Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Espagne: Les plus grands coups de poker de Pedro Sanchez

Pedro Sánchez vient d'annoncer qu'il ne démissionne pas. Tout au long de ces années, on peut dire qu'il a suivi à la lettre son livre "Manuel de résistance", en multipliant les coups d'éclats et rebondissements que personne n'attendait, pas plus du côté des siens que de ses adversaires politiques. Petit rappel des principaux coups de poker qui lui ont permis de résister jusqu'ici.

Pedro Sanchez-investiture_Congreso diputadosPedro Sanchez-investiture_Congreso diputados
Pedro Sanchez, lors de son investiture / Congreso diputados
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 29 avril 2024

Un PSOE aligné autour de son leader

Encore une fois, Pedro Sanchez a surpris l'Espagne -et cette fois le monde entier- avec la publication de sa lettre de 4 pages sur les réseaux sociaux.  Il aura fallu attendre 5 jours pour connaître sa décision: Il reste à La Moncloa. Alors que son gouvernement est de plus en plus affaibli, dépendant du bon vouloir des indépendantistes – il n'a même pas pu voter le budget de l'Etat- et que les reproches au sein du parti socialiste se multiplient, Pedro Sanchez a su rassembler autour de lui tout son parti, même les plus critiques depuis l'annonce de l'amnistie. Pendant 5 jours, les messages de soutien se sont multipliés et le PSOE est aujourd'hui un parti aligné autour de Pedro Sanchez, son leader incontesté et incontestable.

 

Couverture du livre de pedro sanchez "manuel de resistance"

 

Pedro Sanchez n'en est pourtant pas à son premier coup d'éclat. L'auteur -avec Irene Lozano- de "Manual de resistencia" est un habitué des rebondissements et coups de poker qui lui ont permis de survivre politiquement.

La chute de Pedro Sanchez en 2016 et son retour triomphal

Il s'agit sans aucun doute de l'épisode le plus sombre de sa carrière politique. Suite aux mauvais résultats électoraux de 2015 (90 députés) et 2016, (le score le plus bas, avec 85 députés) Pedro Sánchez démissionnait le 1er octobre 2016 de son poste de secrétaire général du PSOE après avoir été mis en minorité lors d'un comité fédéral du PSOE particulièrement houleux. Reparti de zéro et banni de son parti, Pedro Sánchez organise, comme simple militant de base, un tour de l'Espagne à bord de sa célèbre Peugeot 407, pour entamer, tel le Phoenix, une résurrection. Elle arrivera en effet huit mois plus tard lorsqu'il bat Susana Diaz aux primaires socialistes.  Avec tous les "barons" toujours contre lui, mais soutenu par la base, Sanchez récupère ainsi la direction du parti.

 

Pedro sanchez apres sa victoire aux primaires du PSOE en 2017
Pedro sanchez apres sa victoire aux primaires du PSOE en 2017 /CC

 

Un an après, sa motion de censure triomphe

La seule motion de censure qui ait triomphé en Espagne est la sienne, lorsqu'en 2018 il a renversé le gouvernement de Mariano Rajoy, avec le revirement surprise du PNV qui avait jusque-là soutenu Rajoy. Sanchez est arrivé à la Moncloa en promettant de convoquer des élections au plus tôt, mais elles n'auront lieu que presqu'un an après.

 

Mariano Rajoy felicite Pedro sanchez, nouveau président du gouvernement
Mariano Rajoy felicite Pedro Sanchez, nouveau président du gouvernement /Moncloa

 

L'accord surprise avec Podemos

Les relations avec le parti Ciudadanos étaient relativement bonnes et tout semblait indiqué que les deux partis finiraient par gouverner en coalition. Mais les relations ont été rompues avec la motion de censure et le rapprochement de Pedro Sánchez avec les groupes indépendantistes. En outre, alors que Pedro Sanchez affirmait qu'il "ne dormirait pas tranquille avec Podemos au gouvernement", il change d'avis et ce qui avait été impossible en cinq mois le devenait en 24 heures: Pedro Sanchez signe un accord avec Pablo Iglesias et le premier gouvernement de coalition PSOE-Podemos voit le jour.

 

Sanchez et Pablo Iglesias
Pedro Sánchez et Pablo Iglesias lors de la présentation de l'accord de gouvernement le 12 novembre 2019/CC

 

Des élections générales surprise

Il y a un an, le 28 mars 2023, le PSOE rencontre un échec retentissant lors des élections municipales et régionales, qui se sont traduites par une Espagne peinte en bleu, les couleurs du PP. Alors que les critiques fusent à nouveau contre Sánchez, il annonce le 29 mars qu'il avançait les élections générales. Il s'agit peut-être de la manœuvre la plus risquée de Sanchez à ce jour, puisqu'en juillet, il n'a finalement pas gagné les élections, mais a fini par obtenir l'investiture grâce à une série de pactes avec tous les partis nationalistes au Congrès des députés, en particulier avec Junts.

De l'extradition à l'amnistie pour Puigdemont

Si, avant d'arriver à La Moncloa, Pedro Sanchez affirmait que son objectif était de ramener Carles Puigdemont pour qu'il soit jugé, les exigences de plus en plus élevées de l'indépendantisme catalan au Congrès ont contraint le PSOE à changer de discours. Le gouvernement de Sánchez a d'abord grâcier les dirigeants du procès en juin 2021. Cette mesure a été suivie par l'élimination du délit de sédition et la réduction du délit de détournement de fonds. Enfin, après les dernières élections, Pedro Sanchez a plus que jamais besoin des votes de Junts et l'amnistie est donc finalement votée (et devrait entrer en vigueur courant mai), ce qui devrait permettre le retour de Puigdemont en Espagne dans quelques mois.

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions