La première fois qu’ Alexandra Claveau est venue à New York, c’était en 2002. La ville pansait des blessures encore vives suite aux attentats du 9/11. Autour des deux trous béants qui logeaient auparavant les twin towers, signe de la folie humaine, et en remarquant cet esprit d’entraide d’une population frappée dans sa toute puissance, Alexandra a su qu’elle vivrait un jour à New York.
Ce projet a été rangé dans un coin de sa tête en laissant la place à la vie de la jeune femme. Originaire de la région parisienne, où elle rencontre son mari et débute sa carrière, Alexandra et sa petite famille décident de partir vivre dans le sud de la France, direction la Cité des Papes.
C’est dans la région avignonnaise qu’elle découvre les vins du sud : Gigondas, Château du Pape, Vacqueras, Beaumes de Venise... C’est lors de dégustations qu’elle se rend compte que beaucoup de vignobles de la région sont gérés par des femmes, et parfois même de génération en génération. Il faut dire qu’en Provence, le système matriarcal existe, mais c’est un secret... Elle déguste, découvre des vignobles, des vins, des femmes, des tempéraments. Elle participe avec beaucoup d’intérêts à des salons des vins dont certains sont dédiés aux vins produits par des femmes.
Elle qui travaille dans le domaine bancaire, ne semble pas prédestinée à l’aventure incroyable dans laquelle elle, son mari et leurs deux enfants s’embarquent. Mais c’est sans considérer la personnalité très enthousiaste et volontaire d’Alexandra Claveau.
Ce projet de vivre à New York, ne s’est pas envolé. Il faut dire qu’Alexandra est tenace et elle croit en elle. Ça tombe bien, ce sont deux ingrédients nécessaires pour la recette d’une vie réussie à New York.
Lasse de devoir changer d’entreprise tous les deux ou trois ans afin d’évoluer professionnellement, des idées émergent doucement, mais sûrement dans l’esprit de la jeune femme. Et pour faire naître ce projet, elle sait quelle direction prendre : celle qui la conduit à New York. Provençale d’adoption qu’elle est, Alexandra commence à réfléchir à un projet où simplicité et bonne humeur pourraient réunir les new-yorkais. L’idée d’un bar à vin germe. Et pourquoi ne pas y intégrer un terrain de pétanque ? C’est après son arrivée à New York que le projet de proposer des vins produits par des femmes est scellé et le nom avec, ça sera Winemak’Her !
Elle n’est pas arrivée de ce côté-ci de l’Atlantique sur un coup de tête. D’abord un grand voyage aux USA a séduit toute la famille. Puis elle s’est rendu compte qu’obtenir un visa investisseur était à sa portée. Pour être absolument certains de leur choi, Alexandra, son mari et leurs enfants passent quelques mois d’hiver à New York. « Pour voir si on pouvait survivre » dit-elle en rigolant, mais aussi de manière très sérieuse. Et oui, rappelez-vous, ils vivaient dans le sud de la France...
Finalement, ces quelques mois sont déterminants et concluants. Ils s’installent à Brooklyn en septembre 2018.
Aujourd’hui, tout est en route pour une ouverture de Winemak’Her Bar au début de l’automne, date à laquelle les travaux de leur local de Park Slope devraient être achevés et les licences nécessaires à l’exploitation de son commerce, obtenues.
Ici, Alexandra se sent à l’aise. À l’aise de ne pas être importunée, à l’aise de se déplacer sereinement dans une ville pleine d’énergie. « Dans cette ville, on se sent capable de tout. Ce projet, je ne l’aurais pas monté en France » affirme Alexandra Claveau. Dans cette ville où elle a la possibilité de conquérir le monde, où personne n’a peur, même de se relever après être tombé, Alexandra sait que c’est ici que va naître Winemak’Her Bar.
Et c’est aussi ici, qu’Alexandra va continuer de vivre à fond sa vie de femme, entourée de son mari et de ses enfants. Mais elle le savait déjà, depuis 2002. Les années sont passées, mais la conviction et la motivation d’Alexandra Claveau n’ont pas changé.
Le Petit Journal attend impatiemment de venir déguster un verre de vin produit par une femme...
Article rédigé par Rachel Scharly, rédactrice en chef de l’édition New York du Petit Journal.