Avec plus de 6.300 signalements en octobre, la Vespa velutina connaît une inquiétante recrudescence en Galice. En quinze jours, trois personnes ont perdu la vie après des piqûres de frelons asiatiques, ravivant les craintes face à une espèce invasive qui s’impose désormais comme un enjeu majeur de santé publique en Espagne.
La Galice est en état d’alerte. En quinze jours, trois hommes ont été tués après avoir été attaqués par des frelons asiatiques, ces Vespa velutina venues d’Asie qui se sont désormais installées dans le paysage galicien. Les drames, survenus à Lugo, Pontevedra et La Corogne, ont choqué une région pourtant habituée à leur présence. Cette fois, le danger s’étend hors saison : alors qu’ils devraient être en sommeil, les frelons restent anormalement actifs en plein automne.
Selon la Xunta, plus de 6.300 signalements ont été enregistrés en octobre, un record à cette période de l’année, alimenté par un climat anormalement chaud et sec. « Les reines survivent désormais aux hivers », alerte Natalia Prieto, directrice générale de l’administration locale. « Nous observons des spécimens bien au-delà des périodes habituelles, ce qui montre à quel point cette espèce s’adapte à notre environnement. »
La Vespa velutina, qui s’attaque aux abeilles et s’installe volontiers près des zones habitées, semble aujourd’hui profiter du réchauffement climatique pour coloniser la Galice sans interruption saisonnière. Une évolution qui inquiète autant les apiculteurs que les autorités sanitaires.
En Galice, la bataille contre le frelon asiatique se poursuit sur tous les fronts
Depuis janvier, plus de 19.000 nids ont été détruits en Galice, principalement dans les provinces de Pontevedra et La Corogne, et 230.000 reines capturées – deux fois plus que l’an passé. Face à cette prolifération, la Xunta maintient son plan de lutte à 1,7 million d’euros, combinant pièges sélectifs, formation d’équipes spécialisées et campagnes de sensibilisation.
Le dispositif, en place depuis 2020, a permis de retirer plus de 131.000 nids au total. Mais sur le terrain, la tension ne faiblit pas. Dans les campagnes galiciennes, les apiculteurs constatent une pression constante sur leurs ruches, mises à rude épreuve par les attaques répétées.
« Il y a une recrudescence massive, les ruches sont sous pression », alerte Marita Puga, présidente de l’association galicienne d’apiculture (AGA). « Le problème n’est plus seulement écologique : c’est un problème de santé publique. »
Le risque mortel du frelon asiatique
S’il n’est pas d’un naturel agressif, le frelon asiatique peut devenir redoutable dès qu’il se sent menacé, surtout lorsqu’un nid est dérangé. Son venin, plus concentré que celui du frelon commun, peut provoquer un choc anaphylactique fatal chez les personnes allergiques. Et même sans allergie, plusieurs dizaines de piqûres suffisent à provoquer une intoxication grave, voire un arrêt cardiaque, préviennent les toxicologues.
En Galice, les trois victimes récentes ont été attaquées alors qu’elles travaillaient en extérieur, tronçonneuse ou débroussailleuse à la main. Le bourdonnement des moteurs, les vibrations, les mouvements brusques : autant de signaux perçus comme des agressions par ces insectes. Le danger est d’autant plus grand que leurs nids, souvent cachés au ras du sol ou entre les buissons, passent inaperçus.
Le changement climatique en cause : Arrivé en Espagne depuis la France en 2010, le frelon asiatique s’est rapidement propagé dans le nord du pays. La Galice, qui a détecté sa présence dès 2013, est aujourd’hui l’une des régions les plus touchées. Les automnes plus doux et les hivers moins rigoureux favorisent sa survie et prolongent sa saison d’activité.
Un combat coûteux et complexe pour l’Espagne
Chaque année, l’Espagne consacre près de 2,5 millions d’euros à la lutte contre le frelon asiatique. Le guide national publié par l’ANECPLA — l’association des entreprises de santé environnementale — préconise une destruction encadrée des nids, un piégeage sélectif des reines et la formation du personnel local. Mais sur le terrain, les moyens manquent cruellement.
« Chacun essaie de se débrouiller comme il peut », déplore Marita Puga, présidente de l’association galicienne d’apiculture. « Tant qu’on n’interviendra pas aussi dans les zones boisées, le problème persistera. » Les autorités, elles, rappellent une consigne simple : ne jamais manipuler les nids et signaler leur présence via le numéro d’urgence 012.
Prédateurs naturels des abeilles, les frelons asiatiques continuent de décimer les ruchers et d’inquiéter les habitants des campagnes. Avec un climat qui se réchauffe et une espèce capable de s’adapter à tout, la Galice pourrait bien être le théâtre d’une bataille durable pour la biodiversité… et pour la sécurité humaine.
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