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PEQ : Un programme aboli, une communauté dans la rue

Annoncée sans préavis, l’abolition du PEQ a provoqué une onde de choc parmi les milliers d’étudiants et de travailleurs étrangers installés au Québec. Ils étaient dans la rue le 29 novembre. Entre désarroi et colère, une mobilisation s’organise autour de Québec c’est nous aussi, héritière d’une première lutte victorieuse en 2019. Pour les conseillers des Français de l’étranger à Montréal, cette crise révèle les fragilités démocratiques du système et l’urgence d’un rapport de force citoyen.

Manif 29 novembre 2025Manif 29 novembre 2025
La manifestation du 29 novembre 2025 - Photo Florent Pigeyre
Écrit par Lepetitjournal Montréal
Publié le 1 décembre 2025

 

 

 

Le 7 novembre, en quelques lignes publiées au bulletin officiel, le gouvernement québécois a annoncé l’abolition du Programme de l’expérience québécoise (PEQ). Sans préavis, sans garde-fous, sans consultation. Une décision brutale qui a plongé des milliers d’étudiants et de travailleurs étrangers dans l’incertitude.
« Le ministre ne se rend pas compte de ce qu’il fait. » dit Thibault Froehlich, Conseiller des Français de Montréal « Il est dans une logique de confrontation politique, il devient insensible à la réalité vécue par les gens. »

 

Le 29 novembre, les francophones concernés descendent dans la rue et manifestent


Pour les Français et francophones du Québec, souvent venus dans le cadre d’un parcours annoncé comme fluide — diplôme, premier emploi, résidence permanente — la rupture est totale. Les promesses institutionnelles, jadis distribuées sous forme de brochures rassurantes, volent en éclats.

Ils se sont retrouvés samedi dernier, à 13h, devant le Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration à Montréal.

Ils ont ensuite rejoint le grand cortège syndicale à 14h au coin des rues Beaver Hall et René Levesque. Ils y étaient attendus et les équipes de sécurité les ont fait rentrer dans leur cortège. La colère grandit et rassemble celles et ceux qui voient leurs vies menacées.

 

Florent Pigeyre, Conseiller des Français de Montréal, était présent au coeur de la manifestation.

 

 

 

Retour sur 2019 : une réforme précipitée qui avait déjà ébranlé la communauté

L’épisode actuel ravive un souvenir encore vif : celui de la réforme du PEQ de 2019, annoncée sans préparation par le gouvernement Legault de l'époque. En 2019, déjà, la refonte brutale du programme avait provoqué un vent de panique chez les étudiants étrangers déjà installés au Québec, menacés de perdre rétroactivement leur accès à la résidence permanente. « On nous avait vendu un parcours clair : diplôme, premier emploi, résidence permanente. Et du jour au lendemain, tout s’effondrait », rappelle Thibault Froehlich.


Face à la colère, l’association Le Québec c’est nous aussi avait émergé comme un espace d’expression et de résistance. Sous l’impulsion de Thibault Camara, des milliers de jeunes avaient raconté leurs parcours, leurs fragilités, leur espoir mis à mal. Cette mobilisation, appuyée par des députés québécois engagés, avait forcé le gouvernement à reculer et à rétablir une « clause grand-père ». Une victoire rare, gravée dans la mémoire collective et qui sert aujourd’hui de ressort à la nouvelle contestation.

 

Une défense des droits encore trop fragile au Québec

Au-delà de la seule réforme migratoire, Thibault Froehlich s’inquiète aussi de la faiblesse du tissu associatif dans la défense des droits. C’est dans cette perspective qu’il soutient l’action du collectif. Une mobilisation citoyenne, structurée, ancrée dans une vision de l’égalité républicaine qu’il revendique fermement.  « Chacun doit être libre et égal en droits, quelle que soit son origine, sa religion, sa manière de vivre. Pour moi, c’est ça être républicain. »

 

L’heure des choix collectifs

Si le gouvernement québécois persiste dans son refus d’amender sa réforme, la bataille s’annonce longue. Associations, élus, citoyens : chacun devra évaluer son rôle dans ce moment politique où l’avenir de milliers de résidents temporaires se joue.
Pour Thibault Froehlich, la suite dépendra de la mobilisation :

 


« Le travail de ces associations, c’est de faire comprendre la réalité au ministre. Ou d’exercer une pression politique qui l’obligera à changer. »

 

Un futur encore à écrire

La disparition du PEQ révèle un Québec tiraillé entre besoins économiques, aspirations identitaires et responsabilités humaines. Reste une question, lancinante : la société québécoise acceptera-t-elle que des milliers de jeunes, diplômés ici, intégrés ici, rêveurs ici, deviennent invisibles du jour au lendemain ?

 

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