Longtemps dominée par les chocolats allemands et les créations luxueuses européennes, la tradition du calendrier de l’Avent connaît au Québec un renouveau singulier. Artisanat local, petites séries, produits gourmands ou sensoriels : la province fait de l’attente de Noël une expérience résolument moderne et profondément ancrée dans son identité. Une manière « de s’approprier ce rituel », résument plusieurs créateurs.
L’histoire des calendriers de l’Avent remonte au XIXᵉ siècle, en Allemagne, lorsque les familles protestantes glissaient chaque matin de décembre une image pieuse entre les mains des enfants. « C’était avant tout un geste pour faire patienter jusqu’à Noël », rappellent les historiens. La tradition bascule dans l’ère moderne en 1908 avec l’imprimeur Gerhard Lang, qui commercialise les premiers modèles illustrés. Suivent les petites fenêtres à ouvrir dans les années 1920, puis l’arrivée du chocolat au cœur des années 1950, marquant un tournant gourmand. Diffusée ensuite dans toute l’Europe et jusqu’aux États-Unis, la pratique se transforme peu à peu en rituel festif devenu aujourd’hui quasi universel.
Un calendrier de l'Avent est un calendrier comportant 24 cases, une pour chaque jour du 1er au 24 décembre, qui contiennent chacune une surprise à découvrir quotidiennement pour faire patienter jusqu'à Noël. C’est une manière de rythmer l'attente de Noël, liée à la période religieuse de l'Avent qui précède la fête chrétienne de Noël. Cette période, qui commence le quatrième dimanche avant Noël, symbolise la préparation à la venue de Jésus-Christ, et le calendrier permet de compter les jours avant cette fête importante dans le monde occidental.
En Europe : l’héritage décoratif et le culte du luxe
En France comme en Allemagne, le calendrier de l’Avent est aujourd’hui un produit culturel qui oscille entre tradition et sophistication. Les modèles illuminés ou rétroéclairés perpétuent l’esthétique des marchés de Noël, tandis que certaines maisons de gastronomie transforment l’objet en création artistique. « Chez Pierre Hermé, le calendrier est une œuvre d’art gourmande », rappelle Béatrice, acheteuse de produits des fêtes, soulignant des prix souvent bien supérieurs à ceux du Québec. L’accent européen demeure fortement mis sur le décoratif, le symbolique et l’expérience visuelle.
Au Québec : l’âge de l’artisanat, des petites séries et de l’écologie
Au Québec, les calendriers de l’Avent n’ont réellement pris leur essor qu’à partir des années 1990, mais la province en a fait une spécialité à part entière. Leur force ? Une créativité foisonnante et une mise en avant de marques locales. « Les calendriers québécois se distinguent par leur forte orientation artisanale », souligne-t-on. On y trouve des bougies parfumées (Soja&Co), des soins haut de gamme (Omy Laboratoires - qui se limitent à 12 jours !), des friandises véganes et sans gluten (La Boîte à Bonbons - toujours très rapidement épuisés), ou encore des cafés de torréfacteurs régionaux (Th3rdwave - avec un calendrier spécifique au Québec…).
Cette diversité reflète la volonté de proposer « bien plus que du chocolat » : des expériences sensorielles, des surprises du quotidien et des produits d’ici. L’ancrage local est renforcé par des productions limitées, souvent « à réserver tôt », ce qui confère à ces calendriers un caractère précieux et recherché.
Une offre résolument moderne, entre immersion et responsabilité
Les calendriers québécois se différencient également par une sensibilité écologique plus prononcée. Plusieurs marques misent sur les matériaux naturels, les emballages réutilisables ou les modèles rechargeables. « Ces options soulignent une démarche écologique très appréciée » rappelle un spécialiste. D’autres jouent la carte de l’immersion : maisons en carton à assembler, activités créatives, jeux éducatifs, projections d’histoires. Le calendrier devient alors un compagnon de décembre, et non plus un simple contenant à gourmandises.
Quand l’Avent devient un miroir des cultures
La comparaison entre les différentes régions du monde est révélatrice. Là où l’Europe revendique son héritage religieux et décoratif, et où les États-Unis misent sur la simplicité ludique et les snacks « iconiques », le Québec fait émerger une troisième voie : celle d’un Avent artisanal, local, écologique et profondément attaché à la qualité des contenus. « Le calendrier de l’Avent est devenu un cadeau attendu », lit-on sur le site d’un chocolatier, au point de transformer l’attente de Noël en véritable expérience personnelle et conviviale.
Le calendrier de l’Avent des Décarbonnés
Avec ce calendrier-web, on retrouve l’esprit des 24 jours avant Noël, revisité à la sauce écologique. Vingt-quatre jours d’éco-gestes simples, utiles pour vous… et pour votre portefeuille. Car si décembre rime avec magie, retrouvailles et célébrations, il s’accompagne aussi d’un défi bien réel : réduire notre empreinte. Car, durant ce mois festif, nous produisons 30 % de déchets supplémentaires, 60 % des cadeaux restent inutilisés et près de 40 % de la nourriture finit à la poubelle. Grégory vous lance donc des défis (en donnant des solutions) pour passer un temps des Fêtes agréable et plus responsable.
Le calendrier se trouve sur le site et chaque jour à partir du premier décembre, un éco-geste vous est proposé. En prime, vous pouvez participer à un concours pour courir la chance de gagner un ensemble d’appareils électroniques remis à neuf.
C’est Marie-Hélène Dubeau, présidente de Lazuli marketing conseil, qui a eu l’idée de créer Les Décarbonnés.
Une tradition en mouvement
Le Québec enrichit une tradition née en Allemagne, sublimée en Europe et popularisée en Amérique. En inventant des calendriers qui reflètent ses goûts, son identité et ses valeurs, la province démontre que l’Avent n’est pas un rituel figé, mais un terrain d’innovation culturelle. Reste une question : jusqu’où ira l’imagination québécoise pour réinventer, année après année, ce petit rituel de décembre ?
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