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Mystère du sous-marin danois: Peter Madsen de retour au tribunal


Le concepteur danois de sous-marins Peter Madsen, mis en cause dans la mort de la journaliste Kim Wall, comparaît de nouveau mardi devant la justice et pourrait voir les chefs de poursuite à son encontre requalifiés en meurtre.

L'audience doit s'ouvrir à 14h00 (12h00 GMT) au tribunal de Copenhague, en présence de Peter Madsen, a annoncé à l'AFP le parquet danois.

L'inventeur de 46 ans a été inculpé le 12 août d'"homicide involontaire par négligence" et écroué, après la disparition de Kim Wall mais avant la découverte d'une partie de son corps.

Cette journaliste indépendante suédoise de 30 ans était portée disparue depuis la soirée du 10 août entre Danemark et Suède, alors qu'elle effectuait un reportage sur le submersible privé UC3 Nautilus en compagnie de son concepteur, Peter Madsen.

Ce dernier a été secouru le 11 août dans la matinée, avant le naufrage de son bâtiment, qu'il est soupçonné d'avoir intentionnellement sabordé. Après d'intenses recherches en mer, le tronc lesté de Kim Wall, dont les membres et la tête avaient été délibérément sectionnés, a été découvert le 21 août dans la baie de Køge, non loin de la capitale danoise, par un cycliste.

Peter Madsen nie avoir tué Kim Wall, mais reconnaît avoir jeté son corps à la mer après qu'elle eut été victime d'un "accident".

- Autopsie sans résultat -

Le parquet, qui ne croit pas à ses explications, avait jusqu'à ce mardi pour demander son maintien en détention. A cette occasion il doit également requérir une requalification des chefs de poursuite en meurtre et atteinte à l'intégrité d'un cadavre.

"Après la découverte du corps, nous allons demander son maintien en détention pour meurtre", avait indiqué le 24 août à l'AFP le procureur spécial de la police de Copenhague, Jakob Buch-Jepsen.

Le tronc a été lesté d'une pièce en métal dans le but manifeste qu'il demeure au fond de l'eau et des "blessures" font penser à "une tentative de s'assurer que l'air et les gaz s'échappent du corps pour qu'il ne remonte pas à la surface", avait indiqué le directeur d'enquête, Jens Møller Jensen, le 23 août.

L'autopsie n'a pas permis d'établir les causes de la mort. Du sang de Kim Wall a par ailleurs été retrouvé à bord du sous-marin.

Par la voix de son avocate, le Danois s'était dit "soulagé" qu'une partie du corps de la journaliste ait été remontée afin que la vérité soit faite sur la tragédie.

M. Madsen devait être soumis à une expertise psychiatrique, une étape obligée de la procédure pénale danoise, afin de permettre de lever une partie de l'énigme Madsen, tant le personnage fascine et interroge.

- Se dérober au réel -

Au coeur de l'affaire Kim Wall, le Nautilus, baptisé d'après le submersible imaginaire de Jules Verne, avait été construit grâce à une campagne de financement participatif et mis à l'eau en 2008. Avec 18 mètres de long, il était à l'époque le plus grand sous-marin privé au monde.

Peter Madsen a consacré le plus clair de son temps à fabriquer des engins dont la vocation est de se dérober à la surface de la Terre, comme leur créateur semble vouloir se dérober au réel depuis l'enfance.

"Ma passion est de trouver des moyens de voyager vers les mondes au-delà du connu", écrivait ainsi l'inventeur autodidacte sur le site de son association spatiale, RML Space Lab.

Nina Berman, l'une des professeurs de Kim Wall à l'université de Columbia, à New-York, d'où la jeune femme était sortie diplômée en 2014, n'a "pas du tout été surprise" que Kim s'intéresse à ce personnage.

"Elle aurait voulu savoir pourquoi quelqu'un (...) pouvait s'imaginer créer des choses qui le sont normalement par des militaires et des gouvernements puissants", a expliqué Mme Berman à l'AFP.

Kim Wall, journaliste indépendante, avait collaboré avec The Guardian et le New York Times. Elle était basée à New York et en Chine.

© 2017 Agence France-Presse