Lors du premier tour des élections législatives, 51.387 électeurs de la première circonscription des Français établis hors de France ont voté, sur les 240.978 personnes inscrites, soit un taux de participation de 21,32 %. Roland Lescure, député sortant de la Majorité présidentielle est arrivé en tête avec 35,4 % des votes exprimés. Il sera, au second tour, face à Florence Roger, candidate de la NUPES, qui a reçu 33 % des suffrages exprimés.
Alors que le vote électronique pour le second tour sera ouvert du 10 au 15 juin pour les Français des États-Unis et du Canada, et qu’ils sont attendus à l’urne le 18 juin, notre édition est partie à la rencontre des candidats malheureux qui ont le plus rassemblé. Consigne de vote et sentiment sur l’avenir de la France, voici ce qu’ils nous ont dit.
Législatives en Amérique du Nord
Ils s’appellent Gérard Michon, Franck Bondrille , Alain Ouelhadj, Patrick Caraco, ou encore Emmanuel Itier. Ils étaient candidats aux élections législatives pour la première circonscription des Français établis hors de France.
Gérard Michon, arrivé 3e avec 10,5 % des votes, se félicite de son résultat « ma campagne électronique a été tronquée après seulement deux courriels, je n'ai été débloqué que pendant le "silence républicain" de vendredi, date à laquelle il est illégal de poursuivre la campagne. Je suis donc d'autant plus surpris de ce score inespéré qui me remet au centre de la vie politique en Amérique du Nord où je suis élu depuis 28 ans » détaille l’élu californien. Sur la côte Est, Franck Bondrille, élu floridien, se félicite aussi de son résultat ( 5,2 % des voix ) « je suis très content de mon résultat car mon objectif était d’atteindre les 5 %, en indépendant, c'est très difficile », ce qui permet à l’entrepreneur corse de se projeter sur les élections législatives de 2027.
Si tous s’accordent à dire qu’ils ne donneront pas de consigne de vote pour le second tour, Emmanuel Itier est le seul ex-candidat à clairement énoncer le nom de la candidate pour qui il va voter : Florence Roger. « Pour ma part, je voterai pour Florence Roger car c'est une femme de caractère avec une force intérieure immense et une belle âme. Seulement, je la préviens que je ne tolérerai pas un Mélenchon délirant et ivre de pouvoir. Je n'en veux pas comme Premier ministre » explique avec ferveur le candidat soutenu par Jean Lasalle. Et de rajouter que Jean-Luc Mélenchon serait « pire qu’Elisabeth Borne ».
Patrick Caraco, candidat LR qui a obtenu 4,6 % des voix, n’est pas aussi enthousiaste à l’égard de la candidate de la NUPES, « elle vit à Montréal depuis moins d’un an et ne connaît ni la communauté française du Canada et encore moins celle des États-Unis. Si elle est élue, elle le sera encore sur un malentendu par des personnes qui croient voter pour que Mélenchon soit Premier ministre » lance-t-il.
Et de rajouter, à l’endroit des deux candidats, « de toutes façons, les Français de l'étranger y perdront puisque personne ne sera là pour les défendre, mais peut-être qu'a ce moment-là finalement, ils comprendront qu'il faut s'impliquer et voter pour des personnes de terrain ».
De son côté, Gérard Michon, fort de 10,5 % des suffrages exprimés au premier tour, explique, « je soutiens ouvertement le chef de l'État et souhaite donc qu'il ait les moyens de gouverner. Je ne me réjouis cependant pas de la possible fusion des différentes composantes de la Majorité présidentielle en un parti unique après les élections. Conserver plusieurs tendances au sein de la Majorité présidentielle serait une bonne manière d'enrichir le débat pour le bien de tous. Une majorité NUPES pourrait encourager la dite fusion et réduire la vie du Parlement à la confrontation permanente de deux orthodoxies polarisées, ce qui n'est pas ce dont nous avons besoin en temps de crise. »
Un anti-mélenchonisme flagrant
Une chose est claire pour ces candidats qui ont recueilli entre 4.6 % et 10.5 % des voix — 0,8 % pour Emmanuel Itier — et c’est sûrement un point sur lequel tous s’accordent : aucun ne veut de Jean-Luc Mélenchon comme Premier ministre. Bémol : depuis le début de la campagne, le patron de la France Insoumise insiste sur un élément : inciter les Français à voter pour les candidats de la NUPES afin qu’il soit « nommé Premier ministre ».
« Une majorité Nupes serait une catastrophe pour la France et pour les Français de l’étranger même si certains élus sont des bons représentants et sont issus du Parti socialiste ou écologiste. Cette alliance avec l'extrême-gauche aura été une erreur et ils le regretteront » déplore Franck Bondrille qui nous confiait dans une interview précédente qu’il soutiendrait l'action du président Macron sur le plan national, s’il était élu député. Rappelons que dans le programme de la NUPES, la fiscalité des Français établis hors de France est visée : « Instaurer un impôt universel sur les entreprises (basant leur taxation sur l’activité effectivement réalisée en France) et sur les revenus des particuliers dans les pays à fiscalité privilégiée pour lutter contre l’évasion fiscale ; ou encore, revoir les avantages fiscaux sur l’épargne française investie à l’étranger, et les supprimer hors de l’Union européenne, notamment pour l’assurance-vie » peut-on lire sur le programme de la NUPES.
Alain Ouelhadj, du parti Reconquête d’Eric Zemmour — dont 1,300 adhérents sont installés en Amérique du Nord — est tant cinglant qu’intransigeant. Il explique voir dans ce second tour, deux partis de gauche s’affronter : « les deux scénarios sont une catastrophe pour la France, le « macronisme » est une philosophie de gauche assumée, celle de la dépense publique et du chèque, de la déconstruction de l'administration française. Le « mélenchonisme » est la destruction économique rapide de la France, un désastre régalien et la montée en puissance de l'« islamo-gauchisme ». Nous sommes très inquiets pour l'avenir de notre pays et nous continuerons à nous battre pour que notre France retrouve le chemin du « vivre ensemble » et de sa pérennité. »
« La NUPES, c’est la gauche Corbyn en France. C’est Guesde qui a gagné sur Jaurès » soulevait hier Caroline Fourest sur le plateau de LCI, face à David Pujadas. De cette alliance des gauches, Emmanuel Itier rajoute, « soyons clair, Mélenchon ne sera jamais Premier ministre et n'aura jamais la majorité à l'Assemblée avec la NUPES qui va exploser en plein vol, après cette union charlatan du moment. »