L'industrie de l'édition dénonce le problème du piratage et la violation des droits d'auteur en Espagne. Le nombre de visiteurs de pages qui partagent des contenus piratés a augmenté de près de 60% au cours de l'année écoulée.
Selon un rapport présenté par le Centre Espagnol des Droits de Reprographie (CEDRO), l'industrie espagnole de l'édition est désavantagée par rapport aux autres pays européens. Le directeur général du Cedro a même averti que cela pourrait "compromettre la viabilité du secteur de l'édition". Et par conséquent, la "culture écrite et la santé démocratique de l'Espagne" elle-même sont également compromises.
Les internautes hispanophones, les premiers au monde en matière de piratage
L'étude "Observatorio de la sostenibilidad de la cultura escrita" préparée par l'association qui gère les droits de propriété intellectuelle des auteurs et des éditeurs de livres, de magazines, de journaux et de partitions de musique détaille que les visites de pages illicites qui partagent des contenus éditoriaux ont augmenté de près de 60% au cours de l'année dernière. La tendance est à la hausse depuis 2017, ce qui a été exacerbé par l'expansion croissante des applications de messagerie instantanée et des réseaux sociaux : WhatsApp, Telegram, Twitter, Facebook....
Les internautes hispanophones (espagnols et latino-américains) sont les premiers au monde en matière de piratage: ils consomment 15% de contenus illicites de plus que le reste du monde.
Une exclusivité d'une revue "people" piratée
Le cas le plus récent et le plus frappant est celui du grand magazine espagnol "¡Hola!", dont son dernier numéro a fait l'objet d'un piratage massif concernant l'exclusivité de la couverture du mariage de Tamara Falco, la fille d'Isabel Preysler, dont toute l'Espagne parlait depuis des mois. Selon l'AMI (Asociación de Medios de Información), le magazine Hola a subi "le plus grand acte de piraterie de l'histoire de la presse en Espagne" après avoir payé un million d'euros aux mariés et ce, malgré toute leur précaution. Un simple pdf du magazine a fait le reste.
Le responsable de CEDRO a reconnu qu'au cours des dernières années, ils n'ont pas réussi à fermer les groupes qui partagent des contenus illégaux sur cette plateforme: "Nous aurions besoin d'une plus grande collaboration de la part de la plateforme ou, si nécessaire, d'un soutien législatif à l'instar de ce qui a été fourni aux détenteurs de droits en Italie".
Pourquoi tant de piratages des contenus en Espagne?
Selon CEDRO, il s'agit principalement d'une question de facilité. Il est si simple d'obtenir des livres ou des journaux piratés via WhatsApp ou Telegram que beaucoup le font, même en sachant que c'est mal. D'autres fois, parce que les gens ne savent pas comment identifier si un contenu particulier est légal ou non. Quoi qu'il en soit, et contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, cela n'a rien à voir avec le niveau de revenu des utilisateurs ou leur demande culturelle: selon le rapport, plus le niveau de culture et la richesse sont importants, plus le piratage l'est aussi.