Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

"Je suis vieux, pas idiot", la campagne qui fait trembler la banque en Espagne

Campagne "je suis vieux pas idiot", destinée à la banque en Espagne (2)Campagne "je suis vieux pas idiot", destinée à la banque en Espagne (2)
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 26 janvier 2022, mis à jour le 26 janvier 2022

Ce n’est pas chose courante que de voir les Espagnols se mobiliser massivement pour une cause. Un retraité est devenu en un mois le symbole d’un ras-le-bol général. Ce "gilet jaune" espagnol a lancé sur change.org une pétition exigeant un traitement plus humain dans les agences bancaires, ce qui a fait réagir le gouvernement.

Un médecin à la retraite de 78 ans est devenu en quelques semaines un vrai héros pour des millions d’Espagnols. Carlos San Juan, c’est son nom, en avait assez d’être "maltraité" par les banques et de voir qu'elles laissent de côté les personnes âgées. 


Numérisation des clients espagnols

Il est vrai qu’au cours des dernières années, les banques ont mis en œuvre des politiques de "numérisation de la clientèle", ce qui, ajouté aux fermetures massives d'agences, renforce les critiques de certains clients, auxquelles les employés des agences bancaires doivent faire face.

Carlos San Juan avait commencé à recueillir des soutiens auprès de sa famille, de ses amis et de ses connaissances, mais c'est grâce à l'élan de Change.org que sa plainte a atteint toute l'Espagne. Son succès a été fulgurant et sa revendication est devenue le cri de ralliement de toute une génération oubliée. 

 

 

campagne banque espagne


Bientôt 500.000 signatures

Le retraité a ainsi recueilli plus de 400.000 signatures et, à la vitesse où la pétition circule, il est probable qu’elle atteigne très vite les 500.000, ce qui en fait l’une des campagnes les plus plébiscitées de la plateforme citoyenne. 

"Les personnes âgées sont aussi des clients". C'est avec ce simple slogan que Carlos San Juan mène sa campagne de collecte de signatures sur Change.org.
.
Comme il l’explique sur la plateforme, "J'ai presque 80 ans et cela m'attriste beaucoup de voir que les banques ont oublié les personnes âgées comme moi. Maintenant, presque tout est en ligne... Nous ne méritons pas cette exclusion. C'est pourquoi je demande un traitement plus humain dans les agences bancaires".


Le gouverneur de la Banque d’Espagne pris à partie

Il dénonce aussi la façon dont il s’est senti "humilié" lorsqu’il a demandé de l'aide dans une banque et qu'on lui a parlé comme s’il était stupide, ne sachant pas comment effectuer une transaction. "Je suis vieux, pas idiot. Les personnes âgées existent, nous sommes nombreux et nous voulons être traités avec dignité". 

En plus de cette campagne, le retraité a aussi envoyé une lettre au gouverneur de la Banque d’Espagne, dans laquelle il se dit lassé et rappelle que les personnes âgées sont "parfaitement capables de gérer" leur épargne, même si des "obstacles technologiques" les rendent parfois "incapables d'effectuer une quelconque opération".


Garantir l'inclusion financière des personnes âgées

Au vu du succès de l’initiative de Carlos San Juan, les autorités ont pris très au sérieux sa pétition. Le gouvernement a ainsi exhorté les banques à garantir "l'inclusion financière" des personnes âgées. Nadia Calviño, la vice-présidente chargée de l'économie, a rencontré les associations patronales du secteur bancaire pour exiger que les personnes âgées ne soient pas exclues des services financiers. 

Le secteur s'est alors empressé de s’engager auprès du gouvernement à mettre à jour son "protocole stratégique pour le renforcement de l'engagement social et durable du secteur bancaire", ce qui, en clair signifie proposer de nouvelles solutions qui garantissent l'inclusion financière.


Paroles, paroles, paroles…

Les banques essaient en vain de se défendre en faisant valoir qu'elles ont déjà pris des mesures pour leurs clients, telles que l'amélioration de l'attention personnelle, l'élargissement de leur portefeuille de produits et services, l'adaptation des guichets automatiques et le lancement de programmes d'éducation financière.

Pour l’instant, ce ne sont que des mots et, tant qu’ils ne seront pas suivis de mesures concrètes, le retraité en colère continuera ce que les médias espagnols appellent déjà la "révolution des retraités".