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A. Scandaliato: "Passer le DELF, c'est faire la différence sur le marché de l'emploi"

Annita Scandaliato a débarqué dans la capitale espagnole au cours des années 80, en provenance de Paris, comme son nom ne l'indique pas. Avec ses origines italiennes, cette Française "très latine" a fait toute sa carrière au sein de l'Alliance française de Madrid, où elle est désormais responsable des diplômes internationaux et des relations pédagogiques institutionnelles.

Annita Scandaliato alliance française madridAnnita Scandaliato alliance française madrid
Écrit par Vincent GARNIER
Publié le 5 juin 2023, mis à jour le 5 juin 2023

Pour elle, "à partir du B1 il est vraiment conseillé de se diplômer". Le DELF, diplôme d'études en langue française, valable à vie, permet en effet de certifier le niveau de l'apprenant, un plus pour la carrière professionnelle, pour le CV, mais aussi pour les études.

Alliance française: aussi des cours d'espagnol

Entre avril et fin juin, Annita Scandaliato ne touche pas terre, avec plus de 2000 candidats aux examens à gérer sur la période. Si l'Alliance française de Madrid participe de fait à 5 sessions DELF sur toute l'année, destinées à des publics différents, c'est au printemps que le gros de l'activité se concentre. Une activité essentielle pour cette institution, qui vient compléter les ressources générées par les cours de français grand public, les cours en entreprise, les séjours linguistiques et, on le sait moins, les cours d'espagnol pour nouveaux arrivants.

C'est aussi une véritable gymnastique pour la responsable des examens, qui doit mobiliser un corps enseignant "habilité" à faire passer cet examen tout en assurant la continuité des enseignements. Ainsi en mai, l'Alliance diplôme les élèves des établissements scolaires, puis fait passer le DELF Prim aux plus jeunes (6-11 ans). Début juin, l'Alliance française banalise une semaine entière de cours "Grand Public", habituellement dispensés dans ses locaux, afin d'assurer la disponibilité maximum de son corps professoral, et encadrer pas moins de 1400 candidats, accueillis en deux vagues au sein du Lycée français, pour les niveaux A1, A2 et B1, puis B2.

Trois fois plus de candidats au niveau C1 

A la fin du mois, c'est le tour du DALF (diplôme approfondi de langue française), pour les niveaux C1 et C2, respectivement une grosse centaine et une petite dizaine de candidats. Les chiffres peuvent paraître anecdotiques, ils sont pourtant parlants pour Annita Scandaliato : "On a multiplié par 3 nos candidats C1 en quelques années", évoque-t-elle, "c'est le résultat d'une hausse constante des requis de langue, à tous les niveaux".

A l'instar à Madrid de l'enseignement bilingue dans le système public, où les professeurs doivent désormais démontrer un niveau C1, au lieu de B2 précédemment, pour pouvoir opter aux places disponibles. De fait, les candidats aux examens de DELF et de DALF se présentent en grande partie pour des raisons professionnelles. "Passer cet examen, c'est faire la différence sur le marché de l'emploi", défend la responsable des diplômes internationaux. "Je conseille vivement, à partir d'un niveau B1, de se diplômer. Entre une personne qui a le DELF et une personne qui ne l'a pas, le recruteur aura vite fait son choix".

Il faut se préparer bien à l'avance

"Personne ne passe le DELF par frivolité", aime à rappeler Annita Scandaliato, d'autant que les examens ont un coût (168€) et requièrent une préparation ad hoc. Pour un niveau A1, il faut compter 60 heures de cours (deux trimestres), 90 heures pour le niveau A2, 150 heures pour le B1 et 200 heures pour le B2. "Ce qui est terrible, ce sont les personnes qui nous contactent à la dernière minute, souvent trop tard pour bien préparer l'examen". Pour partir en Erasmus (niveau B1 requis), étudier dans certaines universités suisses (B2 ou C1 requis) ou valider leur licence, grado dans la langue de Cervantès (B2 requis en 2e langue étrangère), les candidats doivent prévoir sur le long terme et ne pas s'y prendre au dernier moment, sinon ils risquent le recalage. "Le DELF est valable à vie", éclaire encore Annita Scandaliato, "c'est un diplôme très fonctionnel, qui prouve des capacités concrètes, dans toute une série de situations de la vie courante et de la vie professionnelle" et qu'on aura donc intérêt à préparer correctement. Pour les autres, pour ceux qui s'y prennent au dernier moment, "il faut savoir que tous les 2 mois, nous organisons des sessions de TCF, le Test de Connaissance du Français, qui certifie à un moment donné, et pour une durée limitée, un niveau de connaissance de la langue".    

Après plus de trente ans dédiés à l'enseignement au sein de l'Alliance française de Madrid, Annita Scandaliato n'a pas perdu l'amour du métier, loin s'en faut. "Quand je rentre en classe, j'ai toujours ce petit quelque chose qui me démange", sourit-elle. "Quand j'ai commencé, le FLE (Français Langue Etrangère) n'existait même pas", se rappelle-t-elle. "J'adore me déplacer sur le terrain" raconte-t-elle encore, "aller à la rencontre des établissements scolaires où nous avons des conventions pour diplômer les élèves". "Dans la Communauté de Madrid, l'enseignement du français LV2 a complètement été délaissé" déplore la responsable. "Avec 2 heures d'enseignement par semaine, on ne peut pas prétendre apprendre une langue". Pourtant "aujourd'hui, tout le monde parle l'anglais. C'est en démontrant qu'on parle une autre langue, avec un certain niveau, que l'on peut se démarquer", insiste Annita Scandaliato.
 

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