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PEINTURE - Le monde intérieur de Sokuntevy Oeur

Lorsqu'elle se met à peindre, Sokuntevy ne sait pas encore où cela va la mener. Cette artiste khmère nourrit l'ambition de représenter des personnages tout droit sortis du fruit de son imagination et animés par un univers oniriques propre à chacun d'entre eux. Entre tradition et modernité, Tevy dépeint sa vision de la société khmère.

Sokuntevy Oeur empreinte au fauvisme le travail des couleurs vives : "Je peux voir des choses sans me droguer", confie-t-elle. Elle aime les gens car elle leur trouve une beauté singulière. Leur émotion, ce qu'ils font, sont pour l'artiste une source d'inspiration permanente. A travers ses peintures, on peut se rendre compte de ce qu'est le Cambodge aujourd'hui. L'audace et la nouveauté de l'utilisation de couleur violentes, pures et vives, revendiquent un art basé sur l'instinct. L'accentuation de la représentation des personnages est provocatrice.

Le jardin secret, le monde imaginaire sont les thèmes principaux autour desquels s'articulent tous ses travaux : "on me dit souvent que mes ?uvres véhiculent quelque chose de sombre", déclare Tevy. Il est vrai que le lien avec le passé est très présent. Une pointe de nostalgie transparait à travers ses peintures. 

 Sokuntevy doit l'assurance d'une galerie accueillant ses toiles grâce à Dana, directrice du Java Café & Gallery de la capitale cambodgienne. Cette américaine est allée la chercher à Battambang pour lui offrir l'occasion d'exposer à Phnom Penh régulièrement. "Mes parents ne m'ont jamais soutenue", explique-t-elle. Depuis six ans, Tevy peint le passé, l'héritage et les rêves de chacun. Peut-être est-ce là une façon de s'affranchir de la pression culturelle cambodgienne particulièrement lourde lorsqu'on est une femme ? Quoi qu'il en soit, Sokuntevy fait fi des traditions. Elle mène sa vie comme elle entend. Déjà, au cours de ses études d'art, la reproduction de nus ainsi que le travail sur les couleurs usuelles utilisées pour peindre un être humain l'ennuient. "Je voulais ajouter du bleu sur les visages ", dit-elle.

Elle clôture son entretien en déclarant que "même sans explication, l'oeuvre porte déjà une signification subjective et provoque un ressenti particulier". En voir plus

 
 
 
 
 

Propos recueillis par Anne TANDONNET (www.lepetitjournal.com/cambodge) 

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