Édition internationale

Le musée du Louvre fait peau neuve à travers un projet pensé pour les visiteurs

Début octobre 2025, le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) a organisé une conférence intitulée « Un monde en crise : quels défis pour la culture ? », avec en invitée d’honneur, Laurence des Cars, présidente-directrice du Musée du Louvre à Paris. L’occasion d’échanger sur les défis auxquels font face les grands musées internationaux, mais surtout de présenter l’audacieux projet « Nouvelle Renaissance » pour le Louvre parisien.

Laurence des CarsLaurence des Cars
Laurence des Cars est à la tête du musée du Louvre depuis septembre 2021. Photo Augustin Eychenne
Écrit par Augustin Eychenne
Publié le 12 octobre 2025, mis à jour le 13 octobre 2025

 

 

Entre Toronto et New York, Laurence des Cars a fait escale à Montréal, où elle a donné une conférence encadrée par le CORIM, devant une salle comble au 11e étage de l’hôtel Westin.

Avec 9 millions de visiteurs par an, dont 68% d’étrangers, et 2300 agents chargés de faire résonner ces collections, le Louvre s’impose comme une des institutions culturelles les plus prestigieuses au monde, et le musée le plus visité. « Sa fréquentation est une immense fierté », avoue Mme des Cars.

Mais dans un contexte marqué par des crises économiques, géopolitiques et climatiques répétées, la célèbre institution parisienne est confrontée à des défis. « Il y a un besoin de culture, surtout dans cette période actuelle difficile, mais nous sommes là pour transmettre », confie-t-elle.



 

« Le musée est un lieu de cohésion sociale » - Laurence des Cars


 

Laurence des Cars a prononcé un discours d’une petite dizaine de minutes, au cours duquel elle a notamment rappelé l’importance des musées. « Ce sont des endroits qui offrent le temps de la réflexion et du dialogue », explique-t-elle.

 

 

Laurence des Cars a été interrogée par Louise-Maude Rioux Soucy
Laurence des Cars a été interrogée par Louise-Maude Rioux Soucy. Photo Augustin Eychenne

 

Pendant une session de questions-réponses supervisée par Louise-Maude Rioux Soucy, éditorialiste et directrice adjointe de la section Opinion du Devoir, cette dernière a abordé le sujet de la fidélisation des visiteurs.

Le Louvre adopte une stratégie simple et efficace : instaurer régulièrement des visites pour les plus jeunes le mardi, jour de fermeture du musée, afin de leur donner envie d’y retourner. « On a une responsabilité envers eux parce que la culture s’apprend dès le plus jeune âge. Quand vous avez semé le goût de revenir, ils reviennent accompagnés de leur famille et de leurs amis. Pour certains, ça peut même faire naître des vocations », affirme la présidente-directrice.


 

« Nouvelle Renaissance » : un projet ambitieux

Le cœur de son discours portait sur la présentation du projet « Nouvelle Renaissance », quatre décennies après la dernière grande rénovation du musée.

Le Louvre, qui compte aujourd'hui un établissement satellite à Lens (inauguré en 2012), qualifié de « véritable réussite », et un autre à Abu Dhabi (2017), dont Mme des Cars est « particulièrement fière », écrit une nouvelle page importante de son histoire.

L’idée a été annoncée par Emmanuel Macron, et est orchestrée par Laurence des Cars. L’objectif est clair : le Louvre entend toucher tous les visiteurs. S’il est au centre de Paris mais aussi « paradoxalement fermé sur lui-même », la mise en place de nouvelles entrées, comme la Porte des Lions, est essentielle. « La pyramide est trop petite pour accueillir les visiteurs que nous recevons chaque année », avoue-t-elle.

Entre la création de nouveaux édifices, d’une galerie sous la Cour Carrée et d’une autre entièrement dédiée à Mona Lisa, qui est « extrêmement mal présentée », admet la présidente-directrice, le Louvre souhaite retrouver sa visibilité.

Au-delà des intentions, le chantier entre désormais dans une phase concrète. Pour donner corps à cette « Nouvelle Renaissance », le Louvre s’est entouré d’architectes de renommée internationale.

Les cinq finalistes du concours international d’architecture, pour trouver qui va concevoir la rénovation, ont été annoncés hier. Avant de connaître le lauréat en avril prochain.

Le projet est notamment financé par le fonds de dotation issu du partenariat entre le musée du Louvre et celui d’Abu Dhabi. Le coût du chantier est estimé à environ 500 millions d’euros, avec une échéance en 2031, « ça nous paraît possible », affirme Laurence des Cars.

 

Réinventer sans renier : le défi des grands musées

Au-delà des murs de la Cour Carrée, c’est une vision du musée comme lieu de lien et de transmission que Laurence des Cars est venue partager à Montréal. Entre les crises qui secouent le monde et l’urgence d’entretenir le dialogue entre les peuples, le Louvre entend se réinventer sans renier son âme. Reste une question : dans un monde en quête de repères, jusqu’où les grandes institutions culturelles pourront-elles aller pour rester vivantes, accueillantes — et universelles ?

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