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PORTRAIT – Quand Rama Yade la ramène

Elle a sans doute la fougue de sa jeunesse et la hargne de son mentor, Nicolas Sarkozy. Rama Yade, secrétaire d'État aux Droits de l'homme, s'est encore illustrée à l'occasion de la visite de Kadhafi en France. Portrait d'une jeune femme qui ne laisse pas indifférent

Rama Yade à la sortie du Conseil des ministres le 28 novembre 2007 (photo AFP)

"Personnellement, je me retrouve avec une journée des Droits de l'homme sur les bras et Kadhafi sur le tarmac d'Orly, donc pour moi c'est un problème". C'était hier, sur les ondes de RTL, la façon pour Rama Yade d'accueillir le leader libyen en France. Des paroles moins chaleureuses que sa poignée de main avec Mouammar Khadafi lorsqu'elle accompagnait Sarkozy à Tripoli le 25 juillet dernier.
Secrétaire d'État aux Droits de l'homme depuis juin, Rama Yade incarne cette génération Sarko que l'on peut associer à la realpolitik. Il y a le temps des coups de gueule, sans doute liés à son jeune âge (31 ans dans deux jours), et il y a le temps des réalités froides, pour déjà avoir pas mal fréquenté le sérail.
Quand celui qu'elle considère comme son "parrain"a évoqué les "moutons égorgés dans les baignoires", "les racailles"ou "le Kärcher", elle ne s'est pas privée de lui exprimer son mécontentement. Et de redevenir pragmatique? ou démagogique : "Le mouton dans la baignoire, c'était peut-être exagéré, mais c'était un mot de campagne : les voix du FN, on ne les attrape pas avec des bonbons."

De Malcolm X à Sarkozy
Utilisée ou pas comme minorité visible au sein du gouvernement, Rama Yade s'en moque. Elle n'a pas attendu qu'on vienne la chercher. D'origine sénégalaise, elle est arrivée en France à 8 ans. Hypokhâgne, Science po, le Sénat où elle était administratrice, secrétaire nationale de l'UMP en mars 2006, et enfin secrétaire d'État. Sa période Black Power avec posters de Malcolm X dans sa chambre d'adolescente est bien loin...
Et quand on lui demande pourquoi elle n'a pas plutôt basculé à gauche, elle répond : "La gauche a abandonné la politique, et je n'oublierai jamais Lionel Jospin lançant aux ouvriers de chez Michelin en larmes : "l'Etat ne peut pas tout."
C'est "la culture de l'efficacité"qui l'a donc séduite chez Sarkozy, et sa politique de discrimination positive dont elle est une farouche partisane. Elle est même la figure de proue du Club du XXIe siècle, un groupe de think tank pour la promotion des minorités visibles.
Visible elle l'a été hier, en déclarant au sujet de Kadhafi que "notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits". Reprise partout, cette phrase lui a valu une convocation à l'Elysée...
Nicolas MANGIN. (www.lepetitjournal.com) mardi 11 décembre 2007

En savoir plus
Le Point - Enquête sur le cas Rama Yade
20 Minutes - Rama Yade reçue à l'Élysée
Le Figaro - Sarkozy renouvelle sa confiance à Rama Yade

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