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Vincent de Meyer: "En expatriation, l'assurance santé peut devenir un sujet vital"

Vincent de Meyer, CEO d'eugen InternationalVincent de Meyer, CEO d'eugen International
Vincent de Meyer, CEO d'Eugen International / DR
Écrit par Vincent GARNIER
Publié le 16 novembre 2022, mis à jour le 16 novembre 2022

CEO d'EUGEN International, cet ancien expat en Espagne s’est associé avec Swiss Life pour créer une startup qui a pour ambition de simplifier l'assurance santé des Français de l'étranger. Sa recette repose sur une subtile posologie, incluant une bonne dose de technologie couplée à une ration de french touch, mais aussi une longue expérience dans le secteur et beaucoup d'empathie. 


 
On ne choisit pas son assurance santé comme on choisit son assurance auto. On ne devrait pas, en tous cas. C'est ce que défend Vincent de Meyer, 53 ans, dont 23 dédiés aux métiers de l'assurance et 10 ans à la direction internationale d'April International Expat -un mastodonte du secteur. Son credo s'appuie entre autres sur une claire revendication de la noblesse de son métier, contre certains préjugés et pas mal d'idées reçues, mais aussi sur une certaine volonté d'améliorer la protection sociale de ses semblables. "Il y a quelque chose de très gratifiant, quand on est en mesure d'aider les gens à mieux se soigner", évoque-t-il. On l'oublie quand on y souscrit, et d'autant plus volontiers quand on décide de n'y point souscrire, mais l'assurance santé intervient souvent au paroxysme des épisodes les plus angoissants d'une vie, où au stress lié à l'expérience médicale -"à la survie, parfois"-" vient s'ajouter celui du coût financier des traitements. "Notre expertise consiste à intervenir le plus efficacement possible lors d'une expérience personnelle qui peut être traumatisante", résume Vincent de Meyer. "Quand on travaille sur l'accompagnement d'un client, à l'étranger, dans ces instants critiques, on sait qu'on agit sur quelque chose qui compte", observe ce natif de Troyes.

La pandémie a constitué un tournant dans la manière que les expatriés ont pu considérer leur protection de santé

La crise du Covid a simultanément bouleversé le métier et modifié les habitudes des assurés, notamment hors de France. "La pandémie a constitué un tournant dans la manière que les expatriés ont pu considérer leur protection de santé, notamment au regard du fonctionnement des systèmes locaux", évoque Vincent de Meyer. Entre mars 2020 et septembre de la même année, les assureurs ont pu observer comment leur nombre de clients augmentaient de façon exponentielle. En parallèle, ces mêmes assureurs ont dû assumer une hausse inédite de leurs frais, rappelle le CEO d'Eugen : "Il faut compter, selon les zones du globe, entre 3.000 et 8.000 euros par jour pour un séjour en soins intensifs", souligne-t-il -"en même temps, l'assurance sert à ça". De toutes manières, "hors d'Europe, les Français de l'étranger ont globalement tous besoin de trouver des solutions de santé privées", estime Vincent de Meyer. Or, si depuis l'été 2021 et l'entrée dans l'ère post-Covid, le marché s'est sensiblement contracté, une nouvelle tendance vient caractériser l'accompagnement des assurés à l'international. "Une des conséquences de la pandémie, c'est que beaucoup de personnes ont changé leurs priorités de vie. Un des phénomènes qui nous intéresse concerne ces personnes qui ont fait le choix de changer de cadre et d'aller faire leur métier dans des destinations a priori plus attrayantes, voire exotiques". Ainsi, on l'oublie peut-être, mais le nomadisme digital c'est aussi celui des cadres d'entreprise qui continuent à travailler pour leur structure, mais à distance, à Barcelone, aux Canaries, ou sous les tropiques. "Quand l'entreprise donne son accord, la question de la protection santé reste généralement hors du scope de l'employeur", observe le courtier en assurance. 

25% des chirurgies réalisées dans le monde sont soit inutiles, soit déconseillées

En Espagne et au Portugal, où Eugen a décidé de lancer sa marque pour un test grandeur nature d'un an, "on observe, entre public et privé, un système de santé à deux vitesses, notamment dès qu'il est question de prendre rdv avec un spécialiste", analyse Vincent de Meyer, qui souligne le caractère "très variable" des tarifs pratiqués hors du réseau pris en charge par la Sécurité sociale locale. "Surtout, il me semble essentiel, lorsque l'on quitte la France pour quelques années, de songer à prendre une assurance de santé internationale, qui permet entre autres de disposer de la liberté de se faire soigner dans son pays d'expatriation ou en France, sans frais". Et de souligner certaines particularités du système de santé français, avec la prise en charge notamment des frais dentaires ou encore des cures thermales, qui ne sont pas toujours remboursées dans les systèmes de santé locaux. "De manière générale, j'incite les gens à comparer et à demander un devis d'assurance internationale", insiste-t-il. Et il n'en démord pas : "La santé, c'est quelque chose de sérieux. Sur des maladies graves, des traitements longs, il est essentiel de pouvoir parler avec le médecin conseil de l'assurance, dans sa langue maternelle, avec une personne qui a le même background culturel". Et contraster les diagnostics effectués par le système de santé local : "Nos médecins sont habitués aux situations que nos assurés sont amenés à vivre, ils sont là pour les informer, les conseiller, et éventuellement les orienter vers d'autres solutions. C'est important, parce que lorsque l'on rentre dans la prise en charge en local, il devient très difficile de sortir de ce tunnel. Pourtant, parfois, cela peut être le plus recommandable". Vous en doutiez peut être, vous serez rassurés, n'en déplaise la redondance : "C'est dans l'intérêt de l'assureur, qui est engagé jusqu'à la fin de vie de son client, quel que soit son état de santé, que l'assuré soit bien soigné". Or, voilà de quoi ébranler votre assurance, "25% des chirurgies réalisées dans le monde sont soit inutiles, soit déconseillées", s'indigne Vincent de Meyer, qui recommande vivement de faire appel à un second avis dans les cas relevant de la traumatologie ou de la chirurgie réparatoire, notamment relatifs à la pose de prothèses ou à une reconstruction suite à un cancer du sein. "Ce sont des sujets où il faut écouter, et surtout ne pas se précipiter", poursuit-t-il.

 

Protection sociale des expatriés, à la française

Trop franchouillard le CEO d'Eugen ? Au vu de son parcours professionnel, résolument tourné vers l'international, on pourrait en douter. Pourtant "le courtier dédié à 100% à l’assurance des expatriés" revendique bel et bien, avec son nom vieille France, un certain savoir-faire gaulois. "Il y a deux écoles dans le monde de l'assurance", explique Vincent de Meyer, "l'école franco-germanique et l'école anglo-saxonne". Eugen, nul n'en doute, appartient à la première, qui se caractérise notamment par l'inscription, dans le contrat d'assurance, de la liste des exceptions qui ne sont pas couvertes. Au contraire, le contrat anglo-saxon liste de façon exhaustive toutes les affections qu'il couvre... sans nommer les exceptions. Une différence d'approche qui, aux yeux de Vincent de Meyer, protège mieux Bernard que John, Jacques que Jim. Une "french touch" qui, on l'a vu aussi, s'avère capitale quand on parle de sa santé et qu'il s'agit d'échanger, en français donc, sur les aspects les plus sensibles de son intimité. "On est le contraire d'une plateforme délocalisée : nos équipes en contact direct avec le client sont hyper formées sur l'empathie", rebondit en outre le dirigeant. "Notre objectif est résoudre dès le premier appel tous les problèmes de l'assuré, afin de lui simplifier ses démarches".

 

Simplifier l'assurance des expats

"Mon obsession, c'est de simplifier le sujet de l'assurance. Les procédures, les documents, les paperasses... C'est pénible à n'en plus finir, surtout quand on est souffrant" insiste Vincent de Meyer. "Eugen, c'est avant tout une entreprise technologique", revendique-t-il. "Nous avons complètement repensé le parcours client et développé une app que l'assuré télécharge et où tout ce qui concerne sa vie dans l'assurance sera centralisé, dans un véritable soucis de lui simplifier la vie". "Nous sommes en outre des spécialistes de la mobilité internationale, de l'étudiant à l'entrepreneur en mission d'affaire. On n'est pas les seuls, mais assurer hors de France, c'est notre spécialité, c'est ce que l'on sait faire. En Espagne, nous avons créé un produit d’assurance santé internationale avec Swiss Life qui couvre l’hospitalisation, les consultations de spécialistes et généralistes, les médecines douces…  Dès le premier euro nos solutions permettent à l'assuré de choisir librement son médecin traitant, de connaître à l’avance la hauteur du remboursement des frais médicaux, et d'avoir une couverture maximale inspirée du système français, avec notamment des couvertures optique et dentaire rarement prises en charge dans les autres solutions", développe-t-il. Après l'Espagne et le Portugal en 2022, Eugen International propose dès la fin de l'année une couverture sur toute l'Europe. Et l'entreprise devrait sortir du Vieux continent dès 2023 -"le cahier des charges est prêt, les négociations réalisées". L'objectif est de réaliser 2,5 millions d'euros de primes sur 2023 et de cumuler 18 millions d'ici 2027. "Notre développement passe par l'élargissement de notre gamme de produits, le développement de notre réseau de soins et... trouver de belles personnes pour s'impliquer dans le projet", conclut Vincent de Meyer.