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Le Street art dans l’oeil d’Henry Chalfant est célébré au Bronx Museum

Street art new yorkStreet art new york
©️Cédric Godin
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 21 octobre 2019, mis à jour le 23 octobre 2019

On les appelle les Writers. Au début des années 70, le photographe Henry Chalfant a commencé à figer ce nouveau phénomène artistique que la ville de New York allait combattre : le graffiti. Mais au-delà des graffeurs, Chalfant, alors plongé dans un véritable travail anthropologique, a aussi immortalisé d’autres formes d’art urbain comme la naissance du hip hop et du break-dance. « Art Vs. Transit 1977-1987 » retrace une décennie de photographie urbaine principalement prise dans le Bronx.

 

Tout est parti du Bronx

Ils écrivaient leur nom sur les rames de métro, mais aussi sur les murs ou tout autre support. « Ils » les writers avaient une ambition : voir leur nom partout. Ce qui était alors considéré comme du vandalisme est devenu, quelques décennies plus tard, une nouvelle forme artistique qui passe de galerie en musée, mais qui est aussi un outil marketing que de nombreuses marques s’arrachent : le Street art.

Henry Chalfant se destinait à la sculpture mais c’est finalement la photographie qui le fera vibrer toute sa vie. Derrière son 35mm, le photographe part à la rencontre des jeunes graffeurs du Bronx. C’est l’époque où le « Bronx brûle », lui, il le photographie. Graffeurs et danseurs de break-dance passent dans son viseur, parmi eux, des grands noms comme Futura ou Toxic. Chalfant met au point une technique pour photographier l’ensemble des wagons que le maire de l’époque, Ed Koch, fera nettoyer et remplacer à tout va. Ça coûtera des millions de dollars à la ville.

Chalfant est le grand témoin de l’évolution de ce qui est aujourd’hui un mouvement artistique majeur : le Street art. Expositions dans des grands musées comme le Museum of Contemporary Art of Los Angeles, Museum of the City of New York, MET... il est aussi exposé dans des musées européens. Co-producteur de « Style Wars » sur PBS, il témoigne aussi dans le documentaire  « X Arts » de Cédric Godin, diffusé en première mondiale ce dimanche, lors de la dernière journée du Chelsea Film Festival. Chalfant, la mémoire du Street art new-yorkais était d’ailleurs sur scène après la projection pour le Q&A.

Street art New York

 

Art is not a crime

Art is not a crime, mais pour la ville oui ! Pas pour Chalfant ! Lui, suit les writers, les connaît, les apprivoise. D’ailleurs, au Bronx Museum, lieu de son exposition, certains sont là en chair et en os, et s’amusent de relire leur nom, figé sur le papier grâce au travail de Chalfant. Des wagons d’autrefois au papier d’aujourd’hui... Cette exposition, au-delà d’être artistique a une véritable valeur humaine, comme le maître de la galerie ! Dans les autres musées de la ville, on voit des touristes, des new-yorkais peut-être plus privilégiés, initiés à l’art souvent « bien pensant ». Là, c’est tout le contraire. Nous sommes dans le Bronx, chez les writers, ceux qui risquaient au mieux leur liberté, au pire leur vie, pour graffer sur un métro. Aujourd’hui, la société a apprivoisé leur art, et en tire aussi un réel parti économique. Eux, les gens du Bronx, sont dans leur musée, celui qui rend hommage aux leurs, les writers, leur frère, leur cousin, leur père, leur ami. Henri Chalfant nous le dira, très ému « je n’arrive pas à croire qu’il y ait tous ces jeunes ». Fierté d’avoir reconnu leur talent alors que New York leur déclarait la guerre. Sensibilité de voir que la société, quatre décennies plus tard les acclame, mais aussi les achète, souvent très cher. 

Les jeunes investissent le musée, leur musée, se photographient devant les reproductions de rames de métro à taille réelle. Selfie obligatoire devant le graf « Love Stings » Ben oui, c’est tellement drôle, et puis, c’est peut-être un peu vrai... Allez savoir ! Chalfant est aux anges, lui le photographe au grand cœur.

 

Street Art New York

 

Du Bronx au MAUSA VAUBAN en France 

Art Vs Transit 1977-1987 retrace 10 ans de photographie de graffitis pour la plupart éphémères : un moment d’histoire de la ville créé par ceux qui vivaient alors dans un ghetto. En plus des centaines de photographies, cette exposition met aussi en scène des trains en taille réelle, mais aussi des sons. Il y a du bruit, il y a des couleurs, il y a une partie de l’âme de la ville que les politiques ont nettoyé, écarté, essayé de décourager, en vain.

Cette exposition bien new-yorkaise n’est pas vouée à rester entre les murs du Bronx Museum. Dans les années 90, le Street art a voyagé, et les gamins des classes les plus favorisées, de leurs voyages aux USA, on ramené le graffiti en France. Art Vs Transit 1977-1987 va faire de même et devrait voyager vers la France courant d’année prochaine. C’est au MAUSA VAUBAN qu’elle devrait poser ses oeuvres. Stanislas Belhomme, co-fondateur de ce musée d’arts urbains et de street arts situé à Neuf-Brisach dans le département du 68, nous l’a confirmé « On va faire venir l’exposition au MAUSA. Quand elle sera terminée ici ». Il faut dire que l’endroit s’y prête particulièrement. Le MAUSA, ancien site réquisitionné par les Allemands durant l’occupation, se situe dans les remparts Unesco de la forteresse historique de Neuf-Brisach construite par Vauban entre 1698 et 1704. « C’est bien le seul site UNESCO où les street artists peuvent graffer » nous explique le patron des lieux. Les plus grands noms des arts urbains viennent du monde entier dans ce qui est presque devenu la Mecque du Street art. Le prochain défi de Stanislas pour l’année prochaine, au-delà d’accueillir l’exposition du grand Henry Chalfant, pour lequel le il compte bien faire entrer un train - la toile préférée des graffeurs- dans son musée, faire venir Banksy.

 

Art is not a crime ! La preuve...

 

Pour en savoir plus sur l’exposition d’Henry Chalfant au Bronx Museum

 

Pour découvrir le MAUSA Vauban à Neuf-

 

Street Art New York

Crédit photo : Cédric Godin & Rachel Brunet

Rachel Brunet
Publié le 21 octobre 2019, mis à jour le 23 octobre 2019
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