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Après 4 années de Trump, les inégalités hommes-femmes se sont creusées

Droits des femmesDroits des femmes
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 12 janvier 2021, mis à jour le 13 janvier 2021

Joe Biden deviendra officiellement le 46e président des États-Unis le 20 janvier prochain. Il succède à Donald Trump, dont le début de mandat a d’abord été marqué par l’extravagance du personnage. Il a aussi consisté en un bouleversement de la politique des États-Unis. Dès sa prise de fonctions, les minortés en ont pâti. Parmi elles, les femmes. Retour sur ces quatre années où les inégalités femme-homme se sont creusées.

 

Alors que Donald Trump prêtait serment à Washington le 21 janvier 2017, des millions de femmes marchaient dans la capitale américaine, et partout aux États-Unis, afin de protester contre l'élection du 45e président des États-Unis. Au-delà des propos insultants tenus à l'encontre des femmes, [attraper les femmes par la chatte, NDLR] ce sont ses positions ouvertement contre l'avortement et le droit des femmes à disposer de leur corps librement qui ont inquiété les citoyennes et les citoyens des États-Unis. À juste titre !

Dans l’entourage proche du président, dès le début de son mandat : le Vice-président Mike Pence, qui a restreint l'accès à l'avortement dans l'Indiana où il était gouverneur de 2013 à 2017 ; Neil Gorsuch, juge à la Cour suprême, contre l'avortement ; Mike Pompeo, directeur de la CIA, pour qui l'avortement n'est possible qu'en cas de danger vital pour la mère ; ou encore Charmaine Yoest, secrétaire d'État à la Santé et ancienne présidente du groupe anti-IVG Americans United for Life. Le message a été clair dès le départ et  l’est resté jusqu’à la fin.  Donald Trump, a nommé Amy Coney Barrett, pour succéder à la progressiste Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême. Farouchement opposée à l’avortement, elle appartient au groupe People of Praise lequel prône que les maris ont autorité sur leur épouse et doivent diriger leur famille.

Sur les 50 États américains, 28 sont engagés dans des démarches de limitation de l’avortement.  Leur objectif numéro un : que la Cour Suprême change la jurisprudence nationale. Cette jurisprudence autorise l’avortement depuis 1973 et le célèbre arrêt Roe contre Wade. Amy Coney Barrett était le ticket gagnant de Donald Trump dans cette lutte d’abolition du droit à l’avortement. La confirmation de Madame Amy Coney Barrett, approuvée par le Sénat — dont les cent membres ne représentent pas la population américaine de manière proportionnelle — aurait pu permettre à la droite américaine de transformer le pays en profondeur pendant des décennies, la Cour suprême tranchant des questions décisives sur l'avortement, l'assurance maladie, les droits des personnes LGBT+, les régulations environnementales ou encore le sort de millions de jeunes immigrés. Sauf que Donald Trump a été battu et que les démocrates ont raflé le Sénat aux Républicains.

En avril 2017, le Planning Familial devient aussi la cible de l’administration Trump. Cette organisation qui a pour mission de militer en faveur de l'éducation sexuelle et de garantir aux femmes un accès aux soins de santé et à la santé reproductive, a vu ses financements publics tout simplement annulés par promulguation d’une loi abrogeant la sanctuarisation des financements publics des cliniques du Planning Familial pratiquant l'interruption volontaire de grossesse.

 

Au sein de l’entreprise et de l’école

Quelques mois plus tard, l’administration Trump annulait une disposition de la loi Obamacare, portée par Barack Obama et Joe Biden, qui obligeait les employeurs à prendre en charge les moyens de contraception dans la couverture santé proposée à leurs employés. Déjà accordée à des institutions religieuses, l’exemption avait été étendue à toutes les entreprises commerciales provoquant la colère des associations de défense des droits. Cette disposition concernait 62 millions de femmes.

Puis, c’est l’égalité salariale qui fut la cible de Donald Trump. L’administration Obama / Biden, en faveur de l’égalité Femme-Homme avait approuvé une réglementation qui obligeait les entreprises à rendre public les écarts de salaires entre ses salariés selon leur genre et leur origine. Une avancée sociale balayée par l’administration Trump, qui, dès l’été 2017 a supprimé cette obligation.

Autre pas en arrière pour les jeunes femmes, menée par la ministre de l’éducation, Betsy Devos : pour prouver qu'un ou une étudiante est responsable d'une agression sexuelle ou d'un viol, les universités américaines doivent depuis fin 2017 se fonder sur des preuves plus exigeantes que celles prévues sous l'administration Obama.

En 2016, Donald Trump a conquis la Maison-Blanche en partie grâce au vote des femmes, 53 % des femmes blanches lui avaient accordé leur vote comparativement à 6 % pour les femmes afro-américaines et 26 % pour les femmes latino-américaines. En 2020, 56 % des femmes ont voté démocrate, contre 43 % qui ont choisi le candidat républicain.

Joe Biden restera le premier président de l’histoire américaine à choisir une femme comme vice-résidente. Kamala Harris. Rompue à l'exercice du pouvoir. Sénatrice de Californie depuis 2017, elle a marqué les esprits lors des audiences houleuses du candidat controversé à la Cour suprême Brett Kavanaugh, choisi par le président américain Donald Trump.

 

Les femmes, plus impactées par la crise

Parmi les différents points du programme de Joe Biden, un investissement massif pour endiguer le Covid-19. Il va mettre en place un corps de santé de 100 000 employés consacré à la lutte contre le virus, constituer des stocks de vaccins, vacciner 100 millions d’Américains durant les cent premiers jours de son mandat et lancer d'immenses dispositifs de dépistages sur tout le pays. Et sur ce plan, il attaque depuis des mois Donald Trump sur sa mauvaise gestion de la pandémie qui a couté la vie à plus de 350,000 Américains et a fracassé l’économie du pays. Alors que les inégalités hommes-femmes sur le marché du travail font l’objet de nombreux débats, la pandémie de coronavirus a accentué ces défauts d’égalité. En effet, le Covid-19 a mis à mal l’emploi des femmes dans le monde, comme le révèle une étude publiée par McKinsey concernant les effets de la pandémie sur le travail.

Selon le cabinet de conseil en stratégie, les femmes seraient 1,8 fois plus susceptibles de perdre leur emploi que les hommes. Les femmes représentent 39% des emplois occupés dans le monde mais représentent 54% des emplois perdus dans le monde en raison du Covid-19. En avril, le taux de chômage des femmes aux États-Unis a atteint 16,2 %, pour 13,5 % chez les hommes.

Dans le contexte du à la crise sanitaire, la pauvreté devrait continuer de s’accroître encore dans la population féminine. Et notamment dans les communautés déjà fragilisées, les femmes noires et hispaniques paient le prix le plus fort, avec des taux de chômage respectifs de 16,4 % et 20,2 %.