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PEQ : deux pétitions pour faire respecter la promesse faite aux francophones

Deux pétitions se répondent désormais pour défendre les francophones fragilisés par la fin du PEQ. La première, déposée il y a plusieurs jours à l’Assemblée nationale du Québec et déjà forte de plus de 16 000 signatures, demande la réouverture du programme ou l’instauration d’une clause de droits acquis. La seconde, « Promesse respectée », lancée par un collectif réunissant Florent Pigeyre, Christopher Weissberg, Sophie Chainel, Séverine Biderman, Arnaud Mangematin, Grégoire Bery, Mathilde Denier et Marc Lacrampe, porte la voix des personnes touchées et réclame une clarification urgente des règles d’immigration. En toile de fond, la possibilité d’une action déclaratoire devant la Cour supérieure témoigne de la détermination croissante du mouvement.

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Écrit par Lepetitjournal Montréal
Publié le 25 novembre 2025, mis à jour le 26 novembre 2025

 

« Modifier les règles alors que des parcours sont déjà engagés, c’est fragiliser des projets de vie » - Christopher Weissberg

 

 

 

Entre 2016 et 2021, près de 21 000 Français ont choisi le Québec, plus de 10 % des nouveaux arrivants. D’autres se sont établis ailleurs au Canada : 1 600 Français ont obtenu la résidence permanente en 2024. Tous ont réorganisé leur vie autour d’un projet québécois devenu, pour beaucoup, un ancrage durable : emploi, études, entreprise, logement, scolarité des enfants. « Ils investissent dans l’avenir du Québec et du Canada, et ils l’ont fait en confiance », rappelle le collectif.

Cette confiance a vacillé le 19 novembre 2025, lorsque le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) a été aboli. Le nouveau plan d’immigration, qui plafonne les admissions à 45 000 résidents permanents par an dès 2026, a accentué l’incertitude. Du jour au lendemain, des dossiers déjà engagés se retrouvent en suspens. Les signataires dénoncent une rupture de cohérence : « Changer les règles en cours de route brise une promesse implicite », écrivent-ils.
 

 

Qu’est-ce que le PEQ ?
Le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) est un dispositif d’immigration créé pour faciliter l’accès à la résidence permanente des travailleurs étrangers et des diplômés internationaux ayant acquis une expérience significative au Québec. Son principe est simple : reconnaître l’intégration déjà réalisée sur le territoire — études, emploi, maîtrise du français — et offrir une procédure accélérée pour obtenir un Certificat de sélection du Québec (CSQ).

Pendant des années, le PEQ a représenté la voie la plus stable et la plus rapide pour les francophones souhaitant s’établir durablement dans la province. 


 

Une pétition pour rétablir l’équité

Face à ce bouleversement, la pétition « Promesse respectée » demande au gouvernement québécois de laisser les parcours déjà déposés suivre les règles en vigueur au moment de leur dépôt. Le collectif insiste sur des revendications simples : des informations claires, un calendrier transparent et la reconnaissance des engagements passés. « Ce ne sont pas des revendications politiques : ce sont des demandes humaines, raisonnables, nécessaires », résument les initiateurs.

Soutenue publiquement par le député des Français d’Amérique du Nord, Christopher Weissberg, la démarche vise aussi à replacer le débat sur le terrain de la confiance. « Modifier les règles alors que des parcours sont déjà engagés, c’est fragiliser des projets de vie », affirme-t-il. L’élu, lui-même ancien bénéficiaire du PEQ, a alerté l’ambassadeur Stéphane Dion et doit rencontrer Christopher Skeete pour réclamer « des garanties concrètes » et une véritable « clause de droits acquis ».
 

 

Signer la pétition « Promesse respectée »

 

 

Une mobilisation qui prend de l’ampleur

La dynamique dépasse désormais le seul cadre des élus consulaires. Le collectif réunit également des citoyens engagés, installés à Québec ou en Alberta, et multiplie les démarches. Florent Pigeyre confirme que l’option d’une action déclaratoire devant la Cour supérieure est actuellement étudiée, signe que la mobilisation ne se limite pas au terrain symbolique.

De nombreuses personnes concernées ont déjà témoigné de leur détresse administrative et personnelle. « Derrière chaque courriel, il y a une histoire personnelle », rappelle Christopher Weissberg. Pour recueillir ces récits et les porter aux autorités, une rencontre virtuelle est prévue le 27 novembre, ouverte à toutes celles et ceux touchés par l’arrêt du PEQ.

 

 

Pour participer à la rencontre virtuelle du jeudi 27 novembre à 12h00 (EST) 

 

 

 

 

 

 

Une mobilisation à deux niveaux : institutionnelle d’abord, citoyenne ensuite

Avant même le lancement de la pétition « Promesse respectée », une première mobilisation avait déjà pris forme dans les canaux officiels du Québec. En effet, la pétition 11821, intitulée « Maintien du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) », a été déposée à l’Assemblée nationale il y a plusieurs jours. C’est cette antériorité qui explique qu’elle ait déjà dépassé les 16 000 signatures alors que nous ne sommes que le 24 novembre. Hébergée sur le site parlementaire, elle demande la réouverture du PEQ ou, à tout le moins, l’établissement d’une clause de droits acquis pour les personnes déjà engagées dans leur parcours.

La pétition « Promesse respectée », lancée ensuite par un collectif d’élus consulaires et de citoyens, vient renforcer et prolonger cette première démarche. Là où la pétition parlementaire ouvre une voie institutionnelle et contraint le gouvernement à répondre selon les règles en vigueur, la pétition citoyenne apporte une dimension plus incarnée : récits personnels, témoignages, mobilisation de terrain. Ensemble, ces deux initiatives forment un front cohérent, mêlant légitimité institutionnelle et voix citoyennes, pour réclamer un traitement équitable des dossiers et une clarification urgente des mesures d’immigration.

 

Signer la pétition 11821 Maintien du Programme de l’expérience québécoise


 

Une question de confiance

Ces pétitions cristallisent un enjeu plus profond : celui de la fiabilité du chemin d’intégration offert aux francophones. Le Québec choisira-t-il de protéger ceux qu’il a attirés par un modèle jusque-là stable et prévisible ?

Alors que les discussions politiques s’ouvrent à peine, une interrogation demeure : comment restaurer la confiance d’une communauté qui avait cru pouvoir bâtir ici son avenir ?

 

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