

Vingt personnalités, parmi lesquelles Michel Rocard, Daniel Pennac ou Marcel Rufo, se joignent à l'appel d'une association d'étudiants et réclament la suppression des notes à l'école primaire. Ils estiment qu'elles contribuent à mettre les élèves les plus faibles à l'écart
(photo AFP)
Les résultats des enquêtes de l'OCDE sur le bonheur à l'école placent la France à la 22e place sur 25. Peur de l'echec, angoisse, stress face aux professeurs, les écoliers français sont loin d'être épanouis. Et les notes, symbole de cette culture de la sélection, seraient à l'origine de beaucoup de ces maux. "Le système français de notation (...) est une véritable plaie qui exerce des effets nuisibles sur le moral, la confiance en soi et les performances des élèves", estime Peter Gumbel, auteur de On achève bien les écoliers (lire notre article). L'Afev, une association d'étudiants faisant du soutien scolaire, a lancé "un appel national à la suppression des notes à l'école élémentaire, comme premier pas vers une refonte globale du système d'évaluation et de notation". Elle souhaite mettre en avant d'autres manières de travailler : plus de solidarité, moins de jugements de valeur. Elle est rejointe par 20 personnalités, comme le psychiatre Boris Cyrulnik ou Richard Descoings, le directeur de Sciences Po Paris, qui souhaitent également promouvoir la coopération à l'école au détriment de la compétition.
?T'as eu combien??
"Ce système de notation, et l'obsession du classement auquel il répond, crée, dès l'école élémentaire une très forte pression scolaire et stigmatise les élèves qu'il enferme, progressivement dans une spirale d'échec," estiment les signataires de l'appel. "Démotivantes, ces mauvaises notes sont vécues comme une sanction, et n'apportent en rien les clés d'une possible progression, [?] alors que la confiance en soi est indispensable à la réussite scolaire", ajoutent-ils.
L'exemple des pays nordiques
?En Angleterre, en Allemagne et surtout dans les pays nordiques, la vieille approche éducative basée sur l'humiliation a depuis longtemps été remplacée par une vision plus positive et généreuse, qui cherche à encourager plutôt qu'à rabaisser", explique Peter Grumbel. En Finlande, pays qui connaît les meilleurs résultats éducatifs, la valeur d'un élève ne s'établit pas par rapport aux résultats des autres, mais par rapport à sa propre progression. Pour Pierre Merle, chercheur et signataire de l'appel, ?dans les pays nordiques, l'absence de redoublement explique le moindre recours à la notation. Les élèves faibles font l'objet d'un soutien spécifique, d'une évaluation formative, et la sélection a lieu seulement à la fin du collège qui est véritablement unique, c'est-à-dire indifférencié. Cette organisation particulière est à la fois plus démocratique (la reproduction des inégalités sociales est moindre) et plus efficace?. Pourtant en Suède, où les élèves n'étaient jusqu'à présent vraiment notés qu'à partir de 14 ans, une réforme en cours de discussion au Parlement pourrait avancer la notation d'un à deux ans.
Contre
Côté parents, la notation est en général acceptée, voire appréciée. L'idée de supprimer les notes peut paraitre à certains bien saugrenue. Pour les détracteurs de cette initiative, c'est le retour au ?laxisme post soixante-huitard?. Ainsi l'UNI, le syndicat étudiant, lance sa propre pétition contre la suppression des notes.
Au ministère de l'Education, la démarche de l'Afev n'est pas mal vue. "Cet appel n'est pas en contradiction avec nos préoccupations, confirme Jean-Michel Blanquer, à la tête de la Direction générale de l'Enseignement scolaire (Dgesco). Mais nous sommes prudents. Nous cheminons vers un autre système d'évaluation, tout en évitant de faire tout, tout de suite, de manière excessive."
MPP (www.lepetitjournal.com) vendredi 19 novembre 2010
Pétition pour supprimer les notes à l'école : http://www.suppressiondesnoteselementaire.org/
Pétition contre la suppression des notes : http://www.uni.asso.fr/spip.php?article9956
En savoir plus : Notre article : EDUCATION - On achève bien les écoliers
Le Monde : 20 personnalités contre les notes à l'école primaire






































