La traditionnelle parade de Veteran’s day qui s’est tenue le 11 novembre à New York diffère de beaucoup avec les cérémonies du souvenir auxquelles nous sommes habitués d’assister en France. Ces différences dans le rite mémoriel entre la France et les États-Unis sont une belle occasion de mieux saisir l’écart culturel entre les deux pays et de tenter de comprendre l’origine et la signification de ces différences.
Les différences historiques entre la France et les Etats-Unis
En France, la première commémoration de l’Armistice, le 11 novembre 1919, se tient en toute sobriété aux Invalides. Ce n’est qu’en 1975, puis en 2012, que la cérémonie s’est élargie à tous les soldats tombés pour la France, ainsi que les soldats décédés en opérations extérieures.
Depuis 1922, année qui a consacré le 11 novembre comme jour férié en France, le point fort des commémorations en France consiste à raviver la Flamme du souvenir sur la tombe du soldat inconnu installée sous l’Arc de Triomphe à Paris.
Aux États-Unis, c’est aussi en 1919 que le President Woodrow Wilson reconnait officiellement le 11 novembre comme Armistice Day, mais il faut attendre 1954, après la Deuxième Guerre mondiale et la guerre de Corée pour qu’Armistice Day devienne Veterans Day et fasse de cette journée commémorative un appel aux américains à honorer le courage, le patriotisme et le sens du sacrifice de leurs anciens combattants, mais aussi à servir la cause de la paix.
Protocole à Paris, réjouissance à New York?
Alors qu’à Paris la commémoration du 11 novembre revêt une forme officielle, protocolaire, assez courte et attirant peu la foule parisienne , le Veterans Day de New York, sans esquiver la partie officielle, offre un spectacle coloré, joyeux, surprenant, durant des heures, sur la plus belle avenue de la ville, Fifth Avenue, garnie d’une foule nombreuse pour la circonstance.
Ce 11 novembre, cette belle matinée new-yorkaise du Veterans Day a débuté devant le monument Eternal Light Flagstaff situé dans Madison Square Park au carrefour de Broadway et de Fifth Ave. C’est là que s’est déroulée la partie officielle de la journée, en présence des autorités locales, et notamment d’Eric Adams, maire de la ville.
La suite, comme chaque année, s’est révélée beaucoup plus surprenante prenant la forme d’une parade bigarrée, associant militaires, cavaliers, bikers, danseurs, associations diverses et variées, représentants de communautés, state troopers, police du NYPD, pompiers du FDNY, écoliers des high schools, entreprises commerciales et jusque’à l’administration pénitentiaire, défilant à pied, à cheval, juchés sur des chars décorés, ou dans des véhicules allant de l’automitrailleuse à la voiture de course, en passant par la voiture de golf et les “paniers à salade” siglés Correction de la pénitentiaire.
Mais pourquoi les Américains ont assisté à cette cérémonie ?
LePetitJournal.com, présent tout au long de cette journée très ensoleillée a demandé à certains des milliers de spectateurs présents, la raison de leur présence à cette parade.
Sharon, étudiante new-yorkaise: “je ne rate aucune parade car mon père est militaire et j’aime ça”
Amber, assistante médicale, venue de Pennsylvanie: “c’est un moment important ou tout le monde peut se retrouver, surtout après cette élection qui nous a divisé”
Matthew, ingénieur du New Jersey: “c’est un jour où on se sent fier d’être américain”.
D’un côté de l’Atlantique, la fête, de l’autre côté le recueillement
A New York, rendre hommage aux anciens combattants est avant tout une fête, un spectacle, un moment de communion de toute la ville, une figure libre comme on dirait en patinage artistique. A Paris, c’est une figure imposée, empreinte de nostalgie, un peu triste, et plutôt l’affaire des officiels et des militaires.
La France n’a pas la même histoire que l’Amérique. Elle a subi sur son territoire la boucherie des tranchées en 1914/18 la défaite de juin 1940 suivie de l’occupation allemande pendant près de cinq ans. Elle a connu l’Indochine et la guerre d’Algérie. L’Amérique aussi a eu ses guerres sanglantes, comme la Corée, le Vietnam la guerre du Golfe ou l’Afghanistan, mais jamais sur son territoire national, hormis la Guerre de Sécession.
C’est peut être cela qui explique que d’un côté de l’Atlantique, l’esprit est plutôt à la fête quand de l’autre côté il est plutôt au recueillement même si dans les deux cas, il est d’abord avant tout de dire merci à ceux qui ont donné leurs vies pour notre liberté.