Le Quartier latin poursuit sa mue. Avec « l’Aiguille », troisième et ultime installation du programme Arborescence, UQAM, BAnQ, SDC Quartier Latin et Ville de Montréal offrent au public bien plus qu’une œuvre éphémère : une expérience collective où design, apprentissage et citoyenneté se rencontrent.


Avec l’inauguration de sa troisième installation, le parcours Arborescence franchit un nouveau cap. Après la cour du pavillon Hubert-Aquin de l’UQAM et le parvis de la Grande Bibliothèque, c’est désormais au cœur du Quartier latin qu’une aiguille monumentale prend place. « Certains y voient les voiles d’un navire, d’autres un repère pour lever les yeux », a résumé Priscilla Ananian, vice-rectrice associée à la relance du Quartier latin. Symbole multiple, l’œuvre incarne la volonté d’apprendre en marchant, de transformer le quartier en terrain d’expérimentation collective.
Une aventure étudiante et partenariale
Cette installation n’est pas née d’un seul geste artistique, mais d’une démarche apprenante. Trois finissantes du DESS en design événementiel de l’UQAM — Marjorie Bahizault, Juliette Bilodeau et Maude-Emmanuelle Rancourt — ont conçu le projet en étroite collaboration avec Le Comité, coopérative de design urbain. « Chaque étape a été une école en soi », a rappelé l’une d’elles, soulignant l’importance du dialogue avec les partenaires et de l’ajustement face aux contraintes. Pour la Ville de Montréal, la BAnQ et l’UQAM, ce travail incarne « l’éclatement des silos » au profit d’une véritable intelligence collective.

Un quartier qui se découvre autrement
Au-delà de l’installation elle-même, c’est toute une saison d’activités gratuites — plus de 130 depuis juin — qui a animé le Quartier latin autour du programme Arborescence. Ateliers de cuisine, circuits culturels, causeries humoristiques : autant d’occasions de « s’approprier notre quartier et de réfléchir ensemble », comme l’a rappelé la présidente-directrice générale BAnQ, Marie Grégoire. Pour les commerçants et les citoyens, Arborescence aura surtout été un prétexte à la rencontre et à la redécouverte d’un territoire riche de multiples visages.
Le Quartier latin, un apprentissage à ciel ouvert
Pour Julien Vaillancourt, directeur général de la SDC Quartier latin, l’expérience dépasse largement l’initiative estivale : « Au début, je n’y croyais pas vraiment. Pour moi, le Quartier latin, c’était surtout ses restaurants, ses bars, ses salles de spectacle. Mais cet été, j’ai découvert autre chose : un quartier apprenant, où l’on peut être mentoré par un restaurateur comme par un artiste, et où chaque rencontre devient une leçon. »
Cette vision rejoint l’idée d’un apprentissage informel qui s’inscrit dans le quotidien du quartier. « Ce n’est pas seulement de la culture ou du festif, c’est un ADN fait d’échanges et de transmission », résume-t-il, soulignant que la SDC elle-même s’est laissée transformer par l’expérience collective.

La Ville souligne une relance tangible
Pour Robert Beaudry, conseiller municipal responsable du développement économique et du Quartier latin, l’installation de l’Aiguille s’inscrit dans un mouvement plus large. « Il y a deux ans, peu de gens auraient cru que le Quartier latin retrouverait un tel rythme », a-t-il rappelé. Signe de cette transformation, de nouveaux lieux voient le jour — de l’École nationale de l’humour à la future Maison de la chanson — tandis que les projets culturels renforcent le tissu social et économique du quartier.
« Notre administration sera toujours là pour soutenir ces initiatives qui créent de l’imaginaire collectif et rapprochent les citoyens », a-t-il poursuivi. Pour lui, Arborescence marque non seulement une étape de la relance, mais aussi le début d’un nouvel âge d’or du Quartier latin.

Une clôture festive et décalée
L’inauguration de l’Aiguille ne s’est pas achevée sur un discours solennel, mais sur un éclat de rire collectif. Pour marquer l’instant, la Ligue nationale d’improvisation a offert un micromatch haut en couleurs, enchaînant improvisations chantées, comparées et délirantes. Entre une « soupe poulet et nouilles » transformée en running gag et des envolées dignes de Sundance, le public a goûté à un spectacle à la fois absurde et jubilatoire.
Cette parenthèse théâtrale a donné le ton : l’art et la convivialité resteront au cœur du Quartier latin. Comme l’a résumé un spectateur hilare : « On ne pouvait pas rêver meilleure façon de clore la soirée. »
Un pari pour demain
Arborescence a offert au Quartier latin plus qu’une parenthèse estivale : une dynamique faite d’innovation et de rencontres. « On a appris à travailler différemment, parfois en se heurtant, mais toujours en avançant », confie Marie Grégoire. L’avenir dira si ce pari saura se transformer en tradition. L’Aiguille, elle, demeure comme un repère, rappelant que le quartier se réinvente chaque jour.
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