Le mot est sur toutes les lèvres d’autant que le Covid-19 est omniprésent dans les médias, alimentant encore la psychose. Pedro Sánchez a exclu pour l’instant un 2e confinement général, même s’il a précisé "qu'aucune porte ne peut être fermée". A Madrid, en revanche, l’étau se resserre.
La crise sanitaire provoquée par le Coronavirus s’accélère. Le nombre total de patients depuis le début de la pandémie vient de passer largement la barre des 700.000 en Espagne, pays qui détient le triste record de contagion en Europe. Le nombre de cas de Covid-19 s'y est répandu beaucoup plus rapidement que chez ses voisins.
Le centre de référence de l'Union européenne pour le contrôle des maladies infectieuses, l’ECDC (Centre Européen de prévention et de Contrôle des Maladies) surveille de près l’Espagne. Mais pas seulement le pays dans son ensemble, également toutes les communautés autonomes. Et l'Espagne ne s'en sort pas bien.
Toute l’Espagne est au rouge sauf les Asturies
L’ECDC a ainsi averti que le risque actuel de contagion de la pandémie est non seulement très élevé et préoccupant à Madrid (avec un taux d’incidence de 721 cas pour 100.000 habitants), mais aussi dans le reste des communautés autonomes : toutes, à l'exception des Asturies, sont actuellement au plus haut niveau de danger selon ses critères.
L’organisme européen considère en effet qu'un pays est en grave difficulté s'il a enregistré plus de 120 cas de coronavirus pour 100.000 habitants au cours des 14 derniers jours. Or, ce taux d’incidence atteint 320 en Espagne, loin devant la France, avec 204,5; le Portugal, 86,8; le Royaume Uni, 81,8; l’Italie, 34,7 ou l’Allemagne, 27,3.
Face à cette situation, les voix pessimistes ne manquent pas pour mettre en garde contre un nouveau confinement de la population. En termes économiques, une telle décision précipiterait une nouvelle cascade de faillites et de licenciements qui finiraient sans aucun doute par ruiner l’économie de l’Espagne déjà mal en point, avec une chute historique du PIB.
Israël, le premier à reconfiner
Dans cette lutte entre sauver des vies et sauver l’économie, le Royaume Uni a pour l’instant remis à plus tard un deuxième confinement qu’elle préparait. Le ministre de la Santé le réclame alors que celui des finances menace de démissionner s’il y a fermeture du pays. Cependant, l’idée qu'il n'y a pas de risque de nouveau confinement parce que cela serait préjudiciable à l'économie n'est pas vraie. Ainsi, Israël a été contraint il y a dix jours de se reconfiner pour d'une durée de trois semaines et ce, à la veille d’importantes fêtes juives. Un coup dur pour la fragile économie de l’Etat hébreu, qui est le premier pays au monde à s’être "reverrouillé".
Le 31 août dernier, l’OMS avait prévenu que le retour à l’école et au travail devait se faire en toute sécurité et que "rouvrir sans contrôle était la recette du désastre". En ce sens, une étude du Harvard Global Health Institute, en collaboration avec de grandes entreprises américaines, prescrivait de ne pas rouvrir les écoles dans les zones rouges où se produisent plus de 25 cas par jour pour 100.000 habitants. Or, suivant ce guide, plus de la moitié de l'Espagne se trouvait en zone rouge ou orange au moment de la rentrée des classes.
Un tiers des foyers provient des écoles
En outre, le dernier rapport épidémiologique du ministère français de la santé montre que le pourcentage de "clusters" produits dans le milieu scolaire et universitaire est passé en une semaine de 22 à 32%. Il n’y a malheureusement pas de chiffres homogènes en Espagne, mais la Communauté de Madrid a indiqué qu’un tiers des nouveaux foyers provient précisément du milieu scolaire.
En ce qui concerne les raisons les plus optimistes qui permettraient de penser qu’il n’y aura pas de confinement général, jusqu’ici, il y a eu moins de patients hospitalisés. La majorité des personnes positives sont restées chez elles, soit parce qu'elles étaient asymptomatiques, soit parce que leurs symptômes étaient relativement bénins.
Les hôpitaux mieux préparés
Au cours des mois de mars et d'avril, entre 80 et 90 % des contagions signalées par les autorités se sont retrouvées à l'hôpital. Par conséquent, la pression sur le système hospitalier est désormais beaucoup moins forte, ce qui lui permet de s'adapter plus facilement à l'évolution de la pandémie grâce à des plans tels que le déploiement d'hôtels médicalisés, de programmes de soins à domicile, etc.
Il est vrai que le profil des personnes infectées cet été est bien différent. Il s’agissait souvent de jeunes gens dont le système immunitaire traite avec plus de succès l'agent pathogène. Et bien que la pression hospitalière soit toujours inférieure au niveau de mars dans l'ensemble du pays, les nouvelles admissions dans les hôpitaux et les unités de soins intensifs ont augmenté. Par ailleurs, il se produit une hausse de la circulation du virus chez les plus de 65 ans.
Plus de PCR
La grande différence entre cette deuxième vague et celle de mars est que le nombre de cas PCR est désormais beaucoup plus élevé qu'auparavant : si en mars, entre 10 et 20% des cas étaient détectés, ils sont maintenant environ 70%. Il y a un volume beaucoup plus important de cas détectés (même s’il y a des faux positifs) et l’avantage est que plus de cas asymptomatiques sont détectés. En outre, il semble que la détection précoce empêche l'apparition de cas plus graves.
Dans l’ensemble, les chiffres sont loin d’être comme au mois de mars, mais ils commencent à s’en rapprocher. Juan Antonio Alguacil, le président de l'Association espagnole des professionnels de services funéraires, a ainsi récemment demandé à la population de suivre à la lettre les gestes barrières pour "ne pas les aider à travailler plus" ! Il s’est montré particulièrement inquiet car, selon les calculs de son association, le nombre de décès par Covid-19 a augmenté et "se situe déjà aux niveaux de fin avril, début mai".