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Liberté de la presse : le cri d’alerte de Reporters sans frontières

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©Osvaldo Silva via RSF
Écrit par Némo Empis
Publié le 2 novembre 2020, mis à jour le 4 novembre 2020

Dans une tribune publiée ce lundi 2 novembre dans plusieurs médias, Reporters sans frontières (RSF) rappelle que 32 journalistes et collaborateurs de médias ont été tués depuis le 1er janvier. Un chiffre en baisse, certes, mais qui s’explique en partie par la crise sanitaire.

La barre des 50 morts avait quasiment été atteinte l’an dernier. Cette année, 32 journalistes et collaborateurs de médias décédés à cause de leurs activités professionnelles ont été recensés à travers le monde. Un chiffre établi par l’ONG Reporters sans frontières dans son baromètre des violations de la liberté de la presse. Ce lundi 2 novembre avait lieu la « Journée internationale de la fin de l’impunité pour des crimes commis par des journalistes », l’occasion pour RSF d’alerter sur la liberté de la presse et d’interpeller l’Organisation des Nations Unies (ONU) dans une tribune publiée dans plusieurs médias.

Moins de morts mais plus de pressions

En 2019, le nombre de journalistes morts à travers le monde (49) était déjà nettement en baisse, l’année 2018 ayant été une année noire avec pas moins de 80 victimes. Des chiffres en déclin qui peuvent être trompeurs : RSF estime que de moins en moins de professionnels du métier se rendent dans les zones de conflits armés. Un chiffre d’autant plus perturbé cette année, « la période Covid a réellement changé la donne sur le terrain. Moins de journalistes ont été tués mais il y a eu plus de pressions et d'exactions contre les journalistes », remarque Christophe Déloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières. Pour lui, les menaces envers les médias sont de plus en plus difficiles à combattre, et bien plus nombreuses qu’avant.

 

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©Reporters sans frontières

 

À l’ONU, des paroles mais peu d’actes

Pour pallier ce problème préoccupant, l’organisation sollicite régulièrement l’ONU pour créer un poste de « représentant spécial pour la sécurité des journalistes ». Si RSF a réitéré sa demande dans sa tribune du jour, pour l’instant, la requête reste sans suite. Depuis le 1er janvier 2017 et la nomination d’Antonio Gutteres comme secrétaire général, seule la désignation d’un membre de son équipe comme « contact privilégié » a été entreprise. Pas suffisant pour Christophe Déloire, « il reste un peu plus d'un an au secrétaire général pour agir et laisser un héritage significatif en matière de lutte contre l'impunité et de protection des journalistes. » Pourtant, Antonio Gutteres avait affirmé qu’« aucune démocratie ne peut fonctionner sans la liberté de la presse, qui est la pierre angulaire de la confiance entre les peuples et leurs institutions », le 12 septembre sur le site d’informations de l’ONU.

Le classement mondial de la liberté de la presse comme reflet

Des paroles tenues après le meurtre de Julio Valdivia Rodriguez, qui opérait pour un journal d’État mexicain. Plus récemment, le 30 octobre dernier, un présentateur mexicain a été retrouvé assassiné près de la frontière américaine. C’est l’un des derniers meurtres relevés par RSF en 2020. Le Mexique détient donc le triste record de cette année avec six journalistes tués pour leurs fonctions professionnelles. Au classement mondial de la liberté de la presse mis à jour annuellement par l’organisation, le pays d’Amérique centrale se hisse difficilement au 143ème rang, sur 180 pays classés. L’Irak, où l’on a dénombré quatre journalistes morts cette année, se classe 162ème. Suivent la Syrie, le Pakistan et le Honduras avec chacun trois journalistes et/ou collaborateurs de médias tués en 2020. Une année particulière qui va d’ailleurs voir Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite, accueillir le sommet du G20. Si pour l’instant, aucun mort n’a été comptabilisé dans le pays hôte, Reporters sans frontières compte bien saisir cette opportunité pour y rappeler la situation.

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©Reporters sans frontières

Le G20 pour régler la situation en Arabie Saoudite ?

C’est la première fois en 15 éditions que l’Arabie saoudite accueillera le sommet du G20. Pas tout à fait comme à l’accoutumée puisque l’événement se tiendra en visioconférence, les 21 et 22 novembre prochains. L’occasion est parfaite pour RSF de demander des avancées en terme de liberté de la presse. Classé 170ème au classement mondial, le pays du Moyen-Orient s’était retrouvé sous le feu des projecteurs il y a deux ans : Jamal Khasoggi, journaliste phare avait été assassiné au consulat saoudien à Istanbul. RSF estime que le crime est resté impuni et réclame une enquête internationale et un procès public pour rendre justice à l’ancien directeur général de la chaîne Al-Arab News. À cela s’ajoute la détention de 34 journalistes dans le pays, réputé pour être l’une des plus grandes prisons de journalistes au monde. Dans une pétition, Reporters sans frontières réclame leur libération et demande aux États membres du G20 d’honorer leurs propres engagements internationaux. Via cette revendication, RSF espère obtenir des avancées concrètes concernant la liberté d’informer en Arabie saoudite.

Dans le monde entier, Reporters sans frontières recense 261 journalistes et/ou collaborateurs encore emprisonnés en 2020, auxquels il faut rajouter 119 « journalistes-citoyens » enfermés. Selon l’ONG, près de la moitié de la population mondiale n’a toujours pas accès à une information libre.

Némo Empis
Publié le 2 novembre 2020, mis à jour le 4 novembre 2020