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PEQ annulé : François Legault ferme la porte à toute clause grand-père

Interpellé ce mardi par Patrick Masbourian dans l’émission du matin de Radio Canada sur les conséquences humaines et économiques de la fin du Programme de l’expérience québécoise, François Legault a livré une réponse sans ambiguïté. Si les demandes déjà déposées seront traitées, le premier ministre refuse toute mesure transitoire supplémentaire. Un choix assumé, au nom de la défense du français et de la réduction de l’immigration temporaire à Montréal.

Francois LegaultFrancois Legault
PEQ : le premier ministre refuse toute mesure transitoire supplémentaire - Photo LPJ
Écrit par Lepetitjournal Montréal
Publié le 16 décembre 2025

 

« Toutes les personnes qui avaient déjà soumis leur demande verront leur dossier traité comme avant. Mais il n’y aura pas d’exception pour les autres » - François Legault


 

François Legault l’a confirmé clairement : le PEQ n’est pas appelé à rouvrir. Suspendu dans un premier temps, le programme a depuis été définitivement annulé, remplacé par un nouveau dispositif de sélection. « Les nouvelles demandes ne se feront plus dans le PEQ », a-t-il affirmé, mettant fin à toute ambiguïté sur le caractère temporaire ou non de la mesure

Cette clarification marque un tournant politique. Le PEQ, longtemps présenté comme une voie rapide et lisible vers la résidence permanente pour les diplômés et travailleurs étrangers, disparaît du paysage migratoire québécois. Désormais, les candidats doivent passer par le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), un système à points jugé plus restrictif et moins prévisible par les personnes concernées.

 

 

Un NON assumé à toute clause grand-père élargie

Surtout, le premier ministre a fermé la porte à une revendication centrale portée par les collectifs et élus mobilisés ces dernières semaines : l’instauration d’une clause grand-père permettant aux personnes admissibles, mais n’ayant pas encore déposé leur dossier, de le faire malgré l’annulation du PEQ.

François Legault est catégorique : seule une clause très limitée s’applique aux demandes déjà déposées. « Toutes les personnes qui avaient déjà soumis leur demande verront leur dossier traité comme avant. Mais il n’y aura pas d’exception pour les autres », a-t-il tranché. Autrement dit, le fait d’avoir étudié, travaillé, payé ses impôts et satisfait aux critères du PEQ ne suffit plus si la demande n’a pas été officiellement enregistrée avant l’annulation.

 

 

Montréal et Laval, ligne de fracture assumée

Cette fermeté s’explique, selon le gouvernement, par l’urgence linguistique à Montréal et Laval. François Legault invoque une donnée devenue centrale dans son discours : « En deux ans, 200 000 immigrants temporaires ont été ajoutés à Montréal », entraînant une baisse de cinq points du français sur l’ensemble des indicateurs, de la langue parlée à la maison à la consommation culturelle.

Dans ce contexte, le gouvernement refuse toute mesure qui pourrait être perçue comme un maintien déguisé du PEQ dans la métropole. « On veut réduire le nombre d’immigrants temporaires. On n’ira pas en ajouter », insiste le premier ministre, même lorsque les profils concernés parlent français et sont déjà intégrés au marché du travail.

 

 

Une ouverture limitée hors de la métropole

À l’extérieur de Montréal et Laval, le discours se fait plus nuancé. François Legault assure que le Québec disposera d’un nombre suffisant de places en résidence permanente pour répondre aux besoins des régions. « À l’extérieur de Montréal et Laval, on s’est assuré d’avoir assez de postes pour accepter tous les candidats admissibles », affirme-t-il.

Cette distinction territoriale confirme une orientation déjà observée dans les réformes précédentes : faire de l’immigration un outil d’aménagement du territoire, tout en assumant une pression accrue sur l’accès à la résidence permanente dans la métropole.

 

 

Une réponse politique, une fracture humaine persistante

En refusant toute clause grand-père élargie, le gouvernement fait un choix de cohérence politique, mais au prix d’une rupture brutale pour des milliers de travailleurs francophones et diplômés pourtant conformes aux critères du programme désormais disparu. Les parcours individuels, abondamment documentés ces dernières semaines, restent sans solution transitoire.

La ligne est claire, le cap assumé. Reste à savoir si cette fermeté et apparente contradiction résistera à la montée de la contestation — et à la réalité d’un Québec qui, tout en défendant sa langue, met à la porte des francophones...

 

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