En fin de semaine dernière, l'Institut français de Madrid a accueilli les journées du Français Langue Étrangère (FLE) réunissant des professeurs de français de toute l'Espagne, ainsi que des éditeurs et autres professionnels. En tout, près de 460 enseignants étaient inscrits pour assister aux ateliers et conférences. Cette année, un discours ressort de ce rendez-vous pédagogique : les professeurs doivent "aller plus loin".
La conférence du Président de la Fédération espagnole des associations des professeurs de français (FEAPF), Julián Serrano Heras, vendredi matin, a donné le ton de cette édition : en citant les multiples exemples de projets au service de la francophonie dans les écoles, il a encouragé les professeurs à dépasser le simple cadre des cours, pour s'investir et s'engager de manière militante (et associative) dans la promotion du français. Mais la qualité de l'enseignement constitue aussi un vecteur important pour assurer le rayonnement de la langue de Molière : elle permet de véhiculer une image positive de la langue auprès des établissements et parents espagnols. Manuela Ferreira Pinto, Attachée de coopération éducative à l’Ambassade de France, insiste ainsi sur les objectifs à atteindre : "La défense du français en tant que deuxième Langue Vivante (LV2) et le plurilinguisme". Et si depuis les années 1990, l'Espagne a suivi l'élan européen du choix de l'anglais en LV1, le français reste un choix de LV2 privilégié. Lors des journées FLE, la conférence plénière et la table ronde avaient ainsi pour but de donner des arguments aux professeurs en faveur du français, à utiliser dans leur vie professionnelle.
Un contexte favorable à l'enseignement du français en Espagne
Ce discours, omniprésent au cours des journées FLE, se place dans un contexte espagnol positif. D'abord, le Plan Stratégique pour le Développement des Langues en Andalousie Horizon 2020, consistant à mettre en place une LV2 obligatoire dès la 5e de Primaire, a été abordé durant la conférence plénière. C'est l'occasion pour le FLE de se développer davantage d’autant que l'Andalousie est une terre avec une grande présence française, économique et touristique. De l'autre côté de la Méditerranée, de potentiels partenaires francophones constituent autant d'encouragements pour que l'Andalousie se tourne vers la langue de Molière. Si cette décision représente un coût pour la Communauté Autonome (longue formation, recrutement), les organismes du FLE aideront financièrement ce projet. Les Canaries, pour des raisons similaires, mais aussi la région de Madrid récemment, ont aussi fait preuve d’avancées importantes dans la promotion de l’enseignement du français.
Un rendez-vous incontournable pour les professeurs et les professionnels
Au-delà de la motivation des troupes, les journées FLE organisées par l’Institut français constituent aussi l’occasion de débuter l’année scolaire du bon pied. Pour Angel Garcia Rodriguez, professeur de français à Salamanque, les journées FLE sont "l'occasion de rencontrer les collègues" et de "consulter l'offre éditoriale". Les maisons d'édition de manuels de français langue étrangère sont de fait présentes à chaque édition pour présenter les nouveautés et conseiller les enseignants. Eve-Marie Bouché, représentante de SM Savia, co-éditeur en Espagne avec Hachette, confirme que ces deux jours sont "les journées les plus intéressantes au niveau national", car elles permettent de rencontrer des professeurs de toute l'Espagne. A cette période de l'année, les éditeurs peuvent "se faire une idée des inquiétudes, des besoins des professeurs". Parmi les quelque 450 inscrits, Odile Pastre, professeur de français à la retraite, est quant à elle venue participer à l’événement car elle se dit "passionnée de l'enseignement". Elle est venue découvrir "les effets de mode" du FLE, à l'instar de l'atelier intitulé "Les TICE, un mariage de raison avec la classe inversée".
Entre numérique et créativité, des ateliers de formation originaux
Les journées FLE ont cette année proposé 23 ateliers organisés matin et soir sur deux journées, vendredi et samedi. Sept d'entre eux concernaient les technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement. Le numérique à l'école est désormais inévitable. Pour Marc Oddou, de la maison d’édition SM Savia, "On ne peut pas passer outre". Malgré quelques professeurs réticents et un peu perdus avec les nouvelles technologies, la curiosité était plutôt de mise pour découvrir et apprendre. Des ateliers tels que "Utiliser le téléphone portable en classe" ou "Sortir de la classe à travers les réseaux sociaux" ont connu un beau succès. Et concernant les outils pédagogiques aussi, les professionnels mettent à disposition des plateformes numériques interactives. Huit ateliers étaient enfin consacrés à la créativité : "Apprendre le français à travers le prisme de la gastronomie française" ou encore "Utiliser le théâtre pour faciliter l'apprentissage du FLE" par exemple, de quoi inspirer les professeurs de français dans leur enseignement.