Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Marine d'Aouré, la Française qui a intégré l'Actors Studio

Marine d’AouréMarine d’Aouré
Marine d’Aouré devant l’Actors Studio
Écrit par Julie Sicot
Publié le 6 mai 2019, mis à jour le 6 mai 2019

En 2015, sans jamais avoir pris de cours de théâtre, mais avec l'envie de devenir actrice, Marine d'Aouré décide de candidater à l'Actors Studio. Bien lui en a pris. Quatre ans plus tard, diplômée depuis un an, cette versaillaise enchaîne les auditions et veut devenir membre à vie de la célèbre école d'acting.

 

Lepetitjournal.com New York : Qu'est ce qui pousse une française à postuler à l'Actors Studio ?

Marine d’Aouré : J'ai toujours eu envie de devenir actrice, c'est d'ailleurs ce que j'ai écrit dans ma lettre de motivation lorsque j'ai postulé pour l'Actors Studio. C'est un rêve de petite fille !

Quand je regardais le parcours des acteurs que j'admire, ils étaient tous américains ou britanniques et étaient passés par l'Actors Studio.

En France, je n'ai pris aucun cours de théâtre, j'avais peur que la formation soit trop académique. Dans ma tête, pour apprendre ce métier, c'était soit Londres, soit les Etats-Unis.

J'ai envoyé mon dossier qui a été retenu et je suis venue passer l'audition à New-York le 22 janvier 2015, où j'ai présenté un monologue que j'avais travaillé avec un professeur de théâtre. Avant de repartir, les professeurs m'ont dit que j'étais prise. Je pense qu'ils ont vu en moi une pâte à modeler, je n'avais aucune habitude de jeux comme je n'avais jamais pris de cours.

En septembre, je commençais les cours avec une trentaine d'autres élèves.

 

Qu'avez-vous appris dans cette école de renom ?

Le premier semestre a été très long. Il fallait fournir beaucoup de travail personnel et assimiler la méthode qui passe par les émotions, les sens, l'imagination, le corps. Il faut apprendre à devenir vulnérable et à faire tomber les masques. Etre française n'a pas aidé, car on est plus fermé, plus taciturne, on a tendance à masquer ce que l'on ressent. Ça a été une période très fatiguante. Nous travaillons dans une "black box", tout est noir, les murs, les chaises, le sol. On joue les uns devant les autres.

L'Actors Studio nous donne une boîte à outils pour jouer. Maintenant que je suis sortie, je sais qu'il y a des éléments que je vais garder et d'autres non.

 

Beaucoup de grands acteurs : Al Pacino, Bradley Cooper, Daniel Day Lewis, utilisent la méthode de l'Actors Studio et travaillent ici, est-ce que cela met la pression ?

Ce n'est pas parce que j'ai fait l'Actors Studio que je suis déjà une super star. La pression elle vient aussi du regard des autres. Mais je gagne ma vie avec mon métier, et j'adore ce que je fais.

Cette formation est tellement enrichissante, libératrice et elle permet d'apprendre beaucoup de choses sur soi. Certains vont chez le psy, moi je suis allée à l'école.

 

Quels sont vos objectifs maintenant ?

Là, je reviens du Colorado, où j'ai passé 5 semaines à jouer Berthe, dans « Boeing Boeing », une pièce française montée par le Breckenridge Backstage Theater.

Je veux rester aux Etats-Unis, j'essaie de travailler autant que je peux ici. Je passe des auditions, parfois une dizaine par semaine, et j'ai beaucoup de non, mais c'est comme ça. Cela ne remet pas en question ce que je suis. C'est plus facile pour le théâtre, mais très dur, avec juste un visa, de décrocher des rôles pour le cinéma, ce qui est mon but. J'aimerais beaucoup jouer dans des films historiques, des biopics, en costumes.  

Mon visa d'étudiante se termine en juillet 2019, j'essaie de le prolonger avec un visa pour les artistes.  Ici, j'ai un réseau, une routine, des amis avec qui je travaille mon jeu, mais c'est vrai que je suis dans le flou. Cela m'angoisse de ne pas avoir mon mot à dire sur le pays dans lequel je vais travailler. Je n'ai jamais joué en français par exemple, et je ne connais personne dans ce milieu là-bas. Mais si je dois rentrer ce ne sera pas un échec.

 

Et la vie à New York, c'est comment ?

Ça m'a pris du temps d'apprécier la ville et de la considérer comme ma maison. Il m'a fallu l'apprivoiser. Mais quand on s'accroche, ça vaut le coup !

 

 

julie sicot
Publié le 6 mai 2019, mis à jour le 6 mai 2019