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RELIGION - Que pèse l’Eglise catholique en Espagne ?

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 17 février 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Alors qu'au sommet, elle donne toujours de la voix, la jeune génération la trouve de plus en plus has been. En août, la cité madrilène accueillera les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). Etat des lieux le 14 février, lors d'une conférence à l'Institut de France, à Madrid

(Photo photogen.com)


"Lorsqu'un pays se modernise et que la loi ne descend plus du ciel, il est inéluctable que les grandes religions affichent une perte de vitesse", estime Danièle Hervieu-Léger¹, de l'Ecole des Hautes études en sciences sociales, lors d'une conférence à l'Institut français de Madrid. "C'est ce qui s'est passé dans les années 1960-1970 en Europe occidentale et c'est ce que vit en retard l'Espagne". Aujourd'hui, 56% des moins de 35 ans considèrent que le message de l'Eglise ne peut plus rien apporter à la société espagnole.
Pourtant, "le religieux a été un levier à la dictature franquiste", analyse Feliciano Montera Garcia², professeur d'histoire contemporaine à l'université madrilène d'Alcala de Henares. "Après la Guerre civile, les Catholiques ont, certes, eu recours à la conversion massive et forcée. Mais ensuite, de par le Concile Vatican II, ils ont participé à l'autonomie politique".

Une même foi, deux stratégies
Si l'Etat ibérique verse chaque année 140 millions d'euros à son Eglise, de l'autre côté des Pyrénées, les ressources manquent. "Tant humainement que financièrement, l'Eglise française est pauvre", certifie Danièle Hervieu-Léger. "Il reste à peine 6.000 prêtres pour plus de 60 millions de Français. Et les candidats ne sont pas nombreux".
L'Espagne, qui a reçu la visite du Pape Benoît XVI en novembre 2010, est à la fois très attachée à ses traditions chrétiennes (58% de la population, selon un sondage Ifop pour le journal La Croix et en avance sur des questions telles que le mariage homosexuel.
Il n'empêche que lorsqu'il s'agit de dépénaliser l'avortement, l'Eglise n'hésite pas à hausser le ton, contrairement à son homologue tricolore "qui serait alors lâchée par toute l'opinion publique, y compris ses propres fidèles", garantit Danièle Hervieu-Léger. La loi autorisant l'interruption volontaire de grossesse a finalement été votée en février 2010, malgré la vive opposition des secteurs catholiques et conservateurs.  

Mathilde BAZIN (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 17 février 2011

¹ Catholicisme, la fin d'un monde, Bayard Culture.
Le pèlerin et le converti, Flammarion.

² La accion catolica y el franquismo, Uned. Universidad nacional de educacion a distancia.
La secularizacion conflictiva, Biblioteca nueva.

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Publié le 17 février 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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