Édition internationale

Le Canada : un pays bâti par étapes, une identité à recoudre

Le Canada ne s’est pas construit d’un seul geste, mais par adjonctions successives, négociées ou imposées. Si l’unité territoriale est acquise, l’unité identitaire reste fragile, en particulier vis-à-vis des peuples autochtones, longtemps exclus des décisions fondatrices. L’histoire récente du Canada est celle d’un pays qui tente de recoller les morceaux de son propre récit.

Carte du Canada en 1867Carte du Canada en 1867
C'est en 1867 qu'est né le Canada, ou plus exactement le Dominion du Canada - Illustration LPJ
Écrit par Lepetitjournal Montréal
Publié le 29 juin 2025, mis à jour le 2 juillet 2025

 

 

Une géographie politique née par étapes

Lorsque le Canada voit officiellement le jour en 1867, il ne compte que quatre provinces : l’Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. À peine né, le pays ambitionne déjà de s’étendre vers l’ouest et le nord. En 1870, la Terre de Rupert (voir la carte en début d'article) alors propriété privée de la Compagnie de la Baie d’Hudson, est achetée par la Couronne britannique puis transférée au jeune Dominion. Cette immense région, couvrant le tiers du territoire canadien actuel, est intégrée sans consultation des nations autochtones qui y vivent depuis des millénaires.

 

 

Un Dominion est une colonie de l’Empire britannique qui a obtenu une autonomie politique, tout en restant liée à la Couronne pour la politique étrangère et les changements constitutionnels. Le Canada a reçu ce statut en 1867.

 

 

Dans les années qui suivent, de nouvelles provinces entrent dans la Confédération : la Colombie-Britannique en 1871, séduite par la promesse d’un chemin de fer transcontinental, puis l’Île-du-Prince-Édouard, le Manitoba, la Saskatchewan, et enfin l’Alberta en 1905. « Le Canada ne s’est pas imposé comme une évidence, mais s’est assemblé par pragmatisme, traités et promesses », résume un historien de la Confédération.

 

La Confédération canadienne : le point de départ (1867)

Le mot Confédération désigne le processus par lequel le Canada a été créé le 1er juillet 1867, à la suite de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique. Ce jour-là, quatre colonies britanniques — l’Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse — s’unissent pour former le Dominion du Canada.

On parle donc de Confédération canadienne pour désigner la naissance du pays.

Mais, attention : sur le plan juridique, il ne s’agit pas d’une confédération au sens strict, comme celle des États-Unis entre 1777 et 1789, où chaque État conservait sa pleine souveraineté. Le Canada de 1867 est plutôt une fédération : les provinces partagent leur souveraineté avec un gouvernement central.

 

 

Une expansion sans dialogue

Cette extension progressive du territoire canadien s’est souvent faite en marginalisant les populations autochtones. Les traités signés – lorsqu’ils existent – n’ont pas toujours été respectés, et dans de nombreux cas, les décisions d’intégration ont été prises sans même les consulter. L’exemple de la Terre de Rupert est emblématique : vendue sans leur avis, elle a entraîné le déplacement forcé de communautés entières et la mise en place d’un régime foncier ignorant les droits ancestraux.

« L’histoire officielle célèbre l’unification. Mais pour nous, c’est l’histoire d’une dépossession », rappelle un représentant autochtone. Le passé colonial n’est pas qu’une affaire de mémoire : il structure encore aujourd’hui les inégalités d’accès aux ressources, aux services et à la reconnaissance juridique.

 

 

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Vers une réconciliation en actes ?

Depuis les années 1980, une prise de conscience s’est amorcée. La Loi constitutionnelle de 1982 reconnaît explicitement les droits existants des peuples autochtones. Des commissions ont été mises en place, des excuses formulées, notamment pour le système des pensionnats. Mais le chemin vers une réconciliation véritable reste semé d’embûches : litiges territoriaux non résolus, lenteur des processus de réparation, inégalités systémiques.

 

 

3 dates

 

 

Pour beaucoup, le Canada moderne ne peut se prétendre pleinement formé tant qu’il n’aura pas réintégré ces peuples dans le récit national. « On ne peut pas construire une maison en oubliant ceux qui étaient déjà là », lance un enseignant autochtone à Winnipeg.

 

 

Une identité en mouvement

Le Canada s’est bâti comme un puzzle, pièce après pièce, province après province. Mais à mesure qu’il a dessiné ses frontières, il a laissé en suspens la définition de ce qu’il est vraiment. Un pays ? Une fédération ? Une promesse ? L’expansion territoriale est achevée, mais l’expansion identitaire, elle, reste incomplète. Et si l’avenir du Canada se jouait moins dans sa géographie que dans sa capacité à réparer son histoire ?

 

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