Ramiro Mato a intégré Paribas en 1993 à Londres, après diverses expériences d'expatriation. Il a connu les fusions avec BNP en 2000, l'acquisition du Banco Nazionale del Lavoro en 2004, puis celle de Fortis en 2010. Il est aujourd'hui à la tête de 4000 employés en Espagne et gère les trois branches d'activité du groupe : la banque de détail (Retail banking), la banque d'investissement (Corporate and investment banking) et la fourniture de solutions intégrées au service des investisseurs et des partenaires distributeurs (Investment solutions). De tradition plutôt anglophile, il défend cependant une relation commerciale privilégiée avec plusieurs centaines de grands groupes français présents sur le territoire
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Lepetitjournal.com : Quelle est la situation de BNP Paribas en Espagne ? Dans quelle mesure la banque a-t-elle été affectée par la crise ?
Ramiro Mato : BNP Paribas se porte bien. Notre banque jouit d'une très bonne capitalisation et peut se vanter d'avoir une situation extrêmement solide, en dépit de la crise. Nous sommes sortis de l'immobilier à temps et n'avons pas eu à souffrir un niveau d'impayés trop important. Cela est notamment dû à une politique de prise de risques très conservatrice, qui nous a permis d'éviter les produits trop volatiles et nous a fait nous positionner sur des opérations ayant donné de bonnes performances, en dépit de la conjoncture. Nous sommes très stricts sur les contrôles et les procédures.
Quelles sont les principales activités de BNP Paribas sur le territoire ? Ses stratégies de développement ?
Le groupe détient des positions clés dans ses trois grands domaines d'activité : Retail Banking, Investment Solutions et Corporate & Investment Banking. Dans ses activités Corporate & Investment Banking et banque privée, BNP Paribas bénéficie d'un leadership parmi les banques internationales en Espagne.
Nous sommes très forts et très présents sur les marchés boursiers : nous sommes le numéro 1 pour la liquidation des opérations en bourse, c'est à dire pour l'ensemble des opérations qui concernent le paiement, la livraison ou la prise en charge de l'achat et de la vente de valeurs boursières. Nous sommes également un acteur important pour les clients particuliers, avec Cortal Consors Autre secteur où nous sommes particulièrement performants : l'assurance paiement. Avec notre filiale Cetelem, nous sommes les deuxièmes acteurs en Espagne concernant les prêts à la consommation courante, après le Santander. En 2011, nous venons de réaliser la meilleure année de notre histoire en Espagne,.. Nous sommes actifs sur énormément de secteurs comme l'immobilier, le renting, etc?, mais s'il fallait en citer un dernier, je dirais le prêt hypothécaire. Certes ce marché a largement été touché par la crise, qui a congelé nombre d'opérations immobilières, mais nous restons un acteur très fort sur le marché. Pour un Français souhaitant acquérir une résidence secondaire dans la Péninsule par exemple, nous représentons une source de financement naturelle.
Concernant la banque de détail enfin, on ne peut pas vraiment dire que ce soit notre point fort, même si nous sommes positionnés parmi les 3 premières banques internationales en Espagne, avec Barclays et Deutsche Bank, et avec près de 35 milliards d'euros d'actifs pour l'ensemble de nos activités.
Notre stratégie de développement est claire : nous allons consolider dans les années à venir notre position sur les différents secteurs où nous sommes présents, avec l'objectif de faire partie du top 3 de chacun d'entre eux. Nous continuerons à contrôler les coûts et les risques. Et nous chercherons à rentabiliser de façon plus efficace encore le capital, sachant que les moyens sont toujours plus réduits et que les ressources se font de plus en plus rares sur le marché.
Pour nous il est primordial d'être actif sur les opérations des gros acteurs, telles que les émissions de bons, les grands financements, les fusions / acquisitions ou les privatisations.
Comment percevez vous l'évolution de la situation économique en Espagne et plus particulièrement du secteur bancaire ?
La banque espagnole a été touchée par la crise, spécialement dans l'immobilier. Les consolidations et les fusions devraient donc suivre leur cours, afin d'assainir le secteur. Il semble clair que le nombre d'entités va diminuer. J'espère que cela permettra de solidifier et de rentabiliser le secteur bancaire. Quand toucherons nous le fond ? Au 2e semestre 2012, je suppose. Et ensuite ? Ensuite l'Europe connaîtra une croissance très modérée, pendant 3 ou 4 ans au moins en ce qui concerne l'Espagne.
Je tiens cependant à souligner que l'Espagne dispose de grandes banques, comme la BBVA, le Santander ou la Caixa, qui sont internationales et se débrouillent très bien notamment hors des frontières ibères.
Propos recueillis par Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 16 février 2012
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