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PORTRAIT – Gilbert Méhat, l’infatigable

 

Fondateur des Celliers d'Asie, célèbre importateur et distributeur de vins, Gilbert Méhat, 80 ans, garde un dynamisme sans faille lorsqu'il est question d'aider sa deuxième terre, le Cambodge

Habitué des médias, le fondateur et président d'honneur des Celliers d'Asie ne rechigne jamais lorsqu'il s'agit de parler son amour pour le Cambodge. Les yeux qui pétillent, la verve enflammée, Gilbert Méhat a gardé son âme d'enfant. Derrière une carrure imposante et les sillons de la vie, éclate une joie de vivre et une profonde générosité.  "Ce ne sont pas mes 80 ans qui vont m'arrêter, jusqu'au bout j'aiderais les Cambodgiens !", lance-t-il tout de go. Cette passion pour le pays du sourire, il l'a cultive depuis près de 18 ans. Pourtant, l'aventure cambodgienne commence il y a soixante ans. " J'ai découvert ce pays lors de mon service militaire de 1950 à 1953. J'étais alors officier mécanicien dans la marine marchande"', raconte Gilbert Méhat. Mais, de cette expérience il n'en dira pas plus. "C'est une époque dont je ne veux pas parler, une période noire"', annonce-t-il d'emblée. De retour en France, le jeune homme qui a commencé à travailler à 14 ans dans les chantiers navals en Bretagne, formé à l'école des vins de Montpellier, devient représentant en vin. Il fera une carrière de plus de 30 ans dans le métier et se constituera un portefeuille de vins de noms prestigieux (Taittinger, Louis Jadot, de Rothschild?.).

Son nouveau challenge

En 1992, une fois retraité Gilbert Méhat revient en terre khmère. "Je suis revenu avec en tête l'idée de créer une association pour construire des écoles dans les campagnes ". En 1994, Nouveau Challenge pour le Cambodge voit le jour. Le but de l'association : aider à reconstruire le pays et plus particulièrement certains villages dans les domaines de la scolarité, de la santé, de l'agriculture et de la formation. Construction d'écoles, formation hôtelière, lutte contre la mendicité des enfants à Siem Reap, forage des eaux? Gilbert Méhat diversifie les actions et les engagements. "Nous soutenons principalement quatre associations, L'eau pour tous, Sala Baï, Komar Rikreay et Centre d'accueil des enfants des rues de Siem Reap. C'est un pays merveilleux où il y a tellement de choses à faire" , confie-t-il.  Egalement vice-président de l'Association d'Entraide des Français à l'étranger (AEFC), Gilbert Méhat, passionné de musique, rappelle au passage que le CD de soutien de l'association est toujours en vente. Celui qui anime les 14 juillet de l'ambassade de France depuis 14 ans avec son orgue de barbarie, ne perd d'ailleurs jamais l'occasion de faire partager sa bonne humeur en chantant.

L'expert du vin en Asie

Parallèlement à ses actions humanitaires, Gilbert Méhat poursuit ses activités en lançant Celliers d'Asie, plus ancien importateur et distributeur de vins et spiritueux du Royaume. Possédant un entrepôt à Phnom Penh, Siem Reap, Battambang et Sihanoukville, la société est le principal fournisseur de la plupart des restaurants et bars. Egalement présente au Vietnam, Laos et Birmanie, elle importe plus de 180 références de vin et de champagnes français, 28 références de vins italiens, 5 de vins d'Espagne, 31 de vins chiliens, 5 de vins américains...  Celliers d'Asie est non seulement importateur, grossiste, distributeur, mais aussi producteur de vin. L'entreprise possède en effet 300 hectares de vignobles dans la région des Corbières dans le Languedoc-Roussillon. "Aujourd'hui, nous sommes leaders sur le marché des grandes marques" , ose-t-il prudemment.

Un amour inconditionnel

Au fil de la discussion, les souvenirs resurgissent, les confessions se succèdent. Une dévoilera une tout autre dimension du personnage. Une phrase lâchée timidement, tête baissée, suivie d'un silence. " Les Cambodgiens, je leur dois la vie ". Emu, il se racle la gorge. Nous n'en saurons pas davantage. Par pudeur ou par hantise des mauvais souvenirs, il garde pour lui cette partie de sa vie. La confession laisse deviner un lourd passé. Un passé qui le lie à jamais au Cambodge. Mais là est une tout autre histoire. "C'est une période dont je ne veux pas parler, une période noire" , répète-t-il pour la seconde fois.   Ce dont il veut parler avant tout, c'est de son attachement au pays, de la gentillesse et de la serviabilité de ses habitants, de leur respect de la culture française... Du Cambodge, il pourrait en parler pendant des heures. Après presque 20 ans de dévouement,  l'octogénaire ne compte pas s'arrêter là.   "Je suis fier d'avoir fait beaucoup de choses ici et fier de pouvoir continuer à en faire ! " .

Solina Prak (www.lepetitjournal.com/cambodge.htlm) jeudi 4 novembre 2010

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