Jean-Pierre Schmitt, Chef d’Orchestre, et Javier Oviedo, saxophoniste, le martèlent « le saxo doit être un instrument à part entière de l’orchestre ». Il faut dire que Jean-Pierre et Javier ont à cœur de défendre le saxophone comme instrument de musique classique, et c’est ce qu’ils font à travers le Classical Saxophone Project qu’ils ont créé en 2007.
Retour en musique sur l’histoire du saxophone
Au fil du temps, on lui a donné un petit surnom, comme pour rappeler l’amour que l’on porte à cet instrument. On l’attribue souvent au jazz, or le saxo est à la base, un instrument de musique classique. Et Jean-Pierre Schmitt le rappelle « Hector Berlioz en premier lieu, l’utilise dès 1844 dans son « Chant sacré ». Puis George Bizet pour « l’Arlésienne ». Mais pas que ! Jules Massenet dans son opéra « Werther » ».
Et cet intérêt ne diminue pas. Au XXe siècle, le saxophone inspire Claude Debussy pour « Rhapsodie pour orchestre et saxophone », Maurice Ravel dans le célèbre « Boléro », Serge Prokofiev pour son ballet « Roméo et Juliette » et bien d’autres encore.
Il faut dire que le saxophone est né en Europe, on doit sa paternité à Adolphe Sax. Lui-même est né d’un père facteur d’instruments. Aussi, durant toute sa vie, Adolphe Sax ne se lassa pas de chercher, d’expérimenter, de perfectionner les instruments de l’entreprise familiale. Et c’est à force d’expérimentations, qu’au début des années 1840, il donne naissance à un nouvel instrument : le saxophon. Ce dernier, n’avait alors pas encore reçu de « e ».
Un an après son invention, qui allait révolutionner la musique, Adolphe Sax présente son tout jeune instrument saxophon au jury de « « l’Exposition de l'industrie belge ». Une exposition industrielle, et non un concert ou salon musical, car son invention s’inscrit bien dans la lignée des grandes innovations industrielles de son siècle. Dans le rapport de l’Exposition de l’industrie belge, datant de 1841, on peut ainsi lire : « Le premier facteur belge qui fit des efforts efficaces pour parvenir à cette émancipation industrielle fut M. Sax ».
En route pour Paris
Il faut bien l’avouer, à l’époque, c’est Paris qui donne le ton, ou du moins la note. Hector Berlioz, très à l’affût des nouveaux instruments, repère sans tarder le fameux saxophon, ce qui convaincra immédiatement Adolphe Sax de s’installer à Paris. « Ces nouvelles voix données à l’orchestre possèdent des qualités rares et précieuses », écrit Berlioz à propos des instruments de Monsieur Sax. « À l’orchestre » comme le rappelle encore et toujours Jean-Pierre Schmitt. Justement, Jean-Pierre est parisien, mais installé à New York depuis la fin des années 80. À Paris, il a travaillé avec le Conservatoire de Paris ou encore l’Orchestre International de Paris. Il a conduit des orchestres comme l’Orchestre Philarmonique de Macédoine ou l’Orchestre Philharmonique d’Oryol en Russie. Aux États-Unis, il a conduit le Classical Chamber Orchestra of Connecticut, le New York Lawyers’ Orchestra. Maestro Schmitt, comme on dit dans le jargon, a aussi mené à la baguette The Monte Vista Chamber Orchestra auTexas ou encore The Louisiana Chamber Orchestra. Il est aussi le fondateur du French-American Chamber Orchestra à New York, qu’il a mené à l’ONU, au Lincoln Center ou encore au Carnegie Hall.
C’est à New York qu’il a fait la connaissance de l’américain Javier Oviedo, saxophoniste originaire du Texas. Et au-delà de leur amour pour le saxo, tous deux se sont retrouvés autour d’une autre passion commune, mais aussi d’un véritable leitmotiv : remettre le saxo dans son répertoire classique. Au pays du jazz, ça aurait pu paraître un peu fou. Et oui, n’oublions pas que ce sont les jazzmen qui ont fait du saxophone un instrument soliste. Il semble que les artistes jazz aient trouvé dans cet instrument une inépuisable ressource sonore, une expressivité proche de la voix, et un son riche de mille et une nuances. Hawkins, Becket, Coltrane, Parker (Charlie ou Maceo) sont parmi les plus grands noms de jazz et du saxo, un peu comme s’ils avaient volé l’instrument à son répertoire classique. Il faut dire que de l’autre côté de l’atlantique, il a fallu attendre 1942 pour que le Conservatoire National de Paris ouvre une classe dédiée au saxophone, sous l’impulsion d’un certain Marcel Mule.
Javier Oviedo, de son côté, n’était pas prédestiné pour devenir saxophoniste et pourtant... Il s’est produit de l’Amérique Latine à la Chine, en passant par l’Europe et la Russie. Il a fait parti du New Jersey Symphony, Austin Symphony, Chattanooga Symphony, de l’Orchestre Lamoureux, de l’Orchestre à cordes d’Ariège, ainsi que des Orchestres Philamroniques de Moldavie et de Russie. Comme quoi, tous les saxophonistes américains ne sont pas des jazzmen. Et le cœur de Javier appartient au registre classique.
Le Classical Saxophone Project
En 2007, Jean-Pierre Schmitt et Javier Oviedo créent le Classical Saxophone Project. L’objectif : rappeler que le saxophone s’inscrit dans un registre de musique classique, et donc faire la promotion de cet instrument dans son domaine classique. Concerts et enregistrements, organisés et produits par le duo amoureux du saxophone, permettent ainsi de remettre cet instrument à sa place : dans un orchestre de musique classique.
Ce projet a aussi une dynamique de transmission et d’apprentissage auprès des plus jeunes. Ainsi CSP se consacre également à l’éducation, en mettant l’accent sur les jeunes artistes. Conférences et cours privés viennent ainsi parfaire la mission du Classical Saxophone Project.
Pour ce premier semestre 2019, Jean-Pierre Schmitt et Javier Oviedo se produiront tout d’abord le 27 mars à 19H30, à Christ & St. Stephen Chruch, dans l’Upper West Side, puis, le 13 juin à 20h au très renommé Carnegie Hall. Le rendez-vous est donné !
Alors, on commence l’année en musique et on remet le saxophone au cœur de l’orchestre ?
Pour en découvrir davantage sur le Classical Saxophone Project :
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