Lancé ce 18 juin dans la cour intérieure du pavillon Hubert-Aquin, Arborescences n’est pas une simple installation de design : c’est une déclaration d’intention. Porté par trois étudiantes de l’UQAM, soutenu par la Ville de Montréal et piloté par la vice-rectrice Priscilla Ananian, ce projet marque la première réalisation concrète du plan de transformation du Quartier latin en « quartier apprenant ». Un moment symbolique, mais surtout un début.


Une vision patiemment cultivée
Ceux qui suivent de près les efforts de revitalisation du Quartier latin l’auront noté : depuis plus d’un an, l’UQAM multiplie les gestes concrets pour rouvrir son campus sur la ville. À la tête de ce virage, la vice-rectrice associée à la relance du Quartier latin, Priscilla Ananian, mène une action résolue, sensible aux dynamiques sociales comme aux potentiels urbains. « Nous voulons faire du Quartier latin un lieu où l’on apprend autrement, au contact des autres, dans l’espace public. Un quartier où l’université, les commerces, les institutions et les habitants avancent ensemble », explique-t-elle.
Le parcours Arborescences, inauguré en présence de madame Pauline Marois et de nombreux partenaires (BAnQ, Ville de Montréal, SDC Quartier latin), incarne précisément cette approche.
Installé au cœur du campus, le projet vise à relier les mondes : celui du savoir, celui de la rue, celui de la création. « C’est un projet qui fait tomber les murs », dira plus tard Robert Beaudry, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, responsable de l’urbanisme, de la participation citoyenne et de la démocratie.

Une œuvre étudiante au service du commun
Conçu par trois étudiantes en design événementiel — Marieby Baillargeon, Juliette Bilodeau et Maude-Emmanuelle Rancourt — Arborescences est né d’un cours, prolongé en stage, puis en installation à part entière grâce à la coopérative Le Comité. La structure, faite de bois brut local, évoque à la fois la simplicité, la croissance et la rencontre. « Nous avons voulu construire un espace rassembleur, un lieu pour penser, discuter, apprendre ensemble. Comme un arbre autour duquel on se retrouve », ont expliqué les autrices du projet.

Le public y voit une table, un banc, une ombrelle — parfois les trois à la fois. Les boulons sont visibles, les matériaux laissés bruts, comme pour rappeler qu’apprendre, c’est aussi comprendre comment les choses tiennent. L’œuvre s'inscrit dans une logique de design fonctionnel, mais aussi poétique, en résonance directe avec l’identité du Quartier latin.

Un quartier qui se raconte… et qui s’écoute
Tout au long de la matinée, les discours ont célébré la convergence des forces vives du quartier : institutions universitaires, milieux culturels, commerçants et ville. Frédéric Giuliano, maître de cérémonie au ton à la fois protocolaire et complice, a ponctué les prises de parole d’élans chaleureux et bienveillants : « Merci d’être heureux », a-t-il lancé à l’assemblée, déclenchant sourires et applaudissements.
La programmation de Arborescences, qui se déploiera tout l’été, donnait son coup d’envoi dès l’après-midi avec l’enregistrement public de l’émission Réfléchir à voix haute de Jean-Philippe Pleau (ICI Première), accueillant pour l’occasion Boucar Diouf et Marie-Marthe Mallet. Un moment fort, à l’image de ce que souhaite la Priscilla Ananian vice-rectrice : « des contenus accessibles, ancrés, qui donnent envie d’apprendre en marchant dans la ville ».
Julien Vaillancourt Laliberté, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) du Quartier latin, a rappelé que l’implication des commerçants dans cette démarche apprenante allait bien au-delà de l’animation culturelle : « C’est aussi une posture. Développer un quartier d’affaires, c’est le faire en apprenant les uns des autres, en partageant les expériences. » Pour lui, Arborescences illustre cette volonté de faire dialoguer culture, économie locale et citoyenneté. « En activant l’espace public, on renforce aussi le sentiment de sécurité, de présence, d’appartenance. »

Les premières pousses d’une forêt
Avec Arborescences, c’est bien plus qu’un mobilier urbain qui a vu le jour : c’est un signal fort. Celui d’un quartier qui croit à sa transformation, et d’une université qui prend au sérieux sa responsabilité urbaine. « Deux grandes idées qui se rencontrent, c’est le début d’une forêt », a résumé Marie Grégoire, PDG de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Le Quartier latin, lui, commence à verdir — à sa manière : enraciné dans le savoir, tendu vers les autres. Reste à savoir quelle canopée collective s’élèvera dans les prochaines saisons.
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