Alain Souchon, accompagné de ses deux fils, monte sur scène à New York le 18 juin 2025 pour revisiter un répertoire légendaire. Dans une ambiance intimiste et familiale, le chanteur et son fils Pierre nous évoquent cette tournée singulière et son lien avec le public francophone de l’étranger.


Vous vous produisez à New York pour un concert autour du répertoire d’Alain Souchon. Quelle est l’ambiance sur scène ?
Pierre Souchon : Nous sommes trois sur scène : piano, guitare tout simplement. Avec mon frère (NDLR Ours), nous avions à cœur de remettre en lumière certaines chansons moins connues, issues d’albums que mon père ne chantait plus depuis longtemps. Ce sont peut-être des madeleines pour nous, mais aussi pour quelques fidèles qui le suivent depuis des années. Évidemment, il y a aussi les incontournables. Nous alternons entre piano et guitare pour proposer des versions très dépouillées, brutes, où le texte est mis en avant. C’est presque comme ouvrir un album photo de famille. Un vrai rendez-vous intime autour des chansons de notre père.
Pouvez-vous nous citer quelques titres que vous interprétez ?
Nous commençons par La petite bille, que nous adorons, et nous terminons par J’ai dix ans. Et bien sûr, Foule sentimentale est au programme. Ce sont des morceaux emblématiques, et très attendus du public.
Qu’est-ce que cela représente pour vous de chanter à New York, devant un public francophone mais aussi international ?
Alain Souchon : Franchement, cela me grise complètement ! D’habitude, j’essaie de ne pas me prendre trop au sérieux dans ce métier, mais là... je me sens comme une immense star internationale (rires). C’est une aventure assez unique qui nous a d’abord mené au Canada. Nous nous sommes dits qu’avec toutes les communautés expatriées aujourd’hui, il y avait peut-être un public curieux d’entendre ce qui a bercé leur enfance ou leur culture. Un peu comme quand, à Paris, des amis me font découvrir un musicien brésilien ou portugais.

Avez-vous un souvenir marquant d’un concert à l’étranger ?
Pierre Souchon : Le Canada, sans hésiter. Pour mon père, c’était très fort, notamment au Québec.
Alain Souchon : J’ai aussi chanté au Canada anglophone. C’était drôle, car le public ne savait pas qui j’étais, mais il a été adorable. En revanche, chanter dans un pays où le public ne comprend pas ma langue ne m’attire pas. J’aime raconter des histoires. Si la foule ne comprend pas ce que je dis, cela perd un peu de son sens. Je privilégie les pays francophones.
Vous échangez beaucoup avec le public pendant le concert ?
Pierre Souchon : Oui, entre chaque chanson, nous racontons des histoires, nous partageons des photos, des vidéos. Chaque élément est là pour faire le lien avec la chanson suivante, pour dévoiler une partie de notre histoire familiale. Comme nous nous connaissons par cœur, il y a aussi des blagues internes, des petits « running gags » familiaux que tout le monde peut vivre en famille. Mon frère est très drôle, je dois le dire !
Y a-t-il une différence d’énergie avec le public expatrié ?
Oui, je pense que lorsqu’on a laissé derrière soi une part de sa vie, de sa famille ou de son pays, on est encore plus touché par ce genre de rendez-vous. C’est émouvant de retrouver des morceaux de sa culture, dans une autre langue, dans un autre pays.
Pensez-vous que la chanson française a un vrai écho à l’international aujourd’hui ?
Franchement, non. Partout où vous allez, si vous chantez en français, les gens vous regardent un peu perplexes. Alors que si vous chantez en anglais, tout de suite, c’est la langue internationale. C’est comme ça. Mais dans les endroits francophones comme le Québec, bien sûr, les gens aiment beaucoup la chanson française.

Envisagez-vous d'autres pays pour cette tournée en famille ?
Alain Souchon : Pour l’instant, la tournée devait s’arrêter, mais elle se prolonge un peu grâce à la demande. On est passés par le Canada, New York, la Suisse, la Belgique… Mais cela restera limité. Et franchement, cela me convient. Je n’ai pas envie de chanter en Chine ou au Japon où les gens ne comprennent pas ce que je raconte. Être une star internationale, cela doit être génial lorsque l’on chante en anglais, mais en français, c’est compliqué. Cela me va très bien. Je préfère que le public comprenne ce que je dis.
Il y a tout de même environ 3 millions de Français dans le monde…
Ah oui ? Trois millions ? C’est une belle grande ville, ça !
C’est la première fois que vous allez à New York ?
Pierre Souchon : Non ! Il y a plus de vingt ans, mon père y avait donné un concert après une tournée au Canada. Nous avions pris le train tous ensemble, car il voulait vraiment traverser le pays ainsi. Nous avons terminé à New York, juste avant les attentats de 2001. Nous sommes montés en haut des tours du World Trade Center, avons visité la Statue de la Liberté. Nous logions à l’hôtel Pierre… Je m’en souviens très bien. C’était un moment fort.
Avez-vous un message à adresser à nos lecteurs français et francophones du monde ?
Alain Souchon : Grâce à vous, expatriés, j’ai l’impression d’avoir des petites ailes qui me poussent dans le dos. Ces ailes nous portent dans tous les coins du monde où l’on parle français. Merci à vous. Merci d’être là, où que vous soyez. C’est aussi grâce à vous que cette aventure existe.
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