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Vaccination: la répartition et l'usage de passe-droits font polémique

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Steven Cornfield 
Écrit par Perrine Laffon
Publié le 24 janvier 2021

Le bon développement du plan de vaccination anti-Covid est un casse-tête pour tous les pays à l'heure actuelle. En Espagne, le rythme de vaccination est inégal entre les régions depuis le début de la campagne, qui est maintenant entachée par diverses polémiques.

 

L'objectif annoncé par le ministère espagnol de la Santé est d'avoir 70% de sa population vaccinée cet été. Une véritable course contre la montre est lancée pour pouvoir atteindre ce taux malgré un début de campagne de vaccination aux rythmes variés selon les régions. Selon le rapport publié par le gouvernement vendredi dernier, 1.346.100 doses de vaccins ont été distribuées à ce jour à l'ensemble des communautés autonomes, dont 86,6% ont été appliquées à la population. Le processus complet de vaccination est validé après l'application d'une seconde dose du vaccin, dont seulement 5,87% ont été injectées : seulement 68.456 Espagnols auraient donc réalisé le processus complet de vaccination à ce jour.


Une répartition inégale entre les Communautés autonomes

Depuis l'injection de la première dose de vaccin en Espagne fin décembre, le niveau de vaccination est très inégal entre les communautés autonomes. Selon le dernier rapport du ministère de la Santé, huit régions sont encore en-dessous de la barre des 80% de doses appliquées. La communauté autonome des Canaries est celle qui présente le plus fort taux de vaccination (99,1%), suivie de Aragón (97,2%) et de la région de Cantabrie (96,9%). À l'inverse, le Pays Basque et la communauté autonome de Melilla n'ont distribué respectivement que 72,3% et 68,8% des doses reçues.


Un imprévu dans la distribution 

Quatre régions espagnoles, la Catalogne, Madrid, la Communauté valencienne et l'Andalousie, ont dénoncé le manque de vaccins auquel elles doivent actuellement faire face. À Madrid, le conseiller régional de la Santé, Enrique Ruiz Escudero, a annoncé que la région n'avait pas les doses nécessaires pour vacciner son personnel médical en première ligne de lutte contre le virus, et a même évoqué une "discrimination de la part du ministère espagnol de la Santé dans la répartition des vaccins". Le manque de quantité s'expliquerait par des réformes dans le système de production des laboratoires Pfizer, qui n'auraient pas pu fournir le nombre de doses prévues ; l'approvisionnement devrait cependant retrouver son niveau dès la semaine prochaine. Mais plusieurs provinces dénoncent une autre inégalité : certaines zones ne possèderaient pas les seringues adéquates pour pouvoir extraire les six doses du vaccin et n'en perdre aucune.


Irrégularités, polémiques et passe-droits

Les groupes de population définis comme "prioritaires" doivent recevoir le vaccin le plus rapidement possible. Il s'agit des personnes âgées et vulnérables, du personnel qui s'en occupe, ainsi que du personnel médical impliqué dans la lutte contre le Coronavirus. Pourtant, plusieurs représentants politiques et hauts fonctionnaires auraient reçu le vaccin alors qu'ils ne faisaient pas parti de ces groupes prioritaires. Les conseillers à la Santé et les représentants de plusieurs communautés autonomes comme Ceuta, Murcie, les Canaries, ainsi que des Maires et des conseillers de la Communauté valencienne ou d'Andalousie entre autres, ont reçu le vaccin alors que d'autres citoyens prioritaires devaient le recevoir avant eux. Le scandale n'éclabousse pas que la sphère politique : dans le monde militaire aussi, les privilèges ont permis à plusieurs hauts gradés de l'armée de recevoir le vaccin contre le Covid-19. Le chef d'état-major de la Défense (Jemad), le général Miguel Ángel Villarroya, a démissioné samedi suite aux révélations faites par la presse.
 

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