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Avoir 20 ans aux États-Unis : des libertés mais aussi des restrictions

Avoir 20 ans États-UnisAvoir 20 ans États-Unis
Écrit par Harmonie Vandame
Publié le 28 janvier 2021, mis à jour le 5 décembre 2023

Avoir vingt ans est synonyme de liberté, mais également de restriction dépendamment du pays dans lequel on vit. Dans certains pays comme la France, avoir la vingtaine signifie avoir de nouvelles expériences et découvertes lesquelles permettent de s’émanciper. C’est également avoir la possibilité de rendre dans certains lieux publics ou acheter des produits auxquels nous n'avions pas accès avant la majorité, soit 18 ans. Cependant, cette liberté de mouvement et d’achat n’est pas semblable dans tous les pays, comme aux États-Unis, où la majorité est à 21 ans.



Avoir vingt ans aux États-Unis est plus limitant et nécessite d’être créatif

Avoir la vingtaine aux États-Unis signifie attendre 21 ans pour avoir le droit de consommer de l’alcool, du tabac, du cannabis (selon les États), jouer aux jeux d’argent, aller en boîte de nuit ou dans des bars. Selon Ryan, étudiant en ingénierie mécanique, les restrictions concernant l’alcool « sont plus négatives que positives d'autant plus que cette décision est récente, car jusqu’aux années 80, l’âge légal pour boire de l’alcool dans la plupart des États était à 18 ans ». D’après Youssuf, étudiant en économie, avoir la vingtaine aux États-Unis est difficile car la liberté de déplacement dans des lieux diversifiés est moindre et nécessite d’être créatif « lorsque tu souhaites te retrouver avec ton groupe d’ami.es, tu cherches toujours à faire des activités ensemble, mais tu es limité à faire des soirées chez les uns ou chez les autres ». Ombeline, jeune diplômée en études internationales, a réalisé un échange étudiant à 20 ans à la Nouvelle-Orléans. Elle relate « en tant que jeune de 20 ans, je me suis sentie assez limitée. J’aimerais bien pouvoir y retourner plus tard et essayer de vivre une nouvelle expérience, en tant qu’adulte, dans un univers plus professionnel et avec un réseau d’amis et de connaissances plus mature ». Cela dit, avant la majorité américaine, il est possible de posséder une arme (selon les États) et de conduire dès 16 ans. Youssuf y a trouvé son compte « j’aime rouler la nuit, le samedi quand tu n’as rien à faire, c’est cool de prendre la route, te prendre un truc à boire (non alcoolisé) et découvrir de nouvelles routes et de nouveaux endroits ». Cette liberté de mouvement a pu paraître excessive pour certains comme Ombeline trouvant que la voiture était fréquemment utilisée pour de petites distances « de nombreux étudiants américains prenaient leur voiture pour aller en cours alors qu’ils habitaient sur le campus ».


Avoir la majorité a 21 ans peut-être frustrant 

D’après Alya, jeune diplômée en sociologie et actuellement en stage, ce serait définitivement mieux d’avoir la majorité à 18 ans parce que « ça te permet d’avoir un sens des responsabilités et tes débuts dans l’âge adulte plus tôt ». Selon Violette, expatriée française étudiant la peinture et le dessin, avoir la majorité à 21 ans peut avoir des conséquences négatives sur le comportement des jeunes « je trouve que ça affecte la mentalité des jeunes et leurs relations avec l’alcool. Ils grandissent pendant environ six ans en buvant illégalement, ça crée un stress énorme et puis ils n'apprennent pas à boire en sécurité ». Elle explique d’après les dires de son copain américain « pour la plupart de ses amis boire pour la première fois, c'est toujours un big deal ». En effet, la relation avec l’alcool semble être un sujet sensible dans les divers témoignages reçus. Comme le rappelle Alya « si tu prives quelqu’un de quelque chose, comme l’alcool, durant une longue période ça peut pousser à l’excès plus tard ». Ryan explique que cette relation avec l’alcool n’est pas forcément saine due au manque d’expérience et de savoir « le problème, c’est que beaucoup d’adolescents arrivent à l’université sans trop d’expérience avec l’alcool, et peuvent facilement dépasser les limites, se bourrer la gueule, les premières fois. Fréquemment, j’ai l’impression que ce n’est pas une relation saine ». Violette explique que la vision de faire la fête chez de nombreux Américains est sans limites « la plupart des Américains boivent sans s'arrêter parce que pour eux, les fêtes sont faites pour ça ! C’est fait pour boire le plus que tu puisses ». D’autres, comme Ombeline, perçoivent cette relation avec l’alcool comme une façon de se rebeller « cette restriction ne me semble que symbolique, et le problème est que les jeunes Américains voient en l’alcool un moyen de contester les lois, de se « rebeller ». Problème : ils n’ont pas d’éducation concernant l’alcool. Il est tellement tabou qu’en soirée, les jeunes boivent, boivent, boivent, de tout et n’importe quoi, jusqu’à ce que leur corps leur dise stop. Déguster un bon verre de vin lors d’un repas, ou boire un apéro leur semble inconnu ».


Puis avoir une majorité plus tardive, comparativement à d’autres jeunes, crée une certaine frustration chez certains. Comme l’explique Alya « pendant que mes amis en Europe expérimentaient ce sens des libertés et leurs premiers pas dans le monde adulte, moi j’avais beaucoup de restrictions. Cela m’a vraiment frustrée, car ils ont pu vivre leur jeunesse d’une façon plus libérée et j’ai le sentiment que les restrictions que j’ai eu m’ont volée une partie de ma jeunesse ». Ce sentiment est similaire chez Violette « quand, je vois mes amis en France, ça me frustre énormément, parce qu’ils me manquent, mais aussi parce qu’ils font la fête, ils peuvent faire la fête sans avoir peur que la police arrive pour leur demander de faire moins de bruit ». Puis, les réseaux sociaux n’aident pas forcément, car ils ont donné le sentiment que c’était plus simple de se retrouver et se divertir en Europe selon Youssuf « j’ai pu voir au travers des médias mes amis en Europe faire la fête et se rencontrer plus facilement ».

Cependant, tu peux trouver des alternatives à ces restrictions. Violette relate « soit tu as des parents sympas qui veulent bien t’acheter de l’alcool, soit tu demandes au grand frère de ton ami qui risque de te faire payer plus que tu ne devrais. Sinon pour les jeunes qui fument, ou vapent, il y a des stations-service qui se moquent de ton âge ». Puis, il y a les fausses cartes d’identité dont l’utilisation est populaire. Ryan explique « avec ma fausse carte d'identité, j’ai pratiquement fait tout ce que je voulais faire. Parfois, je me suis fait prendre en boîte, mais généralement, ça passait sans trop de difficultés ». Cependant, Youssuf explique que cette alternative reste un risque à prendre d’autant plus que faire des soirées nécessite un certain budget pour peu l’on ne vive pas à proximité d’un club ou d’un bar « tu as besoin de payer un Uber puisque les métros ferment très tôt et c’est un mode de vie cher pour un étudiant ». Pour finir, pour certains comme Youssuf avoir la majorité à 21 ans apprend à devenir plus autonome et prendre en maturité « passer du temps ici seul m’a permis de grandir, d’être plus responsable et plus conscient de l’avenir. Je pense qu’en étant en Europe j’aurais été plus distrait, mais j’aurais eu probablement plus de souvenirs ».

 

Cet article est publié dans le cadre des 20 ans du Petit Journal