Alors que les Français d'Espagne sont nombreux, expatriés, étudiants, employés, professeurs, chefs d'entreprises, et parfois même touristes, les Espagnols en France sont à ce jour plus de 215.000. Principalement installés dans les grandes villes françaises, cette communauté s'active et s'entraide à tous les niveaux, à la manière dont nous le faisons dans la Péninsule. Et surtout via les réseaux sociaux. Détour par la toile, de l'autre côté du miroir, zoom sur les acteurs qui animent la communauté espagnole de France.
(Photomontage à partir d'un cliché CC Guillaume Cattiaux)
On ne compte plus le nombre de blogs, de pages Facebook, de comptes Twitter destinés aux Espagnols partis chercher une vie meilleure en France. D'un réseau de soutien favorisant leur intégration, tant dans la recherche d'un emploi que d'un logement, au réseau solidaire qui fournit une palette de bonnes adresses culturelles et de bons plans à ne pas rater? Les guides en tout genre ne manquent pas. Au point même qu'il est parfois difficile de savoir où donner de la tête. ?Il n'y a pas un groupe mais des groupes en fonction des besoins, du profil de chacun, mais il y a également plusieurs organismes, la Chambre officielle de Commerce d'Espagne en France (COCEF) qui organise des ateliers et des conférences, l'Institut Cervantes et puis différents groupes sur les réseaux sociaux? explique Maria Luisa fondatrice du blog ?Mi guía de París?.
Finalement, si les motifs sont différents les règles de l'expatriation restent les mêmes et passent inévitablement par l'intégration. Et pour ce faire, les réseaux sociaux restent un moyen privilégié. Voici notre sélection de ces groupes qui revisitent la sphère du community management dans le but d'animer, autrement, toute une communauté d'expatriés.
Premiers pas en France : ces guides de l'intégration
Même si ce n'est pas l'objectif de son blog, Maria Luisa affirme que souvent dans des commentaires on lui demande des informations concernant les logements ou l'emploi. Principales préoccupations d'un expatrié qui débarque, pour l'aider à s'intégrer à son nouveau pays qui mieux qu'un expatrié ? Ces bloggeurs amateurs ou professionnels s'inspirent surtout de leurs expériences pour guider les petits nouveaux.
Les groupes Facebook sous le nom d'Españoles en Paris sont souvent des groupes ?pour les jeunes, pour la plupart en Erasmus, qui viennent d'arriver à Paris et qui sont un peu perdus. Ils se retrouvent de temps en temps pour créer un réseau de connaissances? indique Maria Luisa. En bref c'est l'équivalent du groupe Français à Madrid. Parmi les sites cette fois, il y a España en Paris sur lequel on trouve diverses informations concernant les activités qui ont lieu au sein de la communauté espagnole de Paris, comme la journée de la Pulpada, des présentations cinématographiques ou encore des conférences entièrement dirigées vers la communauté espagnoles. A mi chemin entre petit journal d'actualités et agenda, ce site permet également de revenir sur les évènements manqués et ceux à ne surtout pas louper, du gala à la manifestation.
Et puis il y a des associations comme la CAPFERF (Confederación de asociaciones de padres de familias residentes en Francia -Confédération des associations de parents résidents en France) ou la FACEEF (Fédération d'Associations et Centres d'Emigrés Espagnols en France). Plus formelles, plus terre-à-terre, mais qui investissent de plus en plus les réseaux sociaux pour se faire connaître de la nouvelle vague d'expatriés. Pour Xavier Cros coordinateur de la CAPFERF il n'y a pas de doute, cette nouvelle vague fait suite à l'éclatement de la crise économique. Elles organisent des journées d'information ou de travail autour de thèmes précis comme la Sécurité sociale ou l'apprentissage linguistique. Mais surtout elles assurent des cours de langue et de culture espagnole pour les enfants des générations précédentes, nés en France, afin de maintenir un lien culturel avec l'Espagne.
Aller plus loin?.
Face à une information dispersée et peu visible, certains acteurs ont décidé de faire bouger, encore davantage, la communauté espagnole de France. Quand Silvia, à l'origine du groupe ?Españoles en Francia?, est arrivée en France elle a eu du mal à trouver des informations, que ce soit sur les logements, le travail, la protection sociale ou encore les cours de français. Son impression : ?il y a beaucoup de sites et de pages Facebook mais il n'y a pas tout ce dont a besoin un expatrié qui arrive?. Sans oublier le fait que le contenu soit très centrée sur Paris. Installée à Bordeaux, elle a alors décidé de créer un site afin de réunir à la fois l'information disparate et les différents groupes ayant investis les réseaux sociaux. Un groupe d'envergure nationale avec des collaborateurs sur ?Strasbourg, Marseille, Montpelier, Toulouse, Paris, Nantes et Bordeaux?. La petite équipe recherche encore d'autres partenaires, dans la ville de Lyon notamment. L'objectif : guider tout Espagnol confondu prenant la route de l'Hexagone de son départ d'Espagne à son intégration en France. Le guider dans son choix de ville. L'informer sur les plateformes de recherche d'emploi et de logement, ou encore sur les lieux d'apprentissage du français au-delà des instituts nationaux qu'elle juge ?trop coûteux?. Aussi, faire le pont entre les Espagnols déjà installés ou nouveaux arrivants.
Dans la même veine, il existe une plateforme française rédigée entièrement en espagnol et destinée à la communauté espagnole de France, Red Francia, qui s'annonce comme le premier réseau social sur la France, en espagnol. Encore en cours de création, le site met à la disposition de ses utilisateurs des cours de français en ligne, des conseils pour rédiger un CV ou une lettre de motivation en français mais aussi des offres d'emplois. Il est également possible de créer des groupes privés autour de thèmes choisis ou encore de discuter via un forum commun.
Culture française, regard espagnol
Mi guía de París, rédigé dans la langue de Cervantes, est donc un blog pour tous les Hispanophones et Espagnols vivant à Paris, explique Maria Luisa sa créatrice. Si elle considère qu'il s'agit d'un blog personnel, son cyber-trésor affiche déjà 37.267 visites à son compteur. On y trouve toute sorte de choses à voir ou à faire sur Paris, de l'exposition en vogue au petit restaurant méconnu du grand public. Dernière perle en date, cours de salsa dans les rues de Paris, aux abords de l'Eglise Saint-Jean de Montmartre. Il foisonne donc de bons plans mis à jour fréquemment, ?deux à trois fois par semaine? précise-t-elle. Pourtant son implication est quotidienne, c'est tous les jours qu'elle met à jour le compte Twitter du blog et son Facebook. ?Je suis assez intéressée par la culture, l'art, je sais plus ou moins ce qu'il se passe à Paris, je bouge beaucoup alors j'ai essayé d'écrire ce que je fais et de le transmettre aux Espagnols qui vivent à Paris ou même aux touristes?, explique cette Espagnole qui a adopté Paris depuis une dizaine d'années maintenant. Pour autant son blog n'a rien d'un blog-journal. Concentrée sur l'animation parisienne, si ce dont elle parle fait partie de sa vie, elle ne raconte pas sa vie à proprement parlé. Actuellement au rythme d'une ?centaine de lecteurs par jour? sur la base d'amis d'amis et du bouche à oreilles, elle garde dans un coin de sa tête l'idée qu'un jour elle pourrait peut-être en attirer bien plus.
Espagnols de France, une communauté en hausse
Il y a les acteurs qui participent à la vie de la communauté et puis il y a la communauté elle-même. Difficile de savoir savoir quels sont les chiffres exacts. Selon les enquêtes de recensement de l'INSEE, les résidents espagnols en France étaient près de 127.714 en 2010. Au premier janvier 2014, les derniers chiffres en date de l'Institut National de la Statistique (INE), basés sur le padrón espagnol, portent à 215.183 le nombre d'Espagnols vivant dans l'Hexagone. C'est ainsi que la France s'est installée au 2e rang, après l'Argentine, du top 3 des pays préférés des Espagnols. Pour sa proximité géographique, pour sa langue comme pour sa situation économique plus stable que celle de l'Espagne, la population espagnole de France ne cesse d'augmenter depuis ces quatre dernières années.
Les profils sont multiples. De la vingtaine à la quarantaine ?il y a d'un côté des gens très préparés avec un niveau universitaire et même de langue très élevé comme des architectes ou des médecins (?) et de l'autre des personnes qui arrivent avec à peine une valise, sans travail ni logement? explique Xavier Cros. Mais le motif de la crise est dans toutes les bouches. Silvia est d'ailleurs arrivée en France ?il y a un an, à cause [justement] de la crise économique?. En France comme en Espagne, il y aussi les étudiants Erasmus qui, venus une année, finissent par rester. C'est le cas de Maria Luisa. ?Ces derniers n'ont pas beaucoup de problème pour s'intégrer, ils sont plongés dans la culture française dès leur arrivée et ont généralement des projets bien définis? affirme le coordinateur de la CAPFERF.
Laura LAVENNE (www.lepetitjournal.com ? Espagne) mercredi 26 mars 2014
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