En huit années d'existence, le Projet Niger a largement fait preuve de son efficacité, assurant notamment la fourniture annuelle de matériel scolaire à plus de 2000 élèves nigériens, permettant la construction d'une salle de classe et d'un dispensaire, développant le micro crédit auprès d'une soixantaine de familles. La collecte des fonds et la sensibilisation des familles européennes aux problématiques du village de Tessa, Niger, a fonctionné.
Mais au-delà du succès indéniable de l'initiative de Christian Moreau en termes d'action solidaire, le Projet Niger constitue aussi une réussite pédagogique : 175 élèves participent, cette année en Europe, à la correspondance avec leurs 175 camarades africains. Cet échange épistolaire ne se limite pas à un simple exercice de style : l'implication des enfants participant au projet est, en classe, quotidienne et multidisciplinaire. A la maison, hors du contexte scolaire, et souvent de nombreuses années plus tard, l'apprentissage de la solidarité et la découverte de la culture de l'autre demeurent profondément ancrés dans l'esprit des élèves.
"Je pars du principe que lorsqu'on enseigne, on transmet de l'humain et des valeurs humaines qui touchent les élèves", explique Christian Moreau, professeur de CE2. " C'est à travers cette sensibilisation, que j''invite les enfants à travailler". Dans la salle de classe, qui contient une multitude d'objets et d'ustensiles rapportés du Niger, un recoin spécial comporte un tapis avec calebasses et mortiers servant à piler le mil. Les enfants font la démonstration de leur usage, rapportent d'autres bibelots des quatre coins de la pièce, s'attardent en anecdotes africaines et autres contes exotiques. "C'est ici que j'emmène les élèves lorsque je n'arrive pas à les faire travailler à leurs tables", explique Christian. "Quand ils sont assis sur le tapis, ils sont capables de s'intéresser à n'importe quelle matière". Et d'ajouter : "Tout apprentissage est lié à l'émerveillement. L'émerveillement, c'est la base du désir".
En lien avec le Projet Niger, on citera notamment la rédaction des correspondances, permettant la pratique du français, le calcul des fonds collectés et les applications mathématiques qui en dérivent, la contextualisation du village de Tessa et les perspectives géographiques qu'elle sous-entend… Mais aussi, comme mis en pratique récemment, la construction d'un four solaire puis la réalisation de ses plans, destinés aux copains de Tessa, pour qu'eux mêmes puissent le fabriquer chez eux.
Huit ans après, Pablo, 16 ans, participe spontanément, chaque année, à la vente des calendriers permettant de collecter les fonds pour le Projet Niger. "On reconnaît tout de suite les élèves qui sont passés par la classe de monsieur Moreau", témoigne-t-il. "Ils ont quelque chose de différent".
"Le Projet Niger m'a aidé à comprendre qu'il ne faut pas être raciste", commente Aurélien, 11 ans. "Cela m'a aidé à réaliser qu'on est tous égaux, que l'on n'est pas différents pour une question de couleur de peau". "On a mis la lumière à Tessa, ça m'a impressionné qu'on puisse le faire avec des panneaux solaires, écologiquement" s'enorgueillit-il encore, tandis que Pablo rapporte : "On est fiers de voir le chemin parcouru depuis que l'on a participé, la première année".
Les parents adhèrent, "à 200%". "Cela a été le prétexte pour évoquer de nombreux sujets sociaux, à la maison", confirme Etienne, papa de Gaël, 10 ans. "C'est un âge clé, pour s'intéresser à ces problématiques, avec le langage de l'enfant", ajoute Cyrille, père d'Elora, 11 ans, "une expérience extrêmement forte, dont on continue de parler ensemble". Et les parents, unanimes, de souligner :"Les bases ont été posées pour toute la vie".
Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com – Espagne) mardi 11 mai 2010
Le Projet Nigerest devenu, depuis le mois de décembre 2009, une association espagnole à but non lucratif. http://projeteducatifniger.org/
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