Édition internationale

NUCLÉAIRE - Pyongyang transforme l'essai

Comme elle l'avait promis, la Corée du Nord a procédéàson premier essai nucléaire, hier. L'ensemble de la communautéinternationale a condamnécette initiative et des représailles ne devraient pas se faire attendre

Le régime de Kim Jong-Il a fièrement fait diffuser l'information par son agence de presse officielle (Photo : AFP)

La Corée du Nord a tenu parole. La semaine dernière, l'imminence du premier essai nucléaire nord-coréen avait étéannoncée, sans que soit indiquée une date précise. Il a eu lieu hier. Il y a trois ans, Pyongyang avait rejetéle Traitéde non-prolifération nucléaire. En février 2005, la Corée du Nord avait annoncés'être dotée de la technologie nucléaire àfins militaires, au même titre que la Chine, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Inde et le Pakistan et la Russie.
C'est par l'intermédiaire de KCNA, son agence de presse officielle, que le régime de Kim Jong-Il a fièrement diffusél'information : "Notre équipe de chercheurs scientifiques a réaliséen toute sécuritéet avec succès un essai nucléaire souterrain le 9 octobre". Le communiquéa également affirmé"qu'aucun danger, tel que des émissions radioactives, ne résultait de l'essai nucléaire".
Un tunnel creuséau nord-est de la capitale
Des experts sud-coréens et japonais, qui ont procédéséparément àdes tests dans la journée d'hier, ont confirméne pas avoir constatéde radioactivitéanormale. Toutefois, les Etats-Unis ont détectéune secousse de 4,2 degrés sur l'échelle de Richter, non due àun tremblement de terre. D'après les services secrets sud-coréens, l'essai aurait étéeffectuédans un tunnel creusédans la province de Hamgyong, à300km au nord-est de Pyongyang.
Séoul a aussi estiméque la violence de la bombe atomique équivalait àl'explosion d'au moins 800 kilos de dynamite;Moscou a parlé, de son côté, de 5.000 à15.000 tonnes. La Corée du Sud affirme que sa voisine du nord possède entre 30 et 40 kilos de plutonium, soit la quantitésuffisante pour fabriquer sept bombes.
Condamnation unanime, même de la Chine
La République démocratique populaire de Corée avait réservéàson voisin et ami chinois la primeur de la nouvelle : 20 minutes avant que soit effectuél'essai, la Chine a étémise au courant. Pourtant, Pékin, d'habitude si tolérant envers le dernier régime stalinien de la planète, s'est cette fois alignésur la position de la communautéinternationale, qui a unanimement condamnél'essai.
Les réactions indignées, venant des quatre coins du globe, se sont en effet enchaînées hier àun rythme effréné. Le Conseil de sécuritédes Nations Unies a demandéàla Corée du Nord de ne pas renouveler l'essai, l'a menacée d'une "réponse ferme et rapide"et va entamer des discussions autour d'un projet de résolution rédigépar les Etats-Unis. La Chine a exprimésa "ferme opposition"àcet essai "honteux". La Maison Blanche a dénoncé"un acte de provocation". Pour le Japon, cet essai est "inacceptable". La Corée du Sud s'est insurgée contre cette "sérieuse menace pour la paix, non seulement pour la péninsule coréenne mais pour la région".
Justement, Shinzo Abe, le nouveau premier ministre japonais, était àSéoul hier et àPékin ce week-end pour évoquer notamment la question du nucléaire nord-coréen. Bilan : le trio sino-nippon-sud-coréen est au diapason. En faisant encore monter les tensions d'un cran dans la région et en suscitant l'unanimitécontre lui, Pyongyang va peut-être faire se rapprocher toutes les autres puissances. Une gageur?
Camille VAYSSETTES. (
www.lepetitjournal.com) 10 octobre 2006

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L'Express, La Corée du Nord fait boum

TF1, La communautéinternationale prépare la riposte
Le Monde, Un essai dangereux (édito)

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