Arrivé le 13 Octobre de France, le groupe, qui a plus de 1500 représentations au compteur, va animer la semaine francophone de Shanghai durant pas moins de 14 représentations. Rencontre avec ces trublions du jazz.

Une histoire de famille
Qui sont les Zago ? C'est avant tout une famille : Jérôme, David et leur père Jack Henry, ainsi que Tony Sauvion, leur cousin. Jérôme est aux percussions, David au mélodion*, Jack à la clarinette, la flûte à bec et l'harmonica, et Tony à la guitare. Originaire de Poitiers, la petite famille s'est constituée en groupe dès 1994 ; trois ans plus tard, la musique devient leur gagne-pain. L'histoire devient sérieuse, tous quittent leur vie d'avant pour se lancer à corps perdu dans ce que Jérôme qualifie de "vie de troupe de cirque". La formule de rue fonctionne : ils sont mobiles à la scène comme à la ville, ont écumé les plages du sud de la France, qui les a "marqués dans son côté festif". Cette énergie, ils la transportent dans leurs étuis et la transmettent où qu'ils aillent, de la Hongrie à l'île de Ré.
C'est sur cette petite île, en 2011, qu'ils ont fait connaissance avec Claude Hudelot, ancien attaché culturel au consulat français de Shanghai et qui, flairant le potentiel du groupe en Chine, les prend sous son aile. Leur musique est en effet très ouverte et éclectique ; elle consiste en "reprises adaptées, festives et en œuvres personnelles". Ainsi, dans leurs concerts, l'on peut entendre deux morceaux chinois des années 30, Nanniwan et Ye Shanghai, côtoyant sans discordance les plus célèbres thèmes d'Edith Piaf. Mélodies, mélanges, musiques de films réadaptées sont la matière de ces adeptes du décalage à la relecture humoristique. Pendant que le groupe se déchaîne, Claude filme tous les concerts dans l'optique d'en faire un documentaire de 26 minutes, qui va sortir au début de l'an prochain. Car outre la musique, c'est un véritable spectacle auquel lepetitjournal.com a assisté à Shanghai !

A Shanghai : une rencontre bluffante
Ce dimanche 14 Octobre au matin, rendez-vous est pris à 8h, dans le parc Fuxing, avec la chorale "Sunday Chorus". Aux pieds des statues de Marx et Engels, le groupe se prépare. Autour, les chinois vaquent à leurs occupations matinales : diabolo, ruban, badminton, tai chi et danses. Petit à petit, lorsque la musique démarre et recouvre celle de la vie du parc au matin, les gens se pressent en cercle autour du groupe. Le cercle augmente, il est mouvant, au gré des pas des membres du groupe devant les statues. Dès que la chanson s'arrête, les spectateurs reculent en une vague respectueuse. Mais le rythme du groupe les fait s'avancer, de plus en plus, jusqu'à se confondre avec lui. Une femme de la chorale se met à chanter et danser. D'autres la suivent. Ensuite, c'est un vieil homme qui entonne la Marseillaise, qui "n'était absolument pas prévue au programme !", nous confie Jérôme, encore aux anges après l'expérience unique que le groupe à vécue dans le parc. Lorsque vient le moment de jouer les musiques chinoises prévues pour l'occasion, le public entier, ravi, se met à chanter.

A la fin du concert, les membres du groupe se font prendre à part par les spectateurs et les membres de la chorale, qui ne sont pas rassasiés et veulent continuer à chanter. L'émotion est palpable. Le groupe n'en revient pas : "l'idée de cette tournée préparée depuis un an était une vraie rencontre avec les Chinois, à l'occasion de la semaine française. Et je crois que ça a été le cas. C'est un public assez bluffant, l'écoute et le partage ont été quasi immédiats. Les gens chantent et dansent, ils se lâchent ! C'est une expérience très différente de ce qu'on connaît d'habitude !", nous dit Jérôme. Comme pour le reste du groupe, c'est sa première fois en Chine. Il est sidéré par la vie traditionnelle du parc et la culture des mélodies françaises dont le public a fait part : "C'était vraiment un échange ; les Chinois connaissent beaucoup les comédies musicales des années 30, l'opéra italien, français". Cette culture qu'ont les spectateurs chinois s'est très bien reconnue dans les chansons choisies.
Et après Shanghai ?
Retour en France ! Dès la fin du mois d'octobre, le groupe se produira à Houlgate (Normandie) ; en novembre, sur l'île de Ré puis Poitiers. Ensuite, les Zago prépareront 2013, année pleine de projets : pourquoi pas enregistrer un CD, voire un DVD, de la "formule de rue" en Chine ? Cela demandera des financements, bien sûr. Ils retourneront sûrement en Hongrie, et ont même prévu de se rendre à un Festival de Jazz près de Bordeaux, le… 12 juillet prochain ! Bref, les Zago ne sont pas prêts de s'arrêter !
*Mélodion : sorte d'orgue à bouche.
Les Zago souhaiteraient remercier leurs partenaires, grâce auxquels leur venue à Shanghai a été permise: Oliver Rassat, organisateur de la Semaine Française de Shanghai, Daniel Zhao, qui dirige le groupe Hosane - spécialisé dans la vente aux enchères d'oeuvres d'art -, le Huaihai group, présidé par la charismatique Madame Wu Hesheng, Gilbert Menetret, qui dirige le Grand Mercure Shanghai Honqiao Hotel, et Kathleen Lau, patronne du restaurant Kathleen's 5.
Propos recueillis par Sophie Rauch (www.lepetitjournal.com/shanghai.html) Mercredi 17 Octobre 2012
Informations:
Pour voir les Zago en concert, rendez-vous sur notre agenda culturel ! Tout est écrit ici.








































