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PETROLE – Le marché broie du noir

Le prix du pétrole n'en finit pas de jouer avec les nerfs des courtiers et des analystes. Le marché, les producteurs, les politiques? tout le monde est inquiet, et le baril a atteint la semaine dernière son taux le plus bas depuis plusieurs mois. Mais la déprime ne serait que passagère, et le marché du pétrole devrait rapidement retrouver des couleurs, pour le meilleur ou pour le pire

AFP

(Rédaction internationale)
? Si les prix du pétrole sont si volatils, c'est qu'ils dépendent en grande partie de l'"humeur"du marché. Il y a encore deux semaines, les investisseurs étaient de bonne humeur, et avaient donc soutenu les cours. Mais la semaine dernière, la publication de chiffres négatifs est venue gâcher l'ambiance, et le marché est maintenant "inquiet". Selon Phil Flynn, de PFG Best Research, il semble même "avoir perdu tout espoir d'une reprise économique proche". Conséquence : les prix chutent, et le baril de pétrole se négociait vendredi à moins de 60 dollars à la bourse de New York, son plus bas niveau depuis le mois de mai et bien loin des 147 dollars atteints en juillet 2008. Dans ce contexte d'inquiétude général, qui touche producteurs, consommateurs et responsables politiques, la question de la régulation des prix du pétrole revient donc sur la table.

Déprime générale
Ce qui inquiète tant le marché, c'est que la reprise économique se fait attendre. La semaine dernière ont été publiés plusieurs chiffres qui montrent que la crise est bien loin d'être terminée. D'abord, les chiffres de l'emploi américain, qui font état de la destruction de 467.000 emplois au mois de juin, portant le taux de chômage à 9,5 %. Mais surtout, si le prix du pétrole baisse, c'est parce que la demande baisse. Un autre chiffre publié la semaine dernière est venu miner encore un peu plus le moral des investisseurs : celui des réserves pétrolières américaines. Si les stocks de pétrole brut ont baissé, ceux de produits raffinés, eux, ont considérablement augmenté : 1,9 million de barils d'essence et 3,7 millions de barils de produits distillés (gazole et fioul de chauffage notamment) en plus, signe que la demande est beaucoup plus faible que prévu.

Pour ne rien arranger, les producteurs de pétrole, eux aussi, "sont inquiets comme tout le monde", a déclaré Abdalla El Badri secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). "Actuellement les prix sont confortables. Mais ils ne sont pas au niveau correspondant à notre objectif", a expliqué Abdalla El Badri. Il espère vivement voir la demande remonter à la fin de l'année, car ces prix bas "n'encouragent pas l'investissement"dans de nouveaux gisements.

Vers une régulation des prix ?
Pays consommateurs et producteurs s'orientent peu à peu vers l'idée d'une régulation des prix du pétrole pour éviter des fluctuations trop importantes et destabilisatrices. Nicolas Sarkozy et Gordon Brown en particulier, lassés de voir la volatilité des prix "saper la confiance alors même que nous nous dirigeons vers la reprise", souhaitent la mise en place de mécanismes pour la réduire, ce qu'ils ont expliqué dans une tribune commune publiée le 8 juillet dans le Wall Street Journal.

La question du prix du pétrole a également été évoquée lors du sommet du G8 qui se tenait en fin de semaine dernière. Déçus par "le fait que les spéculations internationales ont repris, en particulier sur les prix du pétrole", les 8 ont appelé pays producteurs et consommateurs à "améliorer la transparence et renforcer leur dialogue afin de réduire la volatilité excessive du marché"et envisagent de déterminer une "fourchette de prix". Ils sont tombés d'accord sur un prix "juste"entre 70 et 80 dollars. Reste encore à convaincre les pays producteurs.

Une note d'optimisme
L'Agence internationale de l'énergie (AIE), elle, ne voit pas d'un très bon ?il ces velléités de régulation des prix. Si elle salue la volonté de "transparence", elle a appelé les dirigeants à "être prudents"et à ne pas "limiter l'activité de manière excessivement agressive". Et pour redonner le sourire au marché, elle prédit que les choses seront "radicalement différentes"en 2010, avec une reprise de la demande et le retour attendu de l'activité économique. Un "rebond"porté par la Chine, où l'AIE attend une hausse de 4,2% de la demande en 2010, et les économies émergentes. Pas d'inquiétude, donc : à en croire l'AIE et au vu des réactions que suscitent les fluctuations boursières, le pétrole a encore de beaux jours devant lui, au grand dam des écologistes qui auraient bien mis à profit cette période de confusion pour encourager le développement d'autres sources d'énergie.
Audrey Vassalli (www.lepetitjournal.com) lundi 13 juillet 2009


Pour en savoir plus :
Lesaffaires.com : Pétrole: le pessimisme revient au galop
Le Figaro : L'Opep souhaiterait un pétrole plus cher
L'Expansion : La demande mondiale de pétrole devrait rebondir en 2010
Le Nouvel Observateur : Sarkozy et Brown appellent à renforcer la "transparence"et la "surveillance"des marchés du pétrole

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