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OLYMPIADES MODERNES – Les anecdotes historiques

Après 146 ans d'existence, les Jeux Olympiques modernes regorgent d'anecdotes croustillantes et authentiques. Créés en 1896, ils étaient autrefois réservés aux amateurs et battaient le pouls des contextes internationaux. Moins modernisés, surveillés et médiatisés qu'aujourd'hui, ils ont été le théâtre d'événements parfois étonnants qui révèlent tour à tour l'insouciance, la simplicité ou le courage de l'époque. Lepetitjournal.com remonte le temps

Une histoire de médaille - Les Jeux n'ont pas toujours été ce qu'ils sont aujourd'hui. Ainsi en 1928, le Comité International Olympique (CIO) organise pour la première fois un concours pour imaginer le design des médailles. C'est l'Italien Giuseppe Cassioli qui remporte cette chance. Sans surprise, il décide de représenter la déesse Niké qui avait toujours figuré sur les breloques des participants aux côtés de Zeus et des lauriers. En revanche, il ajoute une touche personnelle qui se révèle bien étrange : en fond, il fait graver sur les médailles le Colisée romain. A-t-il oublié que les Jeux sont nés en Grèce ou fait-il un excès de patriotisme ? Il faudra attendre 2004, lors du retour des Olympiades sur leur terre d'origine, pour que le symbole romain laisse place au stade panathénaïque, théâtre des Jeux de 1896.
Quant au podium sur lequel monte les athlètes pour se voir remettre leur prix, il n'apparaît qu'en 1932, à Los Angeles.

Quand les tricheurs se montrent créatifs ? La palme de la triche revient certainement au marathonien Fred Lorz lors des Jeux de Saint-Louis (Etats-Unis), en 1904. Alors qu'il souffre de crampes vers le 15ème km, il se sent incapable de continuer les 28 km restants. Qu'à cela ne tienne, il prendra une voiture. Celle-ci le dépose à 8km du final, après quoi, reposé, il trotte jusqu'à la ligne d'arrivée l'air de rien et savoure sa victoire. Mais la supercherie est découverte et Lorz, exclu. Thomas Hicks arrivé second, est alors proclamé vainqueur. Mais ce dernier est en piteux état : le voyant ralentir alors qu'il est en tête du marathon, ses assistants décide de lui injecter deux doses de strychnine et un verre d'eau-de-vie. Il s'écroulera à l'arrivée. Aujourd'hui, le coureur aurait été immédiatement disqualifié pour dopage?

Femme ou... homme ? ? La jeune sprinteuse polonaise Stanislawa Walasiewicz, surnommée Stella Walsh, fait sensation aux Jeux de Los Angeles en 1932. Elle remporte la médaille d'or du 100m, et égale le record du monde (11,9s). Au cours de sa carrière, elle accumulera pas moins de 100 records dont 18 mondiaux. Elle est tragiquement tuée lors d'une attaque à main armée dans un centre commercial de Cleveland à 69 ans. Lors de l'autopsie, les experts découvrent qu'elle était en fait? un homme. Plus précisément, elle était hermaphrodite puisqu'elle possédait bien l'appareil génital féminin mais il s'accompagnait de deux testicules. De plus, ses chromosomes étaient XY, soit, masculins. Les enquêtes ayant échoué à prouver que Stella avait tiré profit de cet état pour gagner ses courses d'athlétisme, le CIO lui laissera ses médailles. Cependant, la décision sera désormais prise de déterminer le sexe des athlètes via leur identité génétique.

(Leg : Ervin Zador )

De l'origine de l'expression "bain de sang" - En 1956, l'hémisphère sud obtient enfin leurs premiers Jeux à Melbourne en Australie. Malheureusement, ce ne sera pas un cadeau ! Ce sera les Jeux des premiers boycotts. La situation internationale est tendue : l'Egypte, en pleine crise du Canal de Suez, décide de ne pas se rendre à Melbourne pour protester contre l'invasion israélienne. Elle sera suivie par l'Iran et le Liban. Les relations Est/Ouest ne sont pas en forme non plus. L'URSS vient de réprimer dans le sang une insurrection hongroise contre l'occupant communiste. Solidaires, le Pays-Bas, L'Espagne et la Suisse annulent leur départ pour les Jeux. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Par un concours de circonstances, les demi-finales du Water-Polo opposent l'URSS contre la Hongrie. Elle deviendront le théâtre de la haine et de la revanche. Les soviétiques sont très vite dominés 4-0 pendant le match. Enervé, l'un deux, Valentin Prokopov, frappe violemment au visage le héros magyar Ervin Zador. S'en suit un pugilat collectif que l'arbitre aura du mal à calmer. D'autant plus que la foule, largement en faveur des Hongrois, a bien envie de lyncher les Russes à leur sortie. Quelques jours plus tard, les Magyars enlèveront finalement le titre contre la Yougoslavie, avant de demander ? pour la plupart ? l'asile politique.

L'unité olympique bafouée ? A Melbourne toujours, les organisateurs des Jeux Olympiques n'ont pas fait attention à la loi australienne qui oblige une quarantaine de 6 mois pour tous les animaux franchissant le seuil du territoire. Mince, alors ! Les épreuves équestres doivent être organisées à la hâte dans une autre ville. C'est à Stockholm que les cavaliers poseront leurs valises pour le concours complet, le saut d'obstacles et le dressage. Une affaire qui contredit les règles du CIO qui stipulent que les Jeux doivent se dérouler dans une unité de lieu. Melbourne, décidément, n'aura pas été la meilleure destination.

Le fair-play ? Heureusement, les Jeux ne sont pas toujours le spectacle de revanche politique sanglante ou de tricheries étonnantes. De grands gestes de fair-play et d'amitié ont aussi illustré la beauté de cette compétition. Pendant les Jeux de 1936 à Berlin, sous les yeux sévères de Adolf Hitler, un athlète allemand aura le courage d'aider un athlète noir américain. Il s'agit de Lutz Long, favori du saut en longueur. Pour Hitler, ces Jeux ne sont que propagande, il veut y démontrer la supériorité de la race aryenne sur le reste du monde. Or, c'est un noir, Jesse Owens, qui vient de remporter le titre sur l'épreuve du 100m. Le lendemain, le 4 août 1936, tous les espoirs du chancelier sont tournés vers Lutz Long qui peut emporter la médaille d'or au saut en longueur. Owens, détenteur du record de 8,13m depuis un an, est en difficultés : il a mordu lors de ses deux premiers essais de qualifications. C'est alors que Long s'approche. Il lui rappelle que le minima est de 7,15m et conseille à Jesse d'arrêter de prendre des risques en sautant trop près de la planche d'appel. "Tu seras plus libéré et sûr de ne pas mordre la ligne", ajoute-t-il. Owens suivra si bien ce conseil qu'il réussira à arracher la médaille d'or avec un saut de 8,06m. Long, lui, obtient l'argent. Pas amer pour un sou, il est le premier à aller vers Owens pour le féliciter. Dans les gradins, Hitler quitte le stade, furieux. Jesse Owens repartira avec 2 autres médailles d'or au 200m et relais 4x100m. Quant à Lutz Long, tragiquement tué en 1943 en Sicile, il recevra la médaille Pierre de Coubertin à titre posthume.

Belle aussi est la réaction des sauteurs à la perche soviétiques à Helsinki en 1952. Alors qu'ils viennent de perdre leur chance de médailles, les soviétiques comme Denisenko, arrivé en 4ème position, n'hésiteront pas à porter sur leurs épaules le vainqueur américain Robert Richards. Ce dernier, surnommé le "pasteur volant", vient de gagner le titre contre son compatriote Donald Laz, et le suédois Lundberg avec une barre à 4m55. Seul à passer, il manifeste sa joie avec simplicité, ce qui entraine les athlètes de l'URSS à le féliciter spontanément. En pleine guerre froide, ce beau geste de fraternité entre les athlètes est à prendre en exemple.

Des petites histoires amusantes ? Pour finir sur une note drôle, sachez que le Tsar Nicolas II a refusé de payer le billet retour des athlètes russes de football après leur défaite écrasante contre l'Allemagne de 16 buts à 0, en 1912 à Stockholm. Enfin, ne rions pas trop fort, la France avait été battue 17-1 contre le Danemark en demi-finales des Jeux de 1908 à Londres, et avait tout bonnement refusé de jouer la petite finale par la suite.

Aux Jeux du Mexique en 1968, l'Américain Bob Beamon réussit un saut en longueur extraordinaire. Il vient à coup sûr de repousser les limites du record olympique. Pour le savoir, toutefois, les juges devront sortir un bon vieux décamètre à ruban pour mesurer l'exploit, le rail de l'appareil de visée optique fraichement entré au service des JO se révélant trop court. C'est que Beamon a atteint les 8m90, soit 55 centimètres devant le dernier record !

Que ce soit pour leurs exploits sportifs, leurs retentissements médiatiques, leurs épisodes fraternels marquants, les JO sont une compétition incontournable. Peu importent les ratés passés et à venir, c'est la vraie vie du sport qui se joue sous l'emblème des 5 anneaux.

Elodie LLanusa (www.lepetitjournal.com/jeux-olympiques) mercredi 25 juillet 2012

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