "Je peux vous assurer qu'il n'existe pas de prisons secrètes en Chine", précisant "Si les gens ne sont pas contents avec le travail du gouvernement, ils peuvent faire part d'injustices par des canaux légaux et les autorités compétentes traiteront ces cas selon la loi afin de protéger les droits et les intérêts du peuple". Il doit vouloir parler du système des pétitions..
Magali MASSA (www.lepetitjournal.com) mardi 17 novembre 2009

En savoir plus :
Article du Monde- HRW dénonce un réseau de prisons secrètes
Article de HWR- Chine : Un réseau secret de « prisons noires » abrite de graves violations de droits humains

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