MUSIQUE / SHOPPING - Le vinyle renaît à Cologne

À l'heure du tout numérique, le disque à sillons retrouve une seconde jeunesse. Micro-phénomène ou ultime résistance ? À Cologne, on trouve pas moins de cinq disquaires qui proposent 33 et 45 tours

Entre électro, musique expérimentale et free-jazz, A-Musik est un lieu qui rassemble initiés et néophytes (photo. Nicolas Ropert)

C'est un fait : alors que depuis 1988 les ventes de vinyle baissaient inlassablement, elle sont reparties à la hausse depuis deux ans. Les maisons de disques, trop contentes de ce retour, n'hésitent plus à sortir leurs nouveautés sur sillons noirs. "Les gens redécouvrent leurs platines, analyse Wolfgang Brauneis, vendeur dans le magasin A-Musik à Cologne. Les vieux disques traînaient dans le salon ou bien à la cave et on se dit : ''Tiens, pourquoi je ne les ressortirais pas?''".
A-Musik est un véritable paradis pour amoureux de la musique, ici on vend en majorité des vinyles mais aussi des CD et depuis deux ans des DVD musicaux ainsi que des livres. Le magasin, situé dans la Südstadt, est spécialisé dans la musique électronique, la musique expérimentale et le free-jazz. Ouvert depuis 1989, A-Musik s'est fixé comme objectif de "proposer ce que l'on ne peut pas trouver ailleurs", décrit Wolfgang Brauneis. Et ça marche : la boutique a une renommée internationale : "La moitié de nos clients viennent d'Allemagne sinon on reçoit des Néerlandais, des Belges, des Français...".

Prendre le temps d'écouter
De passage à Cologne, Christian vient de Berlin. Il vient de s'offrir sept vinyles et trois livres : "Je viens dans le magasin à chaque fois que j'ai la chance d'être à Cologne. À Berlin, il y a beaucoup de disquaires mais ici on trouve d'autres choses. Et puis, j'aime bien prendre le temps d'écouter, de toucher ce que j'achète". Ce qui n'est pas possible sur internet... A-Musik a pourtant mis en place une plateforme d'achat sur internet et son catalogue est disponible en ligne. "On vend un nombre important de disques par correspondance via internet, confie le vendeur. Mais c'est surtout pour les clients des autres continents : les magasins rechignent de plus en plus à faire venir des disques à cause des taxes et des frais de ports, alors les clients nous les achètent directement".

Le plaisir d'acheter un vinyle
Internet précisément. La toile est accusée de tous les maux par l'industrie du disque mais les disques à sillons semblent moins souffrir de cette concurrence. "Le vinyle est beaucoup moins touché par la crise du disque car nos titres sont difficiles à trouver sur Internet alors que les tubes sont téléchargeables gratuitement partout", avance Wolfgang Brauneis. Pour Andrea, un habitué qui habite à Düsseldorf, cela tient aussi au plaisir qu'il y a d'acheter un objet comme celui là. Il tient lui même un magasin de disque et "vient chercher des perles, souvent des occasions. Je discute beaucoup avec les vendeurs, avoue-t-il. Après je vais aller dans un autre magasin, plus spécialisé dans le rock." Car il n'y a pas que le ''son de Cologne''* à Cologne, il y a aussi de très bons disquaires rock, hip-hop ou punk qui, comme A-Musik, mettent l'accent sur le vinyle. Pourtant l'équipe du magasin est lucide : "Il n'y aura pas de retour en arrière : le mp3 est très pratique, il faut le reconnaître. Mais nous continuons car comme l'e-book ne fera pas disparaître les livres, la musique numérique ne remplacera pas la musique analogique."
Nicolas Ropert (www.lepetitjournal.com/rhenanie.html)