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POLISSE - Brigade non policée


Remarqué à Cannes et salué par le Prix du Jury, le nouveau film de Maïwenn, Polisse, retrace avec nervosité le quotidien de la brigade de protection des mineurs et met en scène une bande de comédiens sur l'énergie


L'émotion de Maïwenn recevant le Prix du Jury à Cannes est à l'image de son troisième film : bouillonnant, touchant, un peu brouillon, excessif et en suspens dans un espace étonnant entre fabrication et sincérité.   

Après Pardonnez-moi et Le bal des actrices, la réalisatrice décale son point de vue pour se pencher sur la vie des membres de la brigade parisienne de protection des mineurs. Au c?ur de leur mission, l'enfance bousculée, violée, maltraitée. Le sujet est fort et fatalement glissant. Il crée d'évidentes tensions et éprouve la résistance des hommes et des femmes au travail.

Les cas se succèdent, crédibles et difficiles : une petite fille est victime des attouchements de son grand père, une mère inconsciente maltraite ses fils, une autre, droguée, rapt son bébé. Plus loin, une Africaine sans domicile veut confier son fils à la police pour qu'il échappe à la rue, une mère de famille bourgeoise dénonce son mari haut placé, de jeunes roms sont arrachés à leurs parents pour incitation à vol en réunion... Face aux bourreaux et aux victimes, l'équipe de la BPM est composée de fortes personnalités, très impliquées et souvent fragiles dans leurs vies personnelles, en conflit avec leur conjoint, un peu porté sur la bouteille ou anorexique.

Ils sont accompagnés sur le terrain par une photographe chargée par le ministère de témoigner de leur activité.

Énergie collective
Difficile de résumer autrement que par une énumération le scénario de Polisse. Il est déstructuré, sans fil très lisible, passant sans y revenir d'une affaire à l'autre. L'empilement sans recul des scènes n'a pourtant pas que des effets négatifs. Il rend compte à sa manière de l'immensité sans fin de la tâche des policiers et de l'émiettement de leur quotidien. Pour assurer la cohérence de son film, Maïwenn mise sur deux éléments : elle se distribue dans le rôle de l'observatrice-photographe et sert ainsi de marche-pied aux spectateurs. L'effet est assez didactique mais donne fugacement corps aux interrogations éthiques de la réalisatrice.

Elle mise surtout sur la dynamique collective et organise (ou désorganise) des scènes de groupes chargées de créer la frénésie nécessaire à la réussite du projet. C'est parfois assez peu réalistes. Dans ces cas là, le film donne à voir Maïwenn poussant une équipe de comédiens très volontaires (mention spéciale à Joey Star) dans l'insécurité et dans l'impro plutôt que des policiers entre eux. Cela génère pourtant également un vrai effet d'entrainement et insuffle à Polisse une niaque, un allant, une énergie, une rugosité pas si courante. Malgré ses ambivalences, le film mérite le détour.

Jean Marc Jacob (www.lepetitjournal.com/melbourne) jeudi 28 juin 2012

Sur les écrans à partir du 28 juin 2012

Polisse, Maïwenn (2h07) avec Joey Starr, Karin Viard, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle ...

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