Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Soufiane El Khalidy : « À moi Hollywood ! »

Soufiane El KhalidySoufiane El Khalidy
L’acteur Soufiane El Khalidy
Écrit par Houda Belabd
Publié le 2 septembre 2020, mis à jour le 2 septembre 2020

Jouer à Hollywood aux côtés des vedettes universelles du septième art américain, voici ce qui fait Soufiane El Khalidy se tourner et se retourner plusieurs fois dans son lit, chaque nuit. Déterminé comme on ne fait plus, ce jeune trentenaire marocain est à deux doigts du succès planétaire dont il rêve.

 

Cinéma Hollywood

 

Pour des raisons évidentes, l’année 2020 a frappé de plein fouet la scène culturelle mondiale. Votre élan créatif, lui, n’a fait que décupler.  Comment est-ce possible ?

Ma passion est avant tout le cinéma, que je sois devant ou derrière la caméra, j’y prends du plaisir. Les gens me connaissent plus comme acteur et cascadeur mais j’ai fait des études en réalisation et en production à la prestigieuse Full Sail University. En fait, c’était grâce à des scénarios et des courts métrages que j’avais écrits et réalisés que je me suis fait connaître tout d’abord à Miami puis à New York et à LA puis un peu partout dans le monde, car ils étaient bien reçus par des festivals comme LA Cinefest, Hollywood Golden Fest, Miami Independent film fest. Donc même si cette pandémie a arrêté mon travail d’acteur car elle a reporté la suite du tournage du film allemand Zielfahnder 3 ainsi que le début d’une autre grosse production internationale, je me suis remis à écrire des scénarios. D’ailleurs, j’écris en duo avec mon collaborateur Mehdi Souissi, connu pour être 1st et 2nd Ad sur des grosses prods internationales ( Men In Black, Beirut) , une mini série Marocaine à la Michael Mann grâce à l’appui et le soutien de notre mentor, le producteur international, Karim Debbagh, ainsi qu’un nouveau projet de film de SF qu’on vient de soumettre ensemble à Netflix. Je compte aussi proposer un documentaire sur un sujet qui m’est très cher, celui des cascadeurs Marocains.

 

Parlez-nous de votre parcours artistique si intéressant et si riche en mutations.

J’avais commencé jeune comme figurant et doublure dans des films français quand j’étais étudiant en médecine à Bordeaux.  Cependant, quand je suis revenu au Maroc pour faire Al Akhawayn (American University in Morocco), j’avais dû me réinventer à chaque fois pour pouvoir travailler dans le milieu du showbizz, car personne de ma famille n’en faisait partie. J’avais été blogueur, puis mannequin, rédacteur, stagiaire à Sigma et même créateur d'événements avec la famille Noyon alors que je passais ma 3e année en marketing à Al Akhawayn. C’est grâce à cette double vie, que j’ai pu apprendre le métier et rencontrer des professionnels sur des plateaux ou en soirées.

 

Percer dans le cinéma américain est un rêve qui vous a toujours animé, voire galvanisé. Racontez-nous les détails phares de votre success story.

Au début, ce n’était pas facile surtout quand j’ai été à Al Akhawayn, car même si j’ai eu la chance d’avoir des profs extraordinaires, comme mon mentor, Nicolas Hamelin et une éducation solide à l’ Américaine, la mentalité marocaine  très beldi était très cassante, voir castratrice, car dès que je parlais d’arts/ business, presque personne ne me prenait au sérieux. J’avais l’impression que même les étudiants étaient formatés comme les clones dans Star Wars pour « Diplôme, boulot, mariage avant la trentaine », c’était triste de voir qu’ils n’avaient pas forcément de rêves, de passions personnelles. C’était toujours le même discours et les mêmes discussions, qui a la plus grosse bagnole ? Tu viens d’où ? C’est quoi ton nom de famille ? Tu portes quoi comme marque ? T’as posé combien de bouteilles ? C’était rare de trouver des gens vraiment intéressés par le cinéma, la musique, la littérature alors qu’on avait une belle librairie . Heureusement, j’avais des parents ouverts d’esprit, qui croyaient en mes talents et ma détermination. D’ailleurs, mon père n’a pas hésité sur mon choix après avoir eu ma bourse d’excellence Américaine pour aller à Full Sail.

 

Quel est l’apport de Los Angeles à votre parcours artistique en général et cinématographique en particulier ?

Depuis tout petit, j’étais très compétitif surtout en sport. Je me battais à mort et j’acceptais mal la défaite. Comme LA, c’ est une ville où tu n’as pas le droit à l’erreur, j’ai dû enchaîner des centaines de castings et plusieurs stages avec de grands producteurs pour pouvoir tourner et développer mon réseau. La compétition est tellement forte que j’ai du changer mon style de vie complètement. Je suis devenu plus discipliné, plus ordonné et plus concentré sur tout ce que je faisais. Je me réveillais tôt le matin pour aller à la salle de gym, checker mes emails, appeler mes agents, écrire des scénarios et parcourir tout LA pour d’éventuelles auditions. Je suis fier de dire qu’un mois après avoir fini mes études à Full Sail, je tournais déjà dans mon premier film d’Action à 10 millions de dollars de budget, Shockwave countdown to disaster, et depuis ça ne s’est plus arrêté.  En comparaison avec monsieur Saïd Taghmaoui qui est né en france, je suis le Marocain né au Maroc qui a le plus tourné à Hollywood aussi bien comme acteur, cascadeur ou membre des départements de productions.

 

Que représente New York pour vous ?

Mon premier voyage à New York fut en 2011 avec mon prof d’Al Akhawayn, Dr. Eric Ross, ainsi que 12 autres étudiantes. Oui j'étais le seul garçon au milieu de ces bombes atomiques (rires), j’ai été pris pour faire une thèse sur l’héritage d’Andy Warhol dans la pop culture. Je me suis focalisé sur Michel Basquiat ainsi que sur les travaux du grand Julian Schnabel dont le film qu’il a réalisé avec David Bowie sur ce dernier. J’ai eu la chance de visiter des musées comme MOMA, de rencontrer des profs de NYU et de leur présenter mes recherches. On était aussi invité à l’Ambassade Marocaine ainsi qu’aux Nations Unies. C’était le rêve, sans parler de la nightlife, qui était aussi extraordinaire que les clip Love Foolosophy et Seven Days in Sunny June de Jamiroquai. (rires) En 2017, j’ai eu l’honneur d’être contacté par l’Actors Studio de New York pour passer les auditions afin d’en être membre à vie. Ils avaient apprécié mon parcours, mes réalisations ainsi que mon travail d’acteur.

 

Quelle place occupe le Maroc dans votre carrière ?

Je venais de commencer à tourner mon premier film internationale au Maroc, Zielfahnder. Mon rêve c’est d’écrire, de produire, de distribuer des films avec des Marocains qu’on peut exporter dans le monde entier comme le font si bien mes héros d’enfance, les Tom Cruise, les Steve McQueen, les Paul Newman, les Brad Pitt, Robert Redford. Je veux changer l’image que le reste du monde a de nous via le cinéma. Il faut qu’on réinvente l’écriture de nos scénarios, qu’on arrête avec ce misérabilisme. Je pense que le Maroc ressemble fortement aux US durant le début des années 60, car les techniciens, les line producers, les cascadeurs, ces compétences, on les a déjà et depuis longtemps. Aujourd’hui, Il faut qu’on passe au cap supérieur, celui de la création de films à la fois intelligents et divertissants ; qu’on crée notre plateforme streaming nationale avant qu’on se fasse bouffer par les ténors de l’industrie, un vrai star system avec des personnalités différentes, avec des identités visuelles bien distinctes qui marquent aussi bien le grand public que les critiques... et qu’on arrête avec ce beldisme et le plagiat Wahhabite, turque, qui n’est qu’un frein à notre progression.