Les Français des États-Unis et du Canada sont appelés aux urnes les 4 et 18 juin 2022, dans le cadre des élections législatives. Nos deux éditions américaines de New York et Miami partent à la rencontre des candidats à la députation pour la première circonscription des Français établis hors de France — qui comprend les États-Unis et le Canada.
Florence Roger est la candidate NUPES pour les élections des législatives en Amérique du Nord.
Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?
Nous sommes face à une triple urgence.Une urgence sociale d’abord, pratiquement 15% de la population française vit sous le seuil de pauvreté. Une urgence démocratique ensuite, la dernière élection présidentielle nous a permis d’en prendre la mesure avec l’émergence de quatre blocs de tailles similaires : un bloc de gauche, un bloc de droite, un bloc d’extrême droite et un bloc d’abstentionnistes. Les Français, y compris ceux de l’étranger, ne se sentent plus entendus par le pouvoir en place et le mépris institutionnel n’a jamais été aussi fort. La réélection d’Emmanuel Macron ne rend pas compte de cette crise démocratique majeure et une cohabitation permettrait d’amoindrir ce gouffre démocratique face auquel nous sommes. Enfin, l’urgence écologique est la plus importante de toute et au cœur de mes préoccupations. Le gouvernement français a été condamné à deux reprises pour « inaction climatique » et pourtant il poursuit une politique écocidaire. Il faut que ça change ! L’époque est à l’action, à l’initiative, au changement, c’est le sens de ma candidature aux élections législatives de juin 2022.
Quel est votre rapport avec la circonscription d’Amérique du Nord ?
Vivant à Montréal et engagée au sein de la NUPES, j’ai pu rencontrer nombre de citoyens français, de militants et d’élus. Ma candidature rassemble toutes les forces de gauche historiquement présente en Amérique du Nord. Grâce à ce formidable rassemblement, je suis la candidate la plus ancrée dans notre circonscription. Mon suppléant, Oussama Laraichi, est d’ailleurs conseiller des Français de l’étranger du Midwest et militant EELV. Dès la première année de son mandat, il a participé à la création d’une école FLAM à Cleveland.
Comment jugez-vous le mandat de Roland Lescure, le député sortant ?
Roland Lescure est dans la droite ligne d’une politique libérale dans laquelle l’économie de marché n’est plus soumise à aucune régulation sociale, politique, morale ou même environnementale. Ma candidature n’a pas pour objectif de s’opposer au député sortant, pour autant, il est important de rappeler que M. Lescure a fait revoter la loi Égalim permettant l’exportation de pesticides pourtant interdits dans l’UE ou encore a été rapporteur de la loi Pacte à l’origine de la privatisation de la Française des Jeux et qui ouvre celles des Aéroports de Paris et d’Engie.
La critique est constructive, qu’auriez-vous fait à sa place ?
Sur les questions nationales, je pratiquerai dans mes votes le principe de la règle verte, c’est-à-dire de ne pas prendre à la nature davantage que ce qu’elle est capable de reconstituer. Je ne voterai rien qui puisse contredire ce principe car il y a urgence à agir pour protéger notre planète. Relativement aux Français de l’étranger, les actions à mener sont nombreuses.
Il faut, avant tout, mener la bataille contre la disparition de nos services publics à l’étranger. Je voterai pour mettre fin au plan d’austérité Action Publique 2022 et à la réduction des postes dans les services consulaires. En outre, je porterai et voterai la mesure de réduction et d’aménagement du délai de carence appliqué avant de pouvoir retrouver ses droits à la sécurité sociale lors d’un retour en France.
Je souhaite également que tout enfant français puisse avoir accès à l’école française si les parents le souhaitent. Pour cela, il faut modifier les critères d’attribution des bourses et en supprimer les effets de seuils. J’agirai également pour la gratuité du CNED et le développement des programmes « Français LAngue Maternelle » (FLAM) pour offrir des solutions aux Français laissés pour compte par l’orientation libérale prise par l’État dans sa stratégie de gestion de l’AEFE et ses établissements partenaires.
D’après vous, quelles sont les préoccupations des Français d’Amérique du Nord ?
Cela fait plusieurs semaines que je me suis lancée dans une campagne intense à la rencontre des Français d’Amérique du Nord. Évidemment, ils m’ont parlé de leur volonté de voir la France être à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique. Bon nombre des Français qui vivent à l’étranger continuent d’être préoccupés par la situation de la France comme s’ils y vivaient encore. Les Françaises et les Français que j’ai rencontré m’ont évidemment parlé de leur expérience avec leurs services publics à l’étranger (consulats, lycées et collèges français etc.). À cet égard, ils m’ont expliqué que ce dernier mandat présidentiel est venu aggraver une situation déjà préoccupante. Entre la dématérialisation des services publics qui entraîne des délais ahurissants pour toutes les démarches administratives ou encore les économies budgétaires faites sur les fonds alloués aux bourses pour l’inscription aux lycées français, l’orientation prise n’est pas rassurante. Il semblerait qu’il soit plus simple de réaliser des économies budgétaires au détriment de citoyens qui ne viendront pas manifester en face du Palais Bourbon... Pourtant, notre diaspora est une force pour tout le pays, il faut donc la préserver et assurer des droits à ses membres pour que l’expatriation reste une expérience de vie enrichissante et intéressante !
Comment voyez-vous votre mandat de députée, si vous êtes élue, pour répondre à ces préoccupations ?
Mon rôle, en tant que députée de la nation élue par les Français d’Amérique du Nord, sera évidemment de porter à l’Assemblée nationale les problématiques observées sur le terrain. Je serai de tous les combats concernant les Français de l’étranger et leurs intérêts resteront au centre de mon action. J’organiserai une visioconférence au minimum tous les trimestres avec l’intégralité des conseillers des Français de l’étranger en Amérique du Nord pour leur rendre compte de mon activité au parlement et pour qu’ils me transmettent leurs observations. Faisant écho à la voix de nos concitoyens, je souhaite les impliquer davantage afin de recréer un lien institutionnel entre les citoyens hors de France et leur représentant au Parlement.
Qui sont vos soutiens, votre étiquette politique et comment est financée votre campagne ?
Mon étiquette politique est la Nouvelle Union Populaire, Écologique et Sociale (NUPES). Je crois que c’est important de rappeler que c’est la première fois dans l’histoire de la République Française que l’union des partis de gauche débouche sur une seule candidature par circonscription. C’est le résultat d’une prise de conscience collective de l’urgence de la situation et une réponse forte à l’appel de nos concitoyens. À titre personnel, je suis issue de l’Union Populaire mais je suis heureuse de faire cette campagne avec Oussama Laraichi, issu d’Europe Écologie les Verts et conseiller des français de l’étranger du Midwest. Parmi nos soutiens nous avons bien sûr Yan Chantrel (ancien conseiller des Français de l’étranger à Montréal) et Mélanie Vogel, tous les deux sénateurs des Français de l’étranger et issus du PS et d’EELV. J’espère qu’ils n’en seront pas trop vexés mais citer les noms de tous les conseillers des Français de l’étranger dans notre circonscription qui m’ont apporté leur soutien et qui me conseillent serait trop long !
Monsieur Mélenchon scande, à l’attention des Français, depuis plusieurs jours « élisez-moi Premier ministre ». Est-ce que les Français d’Amérique du Nord qui vont se rendre aux urnes, lors des élections législatives, vont voter pour vous en tant que potentielle députée ou vont-ils voter pour « élire » Jean-Luc Mélenchon « Premier ministre » ? C’est important de clarifier votre position surtout pour les électeurs du PS, du PC et des partis écologistes.
La NUPES dont je viens de vous parler est le fruit d’un accord programmatique commun à toute la gauche et d’une volonté commune d’exercer le pouvoir. Je ne vois en réalité dans cette élection que deux choix qui auront un impact sur nos concitoyens. Soit la continuation des cinq dernières années avec le député sortant, soit le choix d’une nouvelle majorité écologique et sociale en votant pour moi. Oui, nous aspirons à imposer par les urnes une cohabitation, je crois que cela serait une manière de sortir par le haut de la séquence électorale qui s’achève. Les Français ont dit non à l’extrême droite, et plus fort encore aux États-Unis, ils n’ont pas pour autant dit oui aux pesticides, au chacun pour soi et au démantèlement des services publics à l’étranger. Le vote pour ma candidature sera donc porteur de cet espoir d’une nouvelle majorité pour la France.
Vos prochains rendez-vous avec les Français d’Amérique du Nord ?
Après avoir mené une campagne active au Québec, je suis actuellement aux États-Unis pour rencontrer notamment les Français de Chicago, de Washington, de New-York etc. Pour connaitre les dates des prochains évènements de campagne, en ligne ou en personne, consultez mon site internet https://www.florenceroger.org/.