Édition internationale

L’Espagne dépasse les États-Unis dans le classement mondial de l’État de droit

Dans un monde où l’État de droit recule, l’Espagne tient sa ligne. Avec une note de 0,71 au Rule of Law Index 2025, elle conserve sa 25ᵉ place sur 143 pays, juste devant les États-Unis (0,70), et confirme la solidité de ses institutions face à la vague autoritaire qui gagne du terrain ailleurs.

congrès des députés en espagnecongrès des députés en espagne
@Julian David Perez Del Basto, CC BY-SA 4.0. / Congrès des députés d'Espagne
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 29 octobre 2025, mis à jour le 30 octobre 2025

Partout dans le monde, l’État de droit vacille. D’après le Rule of Law Index 2025, 68 % des pays voient leurs institutions reculer, contre 57 % l’an passé. Une tendance lourde que le World Justice Project qualifie de “récession mondiale de l’État de droit”, nourrie par la montée des réflexes autoritaires et la contraction de l’espace civique.

Les libertés publiques en font les frais : expression, association, participation citoyenne… autant de droits qui s’effritent sous la pression des pouvoirs exécutifs. « Le recul de l’indépendance judiciaire et la restriction des libertés fondamentales font peser une menace croissante sur la démocratie », avertit le rapport.

 

Corruption : l’Espagne plonge dans le classement des pays de l’OCDE

 

L’Espagne conserve sa place dans le classement mondial de l’État de droit

Dans ce contexte globalement négatif, l’Espagne se distingue par sa stabilité. Son score global fléchit à peine, mais son classement reste stable : 25e sur 143 pays, 18e sur 31 dans la région Europe–Amérique du Nord.

Le pays affiche de bons résultats, notamment en matière de droits fondamentaux (20e) et de lutte contre la corruption (23e), des domaines où il dépasse la moyenne européenne. En revanche, la justice civile (30e) et le gouvernement ouvert (23e) continuent de freiner sa progression.

« L’Espagne garde une base institutionnelle robuste, mais seule une réforme en profondeur de la justice civile et davantage de transparence lui permettraient de rejoindre les standards du Nord de l’Europe », souligne le World Justice Project.

 

Un souffle d’avance sur les États-Unis

Avec une note de 0,71, l’Espagne devance de peu les États-Unis (0,70). Un écart presque anecdotique, mais qui a valeur de symbole : dans un monde où les démocraties reculent, Madrid tient bon. Le pays se maintient dans le peloton des États européens solides, proche de la France (0,72), devant le Portugal (0,68) et l’Italie (0,66).

 

Classement comparé – Rule of Law Index 2025

Pays

Rang mondial (sur 143)

Score global

Évolution 2024–2025

Remarques

Danemark

1

0,90

=

Premier mondial pour la 7ᵉ année consécutive

Norvège

2

0,89

=

Solide performance institutionnelle

Finlande

3

0,87

=

Excellent équilibre entre droits et transparence

France

22

0,72

–0,5 %

Légère baisse, mais maintien dans le top 25

Espagne

25

0,71

–0,9 %

Stable, dépasse les États-Unis

États-Unis

26

0,70

–1,1 %

Poursuite du déclin institutionnel

Portugal

28

0,68

–0,6 %

Recul modéré, proche de l’Espagne

Italie

32

0,66

–1,3 %

Lenteur judiciaire persistante

Hongrie

79

0,51

–1,8 %

Plus faible score de l’UE

Venezuela

143

0,26

Dernier du classement mondial

 

Le haut du classement reste l’apanage des pays nordiques — Danemark, Norvège, Finlande, Suède — qui continuent de donner le ton. À l’autre extrémité, le Venezuela, l’Afghanistan et le Nicaragua ferment la marche.

 

Des libertés sous pression : si la position de l’Espagne demeure stable, certains indicateurs inquiètent. Le rapport note un affaiblissement des contre-pouvoirs et une hausse des ingérences politiques dans la justice, un phénomène commun à plus de 60 % des pays observés. L’indépendance judiciaire, pilier de l’État de droit, reste donc un point de vigilance.

 

L’Europe du Nord toujours en tête

Sur les 31 pays de la région Europe–Amérique du Nord, 22 enregistrent un recul, dont 16 pour la deuxième année consécutive. Le trio scandinave — Danemark, Norvège, Finlande — garde la tête sans vaciller, pendant que la Grèce, la Bulgarie et la Hongrie ferment la marche, cette dernière chutant au 79ᵉ rang mondial.

Dans ce paysage contrasté, l’Espagne fait preuve d’une stabilité rare au sud du continent. Mais pour espérer mieux, il lui faudra désengorger sa justice civile, affermir l’indépendance de ses magistrats et ouvrir davantage ses institutions au contrôle citoyen.

Avec une note de 0,71 et un 25ᵉ rang mondial, l’Espagne peut se targuer d’un bon score, mais le défi est désormais ailleurs : transformer la solidité en excellence — et ne pas se contenter de rester debout pendant que d’autres pays reculent.

 

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