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Florent Pigeyre, un expatrié au service des Français de Montréal

Installé à Montréal depuis 2011, Florent Pigeyre ne se prédestinait pas à la politique. Pourtant, cet ancien consultant en gestion est aujourd’hui conseiller des Français de l’étranger et responsable du parti Renaissance en Amérique du Nord. De son engagement tardif à son influence grandissante, portrait d’un expatrié devenu un interlocuteur incontournable pour les Français du Canada.

Florent PigeyreFlorent Pigeyre
Florent Pigeyre, conseiller des Français de l'étranger
Écrit par Bertrand de Petigny
Publié le 5 février 2025

 

Un ingénieur en quête d’ailleurs

En 2011, Florent Pigeyre décide de quitter la France avec sa famille pour s’installer à Montréal. Un choix guidé par l’envie de renouveau et une meilleure qualité de vie. « J’avais envie de sortir de mon cadre habituel, de mes habitudes, et de découvrir autre chose », explique-t-il. Consultant en gestion et en management, il a principalement travaillé à Paris avant de poser définitivement ses valises au Canada. « Le quotidien est plus agréable ici qu’à Paris, malgré la beauté de la capitale. »

S’il s’intègre rapidement à son nouvel environnement, il garde un lien fort avec la communauté française tout en embrassant la culture locale. Sa femme, d’origine mexicaine, a acquis la nationalité française avant d’obtenir la citoyenneté canadienne. Le couple élève aujourd’hui deux filles, témoins d’un enracinement entre plusieurs cultures.

 

 

Un engagement politique tardif, mais déterminant

Florent Pigeyre n’a pas grandi avec la politique. « Pour moi, un politicien, c’était un voleur, un menteur. Je ne voyais pas l’intérêt de m’y intéresser », confie-t-il. Son regard change en 2019, lorsqu’il reçoit un courriel de La République en Marche, l’invitant à se porter candidat aux élections consulaires. « J’ignorais totalement l’existence des conseillers des Français de l’étranger. C’était une découverte totale. »

Curieux, il se plonge dans les rouages de cette institution et comprend vite son importance pour les expatriés. « Beaucoup de Français établis à l’étranger ignorent qu’ils ont des élus pour les représenter et les aider. Pourtant, nos actions ont un réel impact sur leur quotidien. » Après une première tentative infructueuse en 2021, il remporte finalement un siège en 2022, à l’issue d’un scrutin marqué par des irrégularités ayant entraîné son annulation et son report.

 

 

Représenter les expatriés français, une mission de terrain

Aujourd’hui conseiller des Français de l’étranger à Montréal, Florent Pigeyre se définit avant tout comme un facilitateur. « Nous sommes le lien entre la communauté expatriée et l’administration consulaire. Nos missions sont variées : accompagnement dans les démarches de passeport, résolution de problèmes liés aux retraites, questions fiscales ou encore accès aux visas. »

Mais au-delà des démarches administratives, son rôle s’étend au soutien des structures locales. Il tisse des liens avec les nombreuses associations françaises présentes au Québec, comme les Alsaciens, les Bretons, l’Union Française ou encore les écoles françaises. « Ces organismes jouent un rôle essentiel dans l’intégration et le rayonnement de notre culture. Mon travail consiste aussi à les accompagner dans leurs projets et leurs demandes de subventions. »

Cependant, la tâche n’est pas simple : face à une communauté nombreuse mais souvent peu informée sur ses droits, la mobilisation reste un défi. « Le taux d’abstention aux élections consulaires est révélateur : sur environ 200.000 Français à Montréal, nous comptons rarement plus de quelques centaines de votants. Il y a un vrai enjeu de communication et de sensibilisation. »

 

 

Entre Montréal et Paris, une influence grandissante

Son engagement dépasse rapidement le cadre local. Florent Pigeyre devient un acteur clé du parti Renaissance en Amérique du Nord. Responsable du développement des comités locaux, il veille à structurer le réseau et à accompagner les futurs candidats aux élections consulaires. « Nous avons des adhérents à Montréal, à New York, à Toronto… Mon rôle est de les fédérer et de leur donner les moyens d’être actifs sur le terrain. »

Cette implication le propulse au sein des instances dirigeantes du parti. « Depuis mon engagement, tout s’est enchaîné rapidement. J’ai accès à des responsables politiques influents. Quand je contacte l’équipe de Gabriel Attal, ils me répondent immédiatement. » Il siège également au Conseil national de Renaissance, où se dessinent les orientations stratégiques du mouvement.

Son rôle politique, bien que centré sur les Français de l’étranger, le place ainsi en interaction avec les grands décideurs de la majorité présidentielle.

 

 

 

Photo extraite du portfolio de Florent Pigeyre
Photo extraite du portfolio de Florent Pigeyre

 


 

Des sacrifices personnels au service de l’engagement

Se consacrer à la représentation des Français de Montréal et au développement du parti Renaissance en Amérique du Nord a un coût personnel. Florent Pigeyre, qui mène ces missions en parallèle de son activité professionnelle, a dû faire des choix. « Mon engagement me prend au moins deux heures par jour, tous les jours. C’est devenu une seconde nature, mais cela demande des concessions. »

Parmi les passions mises entre parenthèses, la photographie et le sport figurent en tête de liste. « J’ai toujours aimé capturer des instants, immortaliser des scènes du quotidien ou des paysages, mais aujourd’hui, je manque de temps pour m’y consacrer. » Une passion reléguée au second plan, tout comme l’exercice physique, pourtant essentiel à son équilibre. « Je fais moins de sport qu’avant, c’est un peu le revers de la médaille. »

Pourtant, il ne semble pas regretter ces sacrifices. « Quand on est engagé, on ne compte pas les heures. Le sentiment d’être utile à une communauté et de voir l’impact concret de ses actions compense largement les renoncements. » Mais avec un emploi du temps toujours plus chargé, reste à savoir s’il trouvera un jour le temps de renouer avec ces plaisirs personnels.

 

 

Un avenir politique en mouvement

Installé depuis plus d’une décennie à Montréal, Florent Pigeyre n’exclut pas un retour en France. « À chaque passage en région parisienne, je regarde les annonces immobilières… cela a tendance à me décourager… et pour l’instant, je suis ici. »

Son engagement politique, d’abord une curiosité, est devenu une véritable vocation. Sa trajectoire illustre une question qui traverse de nombreux expatriés : faut-il s’investir dans la politique de son pays d’origine ou dans celle de son pays d’adoption ? Lui a choisi de défendre les intérêts des Français établis au Canada, tout en gardant un pied dans les affaires hexagonales.

Son ascension rapide dans les cercles de Renaissance pourrait-elle un jour l’amener à briguer un mandat en France ? « Qui sait ? La politique est une aventure, tout peut arriver. »


 

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